dimanche 4 juin 2023

Ni 49.3 ni 40 : ripostons le 6 juin

Antoine Manessis

La Macronie croît en autoritarisme et Emmanuel Macron théorise cette dérive ultra-droitière.

Article 40. Qui permet l'irrecevabilité d'un projet de loi si il entraîne "toute création ou aggravation d’une charge publique". Si cet article était appliqué avec des œillères, on se rend tous compte (sans jeu de mots) qu'aucun projet ou proposition de loi ne serait admissible puisque quasiment toute mesure amène des dépenses de la part de l'Etat. 

Manœuvres insensées à L'Assemblée nationale. Déclaration de guerre aux élus du peuple de l'opposition de gauche. Pressions sur les députés. Divagations des leaders de la Macronie, première ministre et présidente de l'Assemblée nationale comprises. "Inconstitutionnel" serait l'abrogation de l'article de la contre-réforme des retraites qui fixe l'âge de départ à la retraite à 64 ans. Abrogation proposée par le groupe LIOT (des parlementaires non-inscrits aux grands groupes et assez hétérogènes).

En fait, la volonté du gouvernement n'est pas d'empêcher l'abrogation de sa loi. Si la proposition de LIOT était votée, le Sénat où les droites macronienne-LR sont majoritaires, bloquerait le processus législatif et donc l'abrogation. Non, ce que ne veut pas la Macronie, c'est qu'un vote ait lieu à l'Assemblée nationale qui montrerait que le pouvoir y est minoritaire. 

Il a échappé au vote avec le 49.3 et des magouilles plus ou moins légales et en tous les cas frappées d'illégitimité. Et il ne veut pas que le peuple constate qu'au sein même des institutions qu'il prétend défendre, il est battu. Ce serait à ses yeux un encouragement trop fort pour les luttes et une légitimation supplémentaire pour elles.

Macron craint les effets d'une telle expression démocratique de "la représentation nationale".

Mise à jour du caractère anti-démocratique de la réforme de l'exécutif, de sa minorité à l'AN et du viol de la volonté populaire que le mouvement social a démontré et que les sondages ont unanimement confirmés: voilà ce qu'ils tentent de cacher.

Crise démocratique répondent les syndicats, la gauche et de plus en plus de commentateurs inquiets.

Le président en arrive à contrer sa première ministre, Elisabeth Borne, qui avait dénoncé le RN comme "l'héritier de Pétain". Macron déclare en Conseil des ministres "Le combat contre l’extrême droite ne passe plus par des arguments moraux." Tellement provocateur que son ministre de l'économie, Bruno Lemaire, s'est senti obligé de dire "le RN a une histoire et que la première ministre est parfaitement fondée à rappeler cette histoire".

Il faut dire qu'il y a peu le président de la République avait salué, chez le maréchal-boucher de la Grande guerre et le vieux traître fasciste, "le grand soldat". À moins qu'il ne fasse allusion au massacreur des Marocains aux côtés de son bon copain, chef des troupes espagnoles, Francisco Franco, durant la guerre du Rif.

Il avait aussi fait référence, il y a peu devant les députés LREM-Renaissance, à l'idéologue monarcho-anti-sémite, chef de l'Action française, Charles Maurras. Clin d’œil appuyé à l'extrême-droite dont il veut séduire la base en lui piquant ses thèmes, ses mots, ses idées et ses références historiques. Une stupidité politique que Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN avec sa bande d'anciens Kollabos, miliciens et SS français, résumait d'une formule cent fois répétée mais apparemment incomprise par Macron "Les gens préfèreront toujours l'original à la copie". 

Ces contorsions et autres signaux envoyés à l'électorat du néo-fascisme ne font que légitimer le discours de ce dernier. Qu'enfoncer les préjugés racistes dans les têtes défaillantes.

Sur le fait que ce ne sont pas avec des arguments moraux que l'on combat le RN, et même si les arguments éthiques ont leur rôle à jouer dans la lutte anti-fasciste, nous pourrions donner raison au président dans le sens où le RN se combat avec des arguments politiques. Or c'est ce que Macron n'a pas fait, ne fait pas et ne fera jamais. Et il ne peut pas le faire car, dénoncer politiquement le RN, c'est inévitablement dénoncer le capitalisme dont Macron est fanatiquement l'adepte et le serviteur zélé. Ce qu'il faut bien comprendre c'est que Macronie, LR ou RN défendent le même maître, le capital. 

Mais attention, de façon différente et avec des méthodes différentes dont on doit absolument tenir compte. Il ne faut pas sombrer dans un bordiguisme qui a fait tant de mal à la gauche à divers moments de l'histoire et pour qui la démocratie bourgeoise et équivalente au fascisme. Ce serait une faute politique majeure.

Mais combattre efficacement le fascisme c'est montrer sa nature de classe et ses mensonges racistes à travers les luttes. On le voit bien avec le mouvement contre le recul de l'âge de la retraite. Le néo-fascisme est aux abonnés absents, passant son temps à éructer contre les luttes, les syndicats et la gauche. Le Front Populaire a vaincu le fascisme français grâce aux grèves et aux occupations. 

Macron fait l'exact contraire : il prépare une loi contre les immigrés, les migrants et les étrangers pour séduire les racistes. Déjà LR le déborde sur sa droite, et le RN voit là l'occasion de porter le débat politique sur son terrain, bien servi par Macron. On oublie la bataille des retraites et on se concentre contre les Noirs et les Arabes. C'est en cela que Macron fait incontestablement le jeu du RN. Un jeu criminel. Ce que d'ailleurs les élections présidentielles et législatives de 2022 ont démontré puisque le néo-fascsime s'est renforcé sous son règne plus Rantanplan que Jupiter.

Les médias de ses soutiens (99% des médias) nous ont vendu un prince philosophe et l'on se retrouve avec le comptable d'Al Capone, un startupper modelé par une banque, un type dépourvu de toute culture et vision historique.

Face donc aux 49.3 et autres 40, face au déni démocratique macroniste, toutes et tous dans la rue, massivement, le 6 juin prochain ! 

Antoine Manessis

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