mardi 13 juin 2023

Pour tous les enfants du monde

Antoine Manessis

L'abomination. Un geste horrible et abominable a eu lieu à Annecy. Un individu a poignardé des enfants. Des tout petits, deux ou trois ans. Quatre enfants et deux adulte blessés. Deux enfants sont entre la vie et la mort. L'horreur.

Arrêté par la police, l'agresseur présumé est un Syrien de 32 ans qui a demandé l'asile en France où il vivait depuis sept mois. Précédemment il avait obtenu l'asile en Suède où il avait vécu 10 ans. Il s'est déclaré "chrétien de Syrie" selon des policiers. 

La qualification du caractère terroriste ou non de l’attaque est en cours d’évaluation.

"Comment est-ce possible ? Attaquer des petits ! Les frapper avec un couteau ! Notre cœur est en miettes à devoir le vivre. Aux enfants notre affection douloureuse. Aux parents toute notre compassion affligée" a réagi Jean-Luc Mélenchon. Comment dire mieux ? 

L'émotion fait partie de la vie et de ce que nous sommes et nous l'assumons. Mais la raison aussi nous constitue. Comment, pour éviter les pires amalgames, les plus odieuses insinuations, ne pas laisser une place à la réflexion critique ? C'est au contraire notre devoir d'humains éclairés.

Déshonorés

Ainsi les propos du chef des LR Eric Ciotti fait état d'une "immense émotion et grande colère. L’enquête déterminera les conditions, mais il semble que l’auteur ait le même profil que l’on retrouve souvent dans ces attaques. Il faudra en tirer toutes les conséquences sans naïveté, avec force et en lucidité." Un autre de dirigeants LR Bruno Retailleau fait jeu égal avec l'extrême-droite : "Combien de temps allons-nous encore perdre à bavasser plutôt que de prendre les mesures indispensables pour protéger les Français?"

Sous-entendus obscènes. Ces individus devraient être discrédités à vie pour de tels propos, sales, hypocrites et vicieux.

Aurore Bergé, la cheffe du groupe parlementaire Renaissance ose "Être en ce moment dans l'hémicycle avec une espèce de bataille de chiffonniers sur une recevabilité ou non d'amendements nous paraît en total décalage par rapport à l'effroi qui à mon avis submerge notre pays."

Les réactions ont été immédiates: "Instrumentalisation absolument odieuse. La dignité est manifestement incompatible avec le macronisme" dénonce Manuel Bompard (FI). C'est Sandrine Rousseau qui résume le lieux les choses. "Vous reste-t-il un honneur Renaissance ?"

Les néofascistes crachent leur haine et leur racisme "Chaque jour, les Français paient le prix de l'immigration dérégulée et anarchique" dit le RN Laurent Jacobelli. "Encore une monstruosité qui souligne le danger évident que représente l'immigration pour les Français. Réveillez-vous !", avance quant à elle la parlementaire RN Alexandra Masson, reprenant au passage le slogan nazi "Erwart !"

Les vautours, Zemmour et sa bande, se lâchent : "Nos enfants sont en danger de mort et nous regardons ailleurs. Jusqu’à quand?" dit Zemmour dénonçant, halluciné, un "francocide"... Menaçante sa vice-présidente, Marion Maréchal-Le Pen, annonce "L’heure des comptes viendra." 

Bien entendu un crime n'efface pas un autre crime

Mais comment ne pas songer face à de si terribles événements à d'autres peuples, "étrangers et nos frères pourtant", ayant dû affronter des horreurs frappant les enfants.

Ainsi le 12 mai 1996 Madeleine Albright, alors ambassadrice des États-Unis à l'ONU et future secrétaire d'Etat de Clinton (ministre des affaires étrangères des États-Unis), accorde une interview à l'émission de CBS Sixty Minutes. Lors de l’interview, la journaliste Lesley Stahl lui pose une question à propos des sanctions contre l'Irak: "Nous avons entendu dire qu'un demi-million d'enfants* sont morts. C'est plus d'enfants morts qu’à Hiroshima. Cela en valait-il ce prix ?". En réponse Madeleine Albright affirme : "Je pense que c'est un choix très dur, mais le prix -- nous pensons que cela en valait le prix."( I think this is a very hard choice, but the price -- we think the price is worth it.")

À sa mort en 2022 Madeleine Albright fut encensée par nos médias mainstream. Le Monde écrivait "Madeleine Albright comprenait mieux que quiconque le prix de la guerre et de l’exil". Libé : "Albright aura pâti moins de ses idéaux proches des néo conservateurs honnissant les totalitarismes, que de son image de femme érigée pour la première fois à la tête d’une politique étrangère médiatisée à outrance par la Maison Blanche." Les Echos : "Mort d'une grande diplomate du XXe siècle". Le Figaro "Madeleine Albright, adepte d'une diplomatie musclée au nom de la démocratie".

Charly Chaplin faisait dire à son Landru dans le film Monsieur Verdoux (1947) : “Un meurtre fait un bandit, des millions, un héros. Le nombre sanctifie.”

En ce moment où nos pensées vont vers les enfants, les victimes de cet acte innommable et leurs proches, une pensée donc aussi pour tous les enfants du monde ayant subi et subissant encore l'injustice et la barbarie.

* Le chiffre exact est, sur l'ensemble de la décennie 90, de 350 000 enfants irakiens de moins de cinq ans sont morts, d'abord à cause des sanctions, mais aussi à cause des destructions liées au bombardements. 

Source (non islamo-gauchiste) : https://www.huffingtonpost.fr/actualites/article/l-impact-des-sanctions-sur-les-peuples-l-irak-hier-l-iran-aujourd-hui_52014.html

Antoine Manessis

Aucun commentaire: