mercredi 10 juillet 2024

7 juillet, dix mois de massacres à Gaza : Israël bombarde une école, tue 5 journalistes, fait évacuer un hôpital et le bilan s’alourdit

Agence Média Palestine

Alors que l’on entrait ce dimanche dans un dixième mois de massacres à Gaza, de violentes attaques ont été rapportées ces derniers jours. 

Selon le dernier rapport de l’OCHA, au moins 38 011 Palestiniens ont été tués et 87 445 ont été blessés à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 4 juillet 2024. Malgré une pression internationale croissante en faveur d’un cessez-le-feu, des bombardements continuent d’être rapportés et de nombreux civils ont été tués.

Le 7 juillet, le ministère de la santé à Gaza annonçait qu’une attaque sur une école abritant des réfugiés avait tué 16 personnes et fait de nombreux blessés. Cette école était gérée par l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNWRA) et plus de 2 000 civils palestiniens dont de nombreux enfants y avaient trouvé refuge.

« Des éclats d’obus me sont parvenus quand j’étais dans une classe, les enfants ont été blessés », a témoigné Samah Abou Amsha, à l’école. « Où devrions-nous aller ? Nos enfants sont morts de peur ».

« Un autre jour. Un autre mois. Une autre école ciblée », a déclaré sur X Philippe Lazzarini, chef de l’Unrwa. Cette attaque sur une école de l’UNWRA en rappelle tristement d’autres, et l’agence onusienne dénonce le ciblage de civils par Israël. Plus la moitié des infrastructures l’UNRWA ont été touchées depuis le début de la guerre, tuant au moins 500 personnes dont de nombreux enfants, et selon le dernier comptage établi jeudi, 194 employés de l’Unrwa ont été tués. Certaines écoles de l’agence ont été plusieurs fois prises pour cibles, au motif selon Israël qu’elles abriteraient des bases du Hamas. « Toute frappe contre les installations de l’ONU est choquante et il y a eu un mépris flagrant du droit international humanitaire », a dénoncé.

Cinq journalistes palestiniens ont été assassinés dans des attaques israéliennes sur le centre de Gaza samedi 6 juillet 2024. Le nombre de journalistes martyrs est passé à 158 depuis le début de la guerre génocidaire dans la bande de Gaza, après l’assassinat de cinq nouveaux journalistes. De nombreuses enquêtes dénoncent des atteintes graves à la liberté de la presse par Israël depuis le 7 octobre, comme nous l’expliquions dans un article du 27 juin 2024. L’ONG Reporters Sans Frontières, qui s’est jointe à la plainte déposée devant la Cour pénale internationale pour génocide et crimes de guerre à l’encontre d’Israël, a également dénoncé le manque d’accès des médias internationaux à Gaza, des attaques délibérées contre les journalistes palestiniens et la fermeture de la chaîne Al Jazeera en Israël.

Les forces israéliennes ont également lourdement bombardé plusieurs zones des quartiers est de la ville de Gaza et du nord de Gaza dans la nuit du 7 au 8 juillet 2024. Si le nombre de victimes n’a pas encore pu être établi, l’agence de presse palestinienne Wafa indique que des « dizaines » de personnes ont été tuées et blessées lors des dernières attaques sur les quartiers de Daraj, Tuffah et de la vieille ville.

Parallèlement à ces massacres, au moins 10 personnes ont été tuées lors d’une frappe israélienne sur une maison à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. Deux missiles ont également touché l’hôpital Ahli Arab dans la ville de Gaza pendant la nuit, et l’armée israélienne a ordonné l’évacuation complète de l’hôpital. Les équipes médicales de Gaza ont évacué les blessés palestiniens de l’hôpital baptiste al-Ahli après que l’armée israélienne a lancé un avertissement de quitter les quartiers d’Al-Daraj, d’Al-Tuffah et de la vieille ville de Gaza.

Cette évacuation a lieu alors qu’un autre hôpital, dans le secteur de Khan Younis, était également fui par les palestiniens qui y avaient trouvé refuge et soins, comme nous le décrivions dans un article du 5 juillet 2024. L’accès au soin se fait de plus en plus difficile dans la bande de Gaza, alors que la capacité d’accueil de hôpitaux qui demeurent en activité est largement saturée.

Les Nations Unies et leurs partenaires estiment que le nombre de personnes déplacées à l’intérieur de la bande de Gaza est passé de 1,7 à 1,9 million. En d’autres termes, c’est environ neuf personnes sur dix à Gaza qui ont été ont déplacées à l’intérieur de leur propre pays, souvent à plusieurs reprises. Les déplacements massifs sont principalement dus aux ordres d’évacuation émis par l’armée israélienne, à la destruction massive des infrastructures privées et publiques, à la restriction de l’accès aux services essentiels et à la crainte persistante de la poursuite des hostilités.

La difficulté, voire l’absence d’accès aux biens de première nécessité, continue de s’aggraver, et de nombreuses voix se lèvent pour dénoncer l’instrumentalisation de la famine par Israel. Malgré cela, les hostilités en cours et les difficultés d’accès continuent d’entraver gravement l’acheminement de l’aide vitale dans la bande de Gaza. L’OCHA indique que les missions humanitaires dans le nord de Gaza subissent des retards importants, des procédures incohérentes et des goulets d’étranglement ; bien qu’il y ait deux points de contrôle où les forces israéliennes contrôlent les mouvements entre le nord et le sud de Gaza, les missions sont acheminées par un seul point de contrôle chaque jour et le point de contrôle sur la route de Salah Ad Din est fermé depuis le 27 juin. Les convois d’aide sont contraints d’attendre de longues heures dans des points d’attente situés dans des endroits exposés avant d’être autorisés à se diriger vers le point de contrôle, ce qui pose des risques pour la sécurité du personnel humanitaire. Les mouvements vers et depuis le point de passage de Kerem Shalom continuent également d’être entravés par des risques sécuritaires, notamment suite à l’ordre d’évacuation pour les zones de l’est de Khan Younis qui englobent des parties de la route de Salah Ad Din, une artère cruciale pour le passage des biens et du personnel humanitaires.

Abu Safiya, directeur de l’hôpital Kamal Adwan à Gaza, déclarait la semaine dernière : « en l’espace de 14 jours, 214 enfants sont arrivés à l’hôpital en présentant des signes de malnutrition, dont plus de 50 cas de malnutrition avancée et 6 cas en état critique dans l’unité de soins intensifs ». Le matin du 8 juillet 2024, l’agence WAFA annonçait la mort d’une enfant de six ans, de faim, déshydratation et manque de soin à l’hôpital Aqsa Martyrs au centre de Gaza. 

Ce décès porte le nombre d’enfants morts de malnutrition à 41 depuis le début de conflit.

Agence Média Palestine 

Aucun commentaire: