lundi 29 juillet 2024

Ah ! ça ira, ça ira, ça ira les aristocrates à la lanterne

Antoine Manessis

Le journaliste du New York Times Jeré Longman doute du format choisi : "L’originalité de cette parade de bateaux a pour conséquence inattendue de saper l’objectif même de la cérémonie d’ouverture, qui est de montrer le monde d’un seul tenant. À la télévision et sur la Seine, les pays sont séparés et isolés sur l’eau, avec seulement quelques spectateurs en arrière-plan, au lieu d’être accueillis à l’unisson lors d’une marche solennelle dans un stade bondé." 

Idem du côté de Martin Belam pour le Guardian. "Je ne suis pas entièrement convaincu que cette mise en scène ait fonctionné pour la télévision, mais il ne fait aucun doute qu’elle a vraiment mis en valeur le centre de Paris". "Un spectacle fait pour la télévision(...) la cérémonie qui se voulait démocratique a vraiment mal tourné et a frustré des milliers de personnes qui ont rêvé de ce moment et ont parcouru un Paris pluvieux pour tenter de voir quelque chose. Dommage". Il conclut : "l'ambition énorme a été dégonflée par un rendu inégal. Ce qui à l’air d’une idée vraiment originale sur le papier ne rend pas forcément comme attendu lors d’une nuit trempée dans le centre de Paris". 

Voilà mieux dit que nous ne saurions le faire notre critique de cette cérémonie d'ouverture des JO. Nous n'avons pas été convaincu car ce format, original certes, mais qui possède à nos yeux une immense inconvénient révélateur de notre temps : l'absence du peuple. Pour être moins pompeux, l'absence des gens et leurs réactions. 

On imagine dans le stade de France l'entrée de l'équipe de Palestine...

Là on ne voit rien, on ne sent rien, on ne sait pas. Entre le format et la pluie, on a l'impression qu'il n'y a personne à part les officiels, dont on se passerait volontiers ainsi que leurs discours soporifiques et tiédasses, et les athlètes isolés les uns des autres sur leurs barcasses. 

Un clip télé pour Paris mais trop loin des gens : la Marseillaise depuis le toit du Grand Palais...que seuls les téléspectateurs pouvaient voir et entendre. Comme Céline Dion trop loin, perchée au 1er étage de la Tour Effel. Trop long, il fallait du courage pour regarder le cheval articulé monter et descendre la Seine. Ce cheval est à la fois une belle trouvaille esthétique et sans doute aussi technique. Mais il nous a fait penser à l'un des cavaliers de l'Apocalypse, sans doute la présence de Macron...

Mais il y eu de bons moments : la tête de Marie-Antoinette nous disant "Ah! Ça ira", Louise Michel ou Gisèle Halimi et des femmes oubliées de l'histoire et statufiées pour l'occasion, de l'inclusif, du décalé et surtout l'illustration de la créolisation chère à Jean-Luc Mélenchon et qui attise tant de haine à l'extrême-droite. 

On commence la soirée avec Jamel Debbouze et Zinedine Zidane et on la finit avec Marie-José Pérec et Teddy Riner allumant la flamme dans une vasque-montgolfière, un des bons moments. 

On comprend que Marion Maréchal-Le Pen ait twitté : "Difficile d’apprécier les rares tableaux réussis entre les Marie-Antoinette décapitées, le trouple qui s’embrasse, des drag-queens, l’humiliation de la Garde républicaine obligée de danser sur du Aya Nakamura, la laideur générale des costumes et des chorégraphies." Ces propos suintent le racisme, l'homophobie et l'obscurantisme à chaque mot.

Julien Odoul, un des Obersturmführer du RN, y est allé de son couplet haineux : "Pas étonnant que cette propagande wokiste infecte soit plébiscitée par les ennemis de la France, de ses racines, de son identité, de ses valeurs et de ses traditions… Quand c’est pourri, c’est LFI !

Hommage du vice à la vertu. Et sous le régime fasciste de Vichy, pour le traitre Pétain les ennemis de la France ce sont les juifs et les communistes, les judéo-bolchevicks. La "décomposition de la société française" a commencé avec la Révolution française. Du coup (cou) Marie-Antoinette ça passe mal. Christine Boutin pulvérise le mur du çon : "Pardon Marie Antoinette notre Reine venue de l’étranger, décapitée par des fous ivres de sang"..."L'arc républicain" vous êtes sûrs ?

"Les ennemis de la France" fait la synthèse de l'anti-mélenchonisme, de l'islamophobie et du racisme. Les Insoumis et les étrangers étant les "ennemis de l'intérieur".

Comme l'a dit Eric Coquerel: "Rien que pour la façon dont l’extrême-droite éructe minablement contre cette cérémonie, merci à ses organisateurs".

Antoine Manessis

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