mercredi 12 juin 2024

Le régime est pourri, place à la gauche unie !

Antoine Manessis

Le premier fait massif, central des élections européennes est la défaite gigantesque de la Macronie et de Macron lui-même humilié par un résultat qui le réduit à 14% des électeurs qui se sont exprimés le 9 juin alors qu'il s'est engagé fortement dans la campagne. Engagement forcené et anti-démocratique, digne d'un caudillisme de bas-étage.

Sa tentative de réduire les élections à un face avec face entre Macronie et néofascisme a été un fiasco qui s'est même retourné contre lui tant sont grands le dégoût et la colère contre sa politique anti-populaire à l'intérieur et belliciste et irresponsable à l'extérieur. La morgue de classe du petit marquis, fondé du pouvoir des banques et du capital financier, a mordu la poussière. 

Notons que la participation est de 51% ce qui veut dire, il ne faut pas l'oublier, c'est une donnée incontournable, que la moitié des électeurs n'ont pas voté. 

Le RN néofasciste obtient 31,5% des suffrages exprimés.

La Macronie 14,1%

Le PS -Glucksmann (aile droite de la social-démocratie) 13,8%

L'Union populaire-FI 10%

LR 7,20%

Ecolos 5,5%

Reconquête 5,5%

PCF 2,4%

Même si cela n'a pas d'importance notons que les groupuscules qui avaient présenté des listes que nous appelions "inutiles" sont rayés de la carte, même leurs grand-tantes n'ont pas voté pour eux. Espérons qu'ils cesseront de nous casser les oreilles avec leurs délires, leur Frexit et autre âneries. Les Asselineau et autres Philippot sont ramenés à ce qu'ils sont soit zéro. 

Ensuite face à sa faillite absolue, sa Berezina totale le président de la République a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale. Comme Jordan Bardella l'a d'ailleurs exigé dès les résultats connus. Merci qui ? Celui qui devait faire barrage puis éradiquer le RN était démenti par les faits. Il ne pouvait en être autrement puisque la Macronie a servi de marchepied au fascisme.  Du fait de :

- sa politique anti-sociale violente et agressive,

- son mépris de classe pour les 80% des habitants de notre pays qui refusaient la casse macroniste des retraites et qui ont défilé par millions,

- sa chasse aux chômeurs, ses propos odieux sur les "assistés",

- sa loi immigration dont la matrice était le programme du RN,

- son alignement aux folies guerrières du cacochyme Biden et du bandériste Zelenski,

- son cortège de violences policières contre les pauvres, les racisés, les étudiants, les syndicalistes,

- son colonialisme obsolète contre le peuple Kanak,

- son refus de reconnaître l'Etat de Palestine, décision symbolique et politique élémentaire face au processus génocidaire du fasciste Netanyahou...

Tout cela condamnait et condamne Macron à être le Dolfuss et/ou le von Papen français

Sa responsabilité dans le score énorme des fascismes français, autour de 40% des suffrages exprimés, est incontestable, il est donc totalement et radicalement discrédité pour nous rejouer pour la énième fois le rôle de défenseur de la République dont il est le fossoyeur en chef.

C'est pourtant ce qu'il compte faire.

Le secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné, a dit être prêt à travailler avec tous les responsables politiques "raisonnables". On nous ressort donc le désormais célèbre "Arc républicain". "L'Arc républicain" c'est un concept sans consistance réelle mais propagandiste dont le but est de disqualifier, d' exclure de la légitimité politique la France Insoumise. C'est un slogan maccarthyste qui vise à fabriquer "l'ennemi de l'intérieur". De cet Arc sont exclus, dans un amalgame obscène, le RN et la gauche de gauche, c'est-à-dire la France Insoumise. Hier soir déjà les ténors de la Macronie tonnaient ce qui va être leur mantra durant cette très courte campagne législatives : excluons les extrêmes droite et gauche et gouvernons entre gens "raisonnables" (ça revient sans cesse), le fameux "cercle de la raison" cher à Alain Minc. Ces gens considérant qu'une République sociale est hors raison.

En fait, c'est la reprise du vieux rêve des droites, la théorie de l'omelette dont on coupe les deux bouts (Juppé), celle du projet "deux Français sur Trois" de Giscard d'Estaing, celle d'une union nationale autour de la bourgeoisie comme la guerre de 1914 l'avait permise, baptisée "union sacrée". Sacrée merde, évidemment, puisqu'elle permit de couvrir le grand carnage de masse de la guerre impérialiste.

Les Glucksmann, Delga et toute l'aile droite de la social-démocratie peuvent très bien jouer le jeu de Macron, de même qu'une fraction de la droite LR  sous l'impulsion des Sarkozy ou Gérard Larcher et comme le ralliement récent de Rachida Dati l'illustre. Cela donnerait une Macronie élargie, en droite ligne de son projet de départ. Le politologue Roland Cayrol écrivait dans Courrier international en 2017 "Le macronisme ou l'art de 'couper les deux bouts de l'omelette' "

Mais il faut noter que le résultat de la liste de l'Union populaire (10%) soit à 3 points de la liste Glucksmann ne révèle en rien un changement du rapport des forces entre la gauche de gauche et la S-D par rapport à 2022. Au contraire si on compare avec les élections précédentes, ce n'est pas prendre ses désirs pour des réalités que penser que la FI, quand les gens votent et ne s'abstiennent pas à 50%, aura une avance confortable sur les autres composantes de la gauche.

Ce plan macronien qui se veut une initiative foudroyante et audacieuse digne de Bonaparte au Pont d'Arcole n'est qu'une vieillerie bourgeoise poussiéreuse tentée cent fois mais qui, à part le sanglant episode de 1914, s'est heurté aux réalités de classes, au réalités sociales.

Outre qu'on ne peut même pas exclure une cohabitation RN-Macron comme solution de repli pour Macron si jamais l'apprenti sorcier ratait son coup, on ne peut pas exclure non plus, grâce à Dieu comme disent les marxistes, que la gauche emmenée par sa fraction la plus à gauche, la plus rassembleuse, la plus dynamique, la plus radicale parviennent à s'unir et à vaincre.

L'heure est au combat et il peut être vainqueur. À condition que l'union se fasse autour d'un programme porteur de mesures populaires et sans ambiguïté et que cela se traduise par des candidatures uniques de la gauche dès le premier tour. C'est une condition d'abord politique mais aussi tactique compte tenu du mode de scrutin. D'autre part, il faut s'attendre à une multiplication de candidatures de division et de diversion de la social-macronie (aile de droite du PS environ 50% du parti) qui ne manquera pas de moyens matériels et médiatiques pour la campagne.  

Précisons pour que les choses soient honnêtement exposées, qu'il ne s'agit pas de brailler "Front populaire!" ni même de demander, comme le fait l'ami François Ruffin, que la gauche cesse "ses conneries". Nous ne prétendons pas que la France Insoumise soit exempte d'erreurs et d'insuffisances, loin de là, mais dans la conjoncture qui est la nôtre et après l'épisode d'une année au moins où toutes les forces de droite et nombre de celles de gauche (PCF et PS inclus) ne cessent de s'adonner au FI-bashing, matraquant et insultant les Insoumis, si des "conneries" doivent cesser, ce sont celles des adversaires et des potentiels alliés de la FI. On ne renvoie pas dos à dos les deux gauches même si on refuse de les dire irréconciliables. C'est un peu facile et disons le "populiste".

Donc que vive l'union des gauches sur une base programmatique de rupture avec la Macronie et d'opposition absolue avec le néofascisme. La France Insoumise a fait une première analyse et proposition et les 7 points qu'elle met en avant nous paraissent être rassembleurs et mobilisateurs (voir ci-après). 7 points qui devraient sans trop de difficulté unir toutes les gauches. 

Chacun prendra ses responsabilités et en sera comptable devant les travailleurs et le peuple.

Antoine Manessis 

 


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