dimanche 9 juin 2024

Envoi de Mirage 2000 à Kiev : une nouvelle escalade dans le soutien militaire à l’Ukraine

Lisa Mage

À la veille de la visite de Volodymyr Zelensky à Paris, Macron a annoncé l’envoi d’avions de combat Mirage 2000-5 à l’Ukraine. Une annonce qui, à quelques jours des européennes, constitue une escalade dans le soutien militaire de la France à Kiev.

Après avoir commémoré les 80 ans du débarquement sur les plages de Normandie pour mieux justifier la surenchère militaire sur le front ukrainien et préparer les esprits à la guerre, Emmanuel Macron s’est invité au 20 heures de TF1 hier soir pour annoncer l’envoi d’avions de combat Mirage 2000-5 à l’Ukraine, mais aussi la formation de soldats ukrainiens par des troupes françaises.

Cet engagement intervient après que les alliés de l’OTAN, dont la Belgique, la Norvège, le Danemark et les Pays-Bas, se soient déjà engagés à envoyer environ 80 chasseurs F-16 en Ukraine. Pour la France, qui s’était pour l’heure refusée à fournir des avions de combat pour des raisons politiques comme matérielles, il s’agit d’un cap supplémentaire dans le soutien militaire à l’Ukraine.

Pas encore de troupes à Kiev, mais des avions de Mirage 2000 pour renforcer l’armée de l’air ukrainienne

Après l’envoi de chars légers et de missiles à longue portée en 2023, l’annonce de Macron s’inscrit comme une escalade. On ne sait pas pour l’heure ni le nombre d’appareil qui seront livrées, ni s’il s’agit des avions qui sont aujourd’hui utilisée dans le cadre de missions de l’OTAN. Ce que l’on sait cependant, c’est qu’ils seront envoyés en Ukraine « d’ici la fin de l’année » et que « les pilotes ukrainiens seront formés en France ». Le chef de l’Etat a également dévoilé que la France comptait former environ 4 500 soldats ukrainiens supplémentaires, sans qu’il ne précise explicitement s’ils seraient formés en Ukraine, comme l’illustre ses projets d’envoyer des instructeurs militaires. Mais cette possibilité reste très présente chez Macron qui affirme que « la question de la formation en Ukraine est demandée par les Ukrainiens et n’est pas un facteur d’escalade », alors « pourquoi l’exclurons-nous ? ».

Cette nouvelle escalade dans le soutien militaire à l’Ukraine s’inscrit dans le cadre de la surenchère militariste de ces dernières semaines, alors que Macron avait déjà fait parler de lui à l’international pour ses sorties « n’excluant pas l’envoi de troupes française en Ukraine ». Cette déclaration suivie par les annonces de l’OTAN, qui a récemment passé un nouveau cap en autorisant l’Ukraine a frapper la Russie directement sur son territoire avec des armes de fabrications occidentales (États-uniennes et française notamment). Une autorisation que Macron appelait de ses vœux depuis déjà plusieurs semaines mais que l’aval des USA a rendu effective.

À trois jours des Européennes, Macron cherche à se redonner une posture de chef de guerre pour retrouver un peu de souffle

Par-delà l’escalade dans le soutien militaire à l’Ukraine, cette annonce est aussi une façon pour Macron de sortir la tête de l’eau à quelques encablures des européennes, en se représentant dans ses habits de chef de guerre. Alors que la macronie s’enfonce dans une crise profonde, dont les 15% d’intention de vote pour dimanche sont l’illustration, il s’agit ainsi d’utiliser la dernière semaine pour tenter de rejouer « l’effet drapeau » qui lui avait permis aux présidentielles 2022 de limiter la casse, et de lui permettre un second mandat. Une tentative désespérée pour s’assurer à minima une deuxième place, et tenter de réduire un tant soit peu la défaite inéluctable ce dimanche.

Empêtrée à l’échelle intérieure, Macron tente ainsi d’internationaliser la dernière semaine de campagne et de recentrer le débat sur l’Ukraine, alors que le saut de la mobilisation en solidarité avec la Palestine le met sur la défensive, ce dont témoigne sa difficile argumentation sur le refus de reconnaître l’Etat palestinien. Cette pression s’est illustrée par l’exclusion de l’industrie israélienne du salon Eurosatory de l’armement qui se tiendra mi-juin. Une concession minime, que le ministère des armées justifie par le fait que « les conditions ne sont plus réunies » dans le contexte de la guerre à Gaza, et qui montre que le mouvement de solidarité avec la Palestine maintient une importante pression sur la France.

Face à cette nouvelle escalade dans le soutien militaire à l’Ukraine, il s’agit plus que jamais de s’opposer au consensus militariste ambiant, qui s’exprime d’autant plus avec les élections européennes, et d’opposer une voie résolument anti-militariste et anti-impérialiste. 

Contre l’escalade militariste et la propagande qui vise à préparer les esprits à la guerre, il nous faut rappeler haut et fort que la classe ouvrière et la jeunesse ne cautionnera pas un seul des milliards d’euros alloué à leurs guerres et leurs massacres.

Révolution Permanente

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