Antoine Manessis
"Les convois de la liberté" sont des mouvements hétérogènes.
Cela a été dit et répété. Comme les gilets jaunes. Divers et traversés de contradictions. Aux participants de donner une tonalité dominante. Et comme l'a dit hier JL Mélenchon : "Voici ces “convois de la liberté” sur lesquels, de nouveau, recommencent la propagande, les injures, le mépris."
Que voit-on ? Des gens se mettre en mouvement pour le pouvoir d'achat et contre le pass vaccinal. Des gens qui expriment de façon parfois confuse mais combattive leur ras-le-bol d'une politique qui les prive de leurs services publics, démontés avec acharnement, pierre par pierre par un grand capital avide de faire main basse sur tout, de transformer toute chose en marchandise.
On peut regretter l'époque où de grands syndicats de lutte menaient la danse et où les grandes organisations ouvrières étaient capables d'orienter ces mouvements, de donner une structure et une orientation aux initiatives spontanées des masses. Mais le rétroviseur ne permet que de regarder derrière et la nostalgie d'un temps passé mythifié ne fait pas avancer les choses, au contraire. "Les convois de la liberté" sont à la fois l'expression de la déstructuration du monde populaire mais aussi de sa combattivité.
"Les convois de la liberté" arrivent à un moment où le pouvoir, contraint par les échéances électorales et des prévisions de plus en plus volatiles, est hésitant : frapper, matraquer avec le sympathique successeur de Maurice Papon à la préfecture de Paris ou céder en faisant semblant d'être à l'initiative des choses. Souvent il fait les deux à la fois, ce qui ne fait qu'augmenter la détestation qu'il inspire aux classes populaires.
Par ailleurs, les tentatives de récupération partisanes de ces mouvements échouent assez généralement. Les gens ne sont pas dupes et le rejet des appareils politiques discrédités est tel que les guignols du genre Philippot ou Dupont-Aignant, malgré leur activisme, n'en tirent aucun profit.
L'espoir que porte ces mouvements, c'est qu'ils fassent le lien entre leurs attentes, leurs revendications et une sortie politique possible. Pour cela, ils ne doivent déserter aucun terrain de lutte y compris le champ électoral. Soutenir et participer à la dynamique de l'Union Populaire, y compris pour contrôler la bonne application de son programme qui répond globalement à leurs exigences de justice sociale. Cette synergie pourrait s'imposer à leurs réflexions, leurs permettant de combiner l'autonomie des mouvements sociaux et l'efficacité constructive que donnent l'organisation et un débouché politique.
Comme l'a dit Alexis Corbière "Les convois de la liberté sont l'expression de la colère sociale". À ses participants d'en faire aussi l'expression d'une espérance.
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