lundi 13 mai 2024

Ni dispersion, ni division, ni abstention

Antoine Manessis

Pendant que d'aucuns présentent des listes d'une vacuité politique totale et que d'autres prétendent boycotter des élections auxquelles il sont en réalité incapables de participer compte tenu qu'ils ne parviendraient même pas à réunir un nombre suffisant de militants pour la constitution d'une liste, soit 81 personnes, la situation sociale, politique et idéologique ne cesse de se dégrader.

Ils annoncent, avoir "dépassé les objectifs de vente" de leur bulletin paroissiale, dans des villes où le ils sont un. Sans doute une tante ou un ami l'a acheté pour faire plaisir. Quant aux "objectifs de vente" ils n'existent tout simplement pas.

Mais cela serait pathétique et rien de plus si, relayant la propagandes des droites, nos grands révolutionnaires ne passaient leur temps à taper sur la gauche réelle et réellement radicale.

Mais aussi taper sur ceux qui leurs sont les plus proches, trotskistes contre trotskistes, stalinoïdes contre stalinoïdes. Quant à l'aile gauche du PCF, elle a rallié les plus opportunistes d'entre eux qui dirigent  désormais le PCF.

Les plus lucides d'entre eux ont fait le bon choix

Besancenot et Poutou  appellent à voter Union populaire de même que RC (rassemblement communiste). Les Communistes Insoumis écrivent : "Il y a cette aspiration à un consentement mutuel à vivre ensemble dans une société qui respecte nos droits pour nous faire être humain. Et cette aspiration correspond bien à ce qu’est le communisme : un mouvement qui abolit l’ordre existant pour contribuer à en faire émerger un autre, meilleur. Mais le communisme n’est pas seulement une idéologie, il a nourri la création de partis politiques qui ont contribué concrètement à faire évoluer notre société. C’est le communisme politique. Ce communisme-là, il n’est plus au PCF, il est à la France insoumise.

Les plus sectaires des groupuscules poursuivent leurs chimères éructant contre les syndicats, la gauche qui prône "la destitution cachée de la République française, et à travers elle du principe de la souveraineté nationale et populaire". Rien que ça. Même si une ligne plus loin nos donneurs de leçon se félicitent que 2,5 millions de gens aient manifesté le 1er Mai...Mais n'est-ce pas les syndicats et la gauche "vendus à l'UE" qui on permis cette mobilisation ?

Mais pour les sectes, l'Union Européenne voilà l'ennemi. En ce qui nous concerne, si l'UE telle qu'elle est n'apporte pas grand chose aux peuples, si elle contribue et participe à la politique globale du capital en Europe, nous estimons qu'il est stupide d'en faire une fixation et une condition sine que non de toute avancée. La Grande-Bretagne et son Brexit nous démontre qu'il n'est nul besoin de l'UE pour que le capitalisme et ses fondés de pouvoir mènent une politique de régression sociale, anti-démocratique et belliciste. Comme la Russie, les États-Unis ou la Chine d'ailleurs... 

De plus, comme toute institution elle est le reflet des rapports de forces qui la traversent. La droite et la social-démocratie cogère l'UE néolibérale. Et la gauche de gauche est trop faible pour orienter l'action de l'UE vers un cap plus progressiste. Mais justement cela dépend de la forces que les peuples donneront à la gauche et ce n'est pas en allant à la pêche le 9 juin ou en votant pour des listes insignifiantes et porteuses d'aucune perspective crédible que la situation changera.

Dire, comme le fait la France Insoumise, qu'un gouvernement progressiste désobéira à ce qui est contraire aux choix majoritaires du peuple est suffisamment clair. Le boycotte et la division, c'est la politique du pire.

Sans compter que les attaques contre "l'euro-gauche" est absurde confrontées aux positions de l'Union populaire et de son programme. On doit aussi tenir compte de l'opinion et rassembler largement sans céder à des querelles inutiles, dogmatiques. Le temps viendra où des choix devront être fait par la majorité du peuple mais cela se fera quand la réalité aura mis cette question à l'ordre du jour. Et elle le fera dans des circonstances que l'on ne connait pas encore, avec des rapports de forces qu'on ne peut pas deviner.

Les choses ne sont pas statiques mais dynamiques, traversées par des contradictions. Le dogme est le pire ennemi de l'intelligence c'est-à-dire de la capacité à faire "l'analyse concrète de la situation concrète". 

Les gens doivent par exemple comprendre pourquoi ils payent l'énergie plus chère et comment s'articule les politiques nationales des capitalistes avec une Union Européenne qui leur sert de coordinateur de ces politiques. Et on doit aussi expliquer que les questions internationales ne sont pas étrangères à notre quotidien : pense-t-on qu'il soit indifférent, à notre vie et au prix de l'énergie, que la guerre en Ukraine ait permis aux États-Unis de capter le marché européen de l'énergie ?

Bref on doit faire de la politique et non réciter des mantras et prendre des postures ridicules, déconnectés de leur traduction concrète. 

Antoine Manessis

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