samedi 27 juillet 2024

À la Maison Blanche : après Biden, Trump ou...Kamala Harris ?

Antoine Manessis

Le 14 juillet nous avons tenté de tirer les leçons de l'attentat dont l'ex-président Donald Trump, candidat d'extrême-droite du parti républicain à la présidentielle de novembre prochain a été victime.

Depuis une autre nouvelle a fait la une de l'information : le président Joe Biden a jeté l'éponge et annoncé son retrait de la présidentielle.

Les pseudos experts des talk-shows d'Arte à BFM nous expliquent le magnifique bilan de Biden. 

Faisant semblant d'ignorer la contribution du président des Etats-Unis à une campagne d’extermination humaine à Gaza qui dure depuis des mois et qui aurait pu cesser si Biden s'y était opposé.  Il a au contraire apporté une aide massive militaire et diplomatique au boucher de Tel-Aviv. Biden est un conservateur de longue date qui a salué l’élection de Ronald Reagan, voté pour l’ALENA et a déclaré que "Bill Clinton avait raison" lorsqu’il a rejeté "la lutte des classes et le populisme".

Pourtant Biden fut le premier président étasunien en exercice à rejoindre un piquet de grève. Son plan de relance, d'inspiration keynésienne, était soutenu par la gauche démocrate mais il fut pour le moins édulcoré pour obtenir les voix des républicains au Congrès, voix dont il n'avait pas besoin. Bref, Biden a eu des velléités progressistes mais très vite il a sombré dans la continuité politique de ses prédécesseurs. Les Etasuniens des classes populaires en sont encore à cumuler deux ou trois jobs pour s'en sortir et le grand capital règne en maître absolu.

Mais les hésitations même de Biden et l'abandon de ses promesses sociales (comme sa promesse d’une augmentation de 15 dollars du salaire minimum) montrent qu'il avait été obligé durant sa campagne en 2020 de tenir compte de la gauche et d'un électorat populaire. 

Quant à sa décision de quitter le ring elle a été forcée, non par son état de santé délabré qui était déjà évident depuis longtemps, mais par les gros "donateurs" du parti démocrate qui ne voyaient plus de retour sur leurs investissements.  La dernière campagne présidentielle de 2020 a coûté 10 milliards de dollars. Evidemment la place des grandes fortunes est centrale dans le jeu politique étasunien. Les milliardaires donnent aux démocrates ou aux républicains lors de chaque élection des millions de dollars. L'idée étant de s'assurer une influence certaine auprès du candidat potentiellement élu. Le mieux étant de donner aux deux...ce que font nombre de grands capitalistes.

Biden dégagé, les démocrates doivent trouver son ou sa remplaçante. Kamala Harris semble bien placée. Vice-présidente durant la présidence Biden, elle fut suffisamment effacée ou prudente pour ne pas endosser le bilan de Biden. En particulier sa désastreuse politique étrangère tant en Palestine qu'en Ukraine.

Bernie Sanders a rappelé la règle "Pas un seul centime de plus" d'aide à la guerre génocidaire de Netanyahou si Harris est élue présidente. Et la recherche d'une issue diplomatique en Ukraine qui évite au conflit inter-impérialiste de dégénérer.

Quant à la politique intérieure elle doit proposer quelques grandes mesures sociales : pour (enfin !) la sécurité sociale pour toutes et tous (Medicare for all), pour le logement avec un plafonnement des loyers, le Pro Act qui favoriserait les syndicats, la défense de la liberté d'avortement gravement mis en cause par la Cour suprême "trumpisée", la lutte déterminée contre le racisme qui gangrène la société étasunienne et particulièrement la police comme l'horrible assassinat de Sonya Massey dans l'Illinois, vient de l'illustrer de façon tragique...bref des mesures concrètes qui seraient frontalement  opposées au programme de Donald Trump.

Que nous dit le parcours de Kamala Harris ?  

Elue procureure de district de San Francisco puis procureure générale de Californie, elle a promis de ne jamais imposer la peine capitale et a pris des positions progressistes n'hésitant pas à sanctionner des entreprises pour fraude ou pour pollution telles BP, Chevron, Cosco, Exxon....du lourd.

Mais elle n'a pas remis en cause la peine de mort elle-même et elle a défendu la loi californienne des trois délits, particulièrement cruelle, la seule du pays à imposer la réclusion à perpétuité pour un troisième délit mineur. Elle a défendu une loi anti-absentéisme qu'elle avait mise en place à San Francisco, qui menaçait les parents d'enfants chroniquement absents de l'école d'une amende pouvant aller jusqu'à 2 000 dollars et d'un an de prison (une loi proposée par LR et RN chez nous). En tant que procureure générale, elle s’est également opposée à l’instauration dans la police de caméras corporelles dans tout l’État et s’est opposée à un projet de loi obligeant son bureau à enquêter sur les fusillades policières mortelles. Sur la caution, elle a considéré que le système "nuit de manière disproportionnée aux personnes issues de communautés à faible revenu et aux communautés de couleur" Mais un an avant et un an après, elle défendait la constitutionnalité de la caution...Et sur bien d'autres sujets elle est restée très opportuniste et velléitaire. En revanche Kamala Harris a montré qu’elle était capable de se déplacer vers la gauche sous la pression.

Aux Étasuniens d'en tirer les conséquences face au néofasciste Trump et sa bande de tarés obscurantistes.

Antoine Manessis 

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