Bruno Le Maire, la droite et "La Grande peur"

Antoine Manessis

"L'extrême-gauche comme l'extrême-droite sont tout aussi nocives du point de vue économique, comme du point de vue des valeurs. Ce sont deux projets gauchistes, d'inspiration marxiste". 

Ainsi parlait Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des finances sous le règne si brillant à cet égard de Sa Majesté Emmanuel Macron, sur France Info le 24 juin dernier.

Il ajoute dans La Tribune : "La France doit passer d'un État Providence à un État protecteur. L'État doit protéger les plus faibles, mais il ne doit pas continuer de verser des chèques et des aides de manière aussi large." Ce normalien et énarque est-il un crétin absolu, un abruti ignorant  ? Non. Donc c'est pire. Cela veut dire qu'il a conscience que ce qu'il dit sont des mensonges, du poison instillé dans l'esprit de ses concitoyen-ne-s. Con ou salaud ? La réponse est évidente. 

Bruno Le Maire connaît le marxisme et il sait qu'il est l'antithèse de l'extrême-droite à tous points de vue. Il sait aussi que la droite, à laquelle il appartient, a en revanche les mêmes "valeurs" que le fascisme et le même maître. Que des imbéciles racistes et pauvres finissent par croire que le RN est de leur côté, c'est incontestable.

Que le normalien et énarque amalgame le marxisme et le fascisme c'est une malhonnêteté intellectuelle absolue, une crapulerie chimiquement pure. Mais Bruno Le Maire n'a que faire de l'honnêteté, il n'est là que pour servir Das Kapital. 

Sur "Etat providence" ou "Etat protecteur" que chacun traduise bien ces propos : "Des canons ou du beurre". Et le choix de Le Maire est clair : des canons. Bref, le fric des impôts pour l'armée, la police, les capitalistes. Pour les autres ceinture ! Assez de "chèques et d'aides distribués si largement". Oui vous avez bien lu "si largement". Ce type est obscène.

Au fait, qui reçoit "chèques et aides",157 milliards chaque année, si ce ne sont pas les grands groupes capitalistes gavés d'argent public, si ce n'est le grand capital sous mille et une formes par décisions des présidents au service des très riches comme Macron ou Holland ?

En ce moment, on vire les salariés des sous-traitants de Peugeot qui se retrouvent sans rien mais Carlos Tavares, patron de  Peugeot, Citroën et Fiat-Chrysler a gagné 36,5 millions d'euros en 2023, soit 100.000 euros par jour. 

Une personne au RSA touche "si largement" 635 euros par mois, soit 21 euros par jour. Ajouter toutes les "aides" que vous voulez, ajouter "tout ce pognon de dingue" à cela, et expliquez nous comment une société qui permet cet écart entre riches et pauvres peut survivre sans qu'une tempête survienne un jour ou l'autre.

Quand Le Maire, Macron, Le Pen, Darmanin, Wauquiez et autres Bardella dénoncent "l'ensauvagement" de la société, pensent-ils au salaire de Tavares, au sort des travailleurs sans-papiers, aux uberisés, aux privés d'emploi, aux racisés victimes de violences policières, aux femmes humiliées, aux migrants qu'on laisse crever en Méditerranée ou aux Gazaouis génocidés par Israël dont ils sont les soutiens "inconditionnels" ?

Les canons. En Ukraine pour poursuivre la boucherie. En Europe avec la défense européenne si chère à von der Leyen, Macron et à toutes ces cliques de droite, de fascistes et de semi-fascistes.

Les canons. Contre les travailleuses et travailleurs qui auraient la mauvaise idée de demander l'augmentation des salaires, le blocage des prix ou encore des hôpitaux et des écoles qui fonctionnent.

Les canons. Contre la jeunesse populaire reléguée sans perspective et stigmatisée.

Les canons. Que nos capitalistes et notre gouvernement vendent dans le monde entier pour alimenter les guerres et leurs profits.

Le Monde nous dit qu'Olivier Marleix, ex-président du groupe LR, lisait, lors de l'élection de la présidente de l'Assemblée nationale, le livre de l'excellent historien Jean- Clément Martin "La grande peur de juillet 1789". L'historien donne toute leur place aux mouvements populaires ainsi qu’à la répression menée par les élites. 

Que devons-nous en conclure ? Peut-être que la droite française a peur et que la répression la tente...

Antoine Manessis