mercredi 24 juillet 2024

JO. Hanotin et Plaine Commune veulent expulser 50 familles roms avant le paramarathon

Livio Berio

Vivant dans un camp à proximité du lieu où se déroulera une épreuve paralympique, 50 familles roms sont menacées d’expulsion en Seine-Saint-Denis par le président de Plaine commune, Mathieu Hanotin. 

Le nettoyage social méthodiquement mené par le gouvernement se poursuit à quelques jours du début de la compétition.

À quelques jours du début de la cérémonie d’ouverture, le nettoyage social se poursuit méthodiquement à Paris et en Seine-Saint-Denis, où une cinquantaine de familles sont menacées d’expulsion. Le tribunal administratif examinait, ce lundi, la requête déposée par Plaine Commune, organisme dirigé par Mathieu Hanotin, maire PS de Saint-Denis depuis 2020. Selon le maire, interrogé par l’Humanité, les familles occupent un terrain sur lequel des travaux étaient prévus : « Des travaux ont été entrepris l’an dernier sur cette aire d’accueil des gens du voyage et nous comptions les terminer cet été. La présence de ces gens de la communauté rom nous en empêche ».

Une justification hypocrite comme le prouvent les échanges de mails qu’a consultés l’Humanité, qui insistent sur la nécessité de vider les lieux avant les Jeux Olympiques la raison d’être des expulsions : le camp se situe en effet sur le parcours du paramarathon, qui aura lieu le 8 septembre. Dans le référé déposé par Plaine Commune, l’organisme accumule les faux-prétextes : les agents en charge de la collecte des ordures menaceraient d’exercer « un potentiel droit de retrait », le stationnement des véhicules présenterait « des risques liés aux mesures Vigipirates ». Comme le constate le journaliste de l’Humanité, qui s’est rendu sur place, les éboueurs effectuent leurs collectes sans aucune difficulté et le stationnement des véhicules est tout sauf anarchique « du fait de la présence, en face, du groupe scolaire Rosenberg – où sont d’ailleurs scolarisés nombre d’enfants du camp ».

Au-delà du risque de déscolarisation, qui « ferait perdre aux enfants plusieurs mois, voire une année d’école », comme le note l’association Askola, les associations craignent que la procédure ne mette en danger les familles, comme le souligne Clément Etienne, coordinateur de la mission Bidonville de Médecins du monde : « Il y a dans ce camp des malades chroniques nécessitant diagnostic et prise en charge, des cas de rougeole qui est une maladie à déclaration dont on doit absolument éviter la dissémination, des handicapés dont un enfant de 8 ans… les para-athlètes assument-ils qu’on expulsent des enfants handicapés pour leur permettre de concourir ? »

Alors que les forces de police vident les villes de France des personnes sans domicile fixe, pour nettoyer les rues à l’orée des Jeux Olympiques, la mairie socialiste de Seine-Saint-Denis prend une part active à l’opération de nettoyage social conduite par le gouvernement, les préfectures et les municipalités depuis plusieurs mois. Il ne s’agit ni plus ni moins que de faire disparaître des rues les populations précarisées et racialisées dont l’Etat juge la présence « indésirable » pour la réussite de sa vitrine olympique.

Alors que la construction des infrastructures olympiques aurait été impossible sans la sur-exploitation des travailleurs étrangers et des prolétaires internationaux, que la police multiplie les descentes pour chasser SDF et réfugiés hors des villes, que les maires affrètent des bus pour refouler les mineurs isolés vers le sud, la criminalisation des minorités et des plus précaires atteint des proportions insoutenables...

... qui exigent une riposte d’ampleur qui pourrait transformer ces jeux de la honte en une tribune mondiale pour les revendications de notre camp social.

Révolution Permanente

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