jeudi 16 mai 2024

Macron déclare « l’état d’urgence » en Kanaky : la répression coloniale se poursuit

Révolution Permanente

Après deux nuits de révoltes qui ont conduit à la mort de trois jeunes kanaks, l’État français veut poursuivre l’offensive en déclarant l’état d’urgence sur l’île. La répression de la jeunesse en lutte pour l’auto-détermination du peuple kanak s’intensifie.

Après qu’Emmanuel macron ait convoqué un conseil de défense ce matin, l’Élysée a annoncé en début d’après-midi la déclaration de l’état d’urgence en Kanaky. Cette mesure d’exception octroie au gouvernement et au préfet des pouvoirs étendus, facilitant l’interdiction de tout rassemblement ou manifestation, ainsi que le recours aux assignations à résidence, aux perquisitions et aux réquisitions de personnes et de biens.

Elle survient après qu’un couvre-feu ait été mis en place dès ce mardi soir pour tenter d’arrêter la mobilisation de la jeunesse kanak qui se soulève depuis deux nuits. Une mobilisation réprimée violemment, la présidence de la république confirmant d’ailleurs la mort de trois personnes cette nuit en Kanaky tout en expliquant, dans la continuité du courrier adressé par Macron aux forces politiques de l’île : « toutes les violences sont intolérables et feront l’objet d’une réponse implacable pour assurer le retour de l’ordre républicain. »

Avec cette annonce ultra-répressive, le gouvernement répond aux demandes formulées par la droite, l’extrême-droite et les forces loyalistes en Kanaky, qui exigent par ailleurs une intervention de l’armée sur l’île. Alors que ces derniers jours, l’État français a envoyé le GIGN, le RAID et la CRS8, la répression coloniale de la révolte, déclenchée suite au vote d’une loi visant à liquider l’influence politique des indépendantistes sur l’île, se poursuit.

Dans le même temps, l’Élysée et Gabriel Attal, qui est intervenu à l’Assemblée nationale en début d’après-midi, appellent à une reprise du « dialogue ». Une tentative de canaliser les mobilisations en cours vers des négociations minées, dans lesquelles le gouvernement et les forces loyalistes seraient nécessairement en situation de force après le vote du dégel du corps électoral.

Ces propositions hypocrites masquent mal la priorité du gouvernement : écraser la mobilisation en cours par une répression brutale et meurtrière. L’annonce convoque à ce titre le souvenir des révoltes des années 1980, dans le cadre desquelles l’état d’urgence avait été déclaré en 1985, et qui avaient abouti au massacre de la grotte d’Ouvéa en 1988. L’offensive rappelle par ailleurs les mesures prises ces dernières annéespour réprimer les mobilisations en Guadeloupe et en Martinique fin 2021 mais aussi contre les révoltes des quartiers populaires de l’été 2023, lors desquelles l’état d’urgence n’avait cependant pas été déclaré.

Face à la répression en cours de la lutte légitime du peuple kanak, le mouvement ouvrier et l’ensemble des forces politiques et associatives opposées au colonialisme doivent faire front en soutien à la Kanaky. 

Non à l’état d’urgence et à la répression brutale en cours, oui à l’auto-détermination du peuple kanak !

Révolution Permanente

Aucun commentaire: