mardi 11 juin 2024

Dissolution : pour conjurer la crise politique, Macron offre un boulevard à l’extrême-droite

Révolution Permanente

Dimanche soir, le Rassemblement national a arraché la victoire écrasante annoncée depuis des mois.

Avec 31,5% des voix, la liste de Jordan Bardella a obtenu le deuxième meilleur score de l’histoire de cette élection, deux fois supérieur à celui de la liste présidentielle. Alors que Reconquête a de son côté passé la barre des 5%, ce raz-de-marée a été alimenté par les offensives réactionnaires en série, la radicalisation du macronisme et une campagne particulièrement anti-démocratique.

Pour Valérie Hayer et Gabriel Attal, la défaite est brutale et signe l’échec du premier ministre à revitaliser un macronisme en crise profonde et toujours minoritaire à l’Assemblée. Face à la crise politique rouverte par ce résultat, Emmanuel Macron a tenté le tout pour le tout ce dimanche soir, en cédant à l’appel à dissoudre l’Assemblée nationale lancé par Jordan Bardella.

Avec son annonce surprise, le chef de l’exécutif veut provoquer un électrochoc et instrumentaliser la peur de l’extrême-droite et la division de la gauche pour obtenir un Parlement plus gouvernable. Une politique accompagnée de l’annonce tactique que la majorité présidentielle ne présentera pas de candidat face aux forces appartenant à « l’arc républicain ».

Le pari est ainsi clair : tenter de ramener, d’une manière ou d’une autre, des secteurs de la gauche institutionnelle et de la droite dans son giron, à l’issue de législatives sous le signe du « front républicain ». Si ce coup de force pourrait très bien ne pas réussir, il aura nécessairement pour conséquence de renforcer considérablement le poids du Rassemblement national à l’Assemblée.

En concédant la victoire à l’extrême-droite et en cherchant à canaliser l’émotion suscitée par le résultat de ce soir en sa faveur, le gouvernement va ainsi au bout de son rôle de passe-plat de l’extrême-droite. Un choix extrêmement dangereux, et qui annonce une nouvelle poussée réactionnaire, aux conséquences lourdes pour le monde du travail et l’ensemble des opprimés. Face à cette situation, l’urgence est à la riposte.

Après l’annonce, les appels à des « fronts populaires », sur la base d’alliances électorales avec les forces du régime telles les Écologistes ou le PS, se sont multipliés. Le tableau de ce soir, qui a vu le Parti Socialiste renaître de ses cendres après avoir été maintenu en vie par la NUPES, rappelle pourtant combien cette stratégie est une impasse. Plus largement, toute perspective centrée sur la conquête progressive des institutions par les urnes apparaît impuissante face au renforcement historique de l’extrême-droite qui se prépare.

Au contraire, seule la mobilisation des travailleurs et de la jeunesse par en bas et la confrontation avec le régime peuvent offrir une issue à la situation. Face à la crise, il va falloir s’organiser et porter une perspective en ce sens, qui défende l’indépendance de classe face aux impasses électoralistes. Une logique à défendre dans les lieux de travail, les lieux d’études, les quartiers et la rue, mais aussi dans les élections à venir, en cherchant l’unité de celles et ceux qui défendent une telle logique. 

Révolution Permanente prendra ses responsabilités en ce sens dans les jours à venir et participera aux initiatives visant à construire un front par en bas face à la situation.

Révolution Permanente

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