dimanche 28 juillet 2024

Macron, la Bernacle

Olivier Cabanel

À l’image de ce coquillage qui s’accroche au rocher, Macron s’accroche au pouvoir, mais comment pourrait-il rester ?

La bernacle n’est pas la seule à s’accrocher, car on pourrait évoquer la balane, ce crustacé donc le sommet ressemble à un petit volcan, et qui a la particularité d’être un gros problème pour la coque du navire dont il s’est emparé : lui et ses millions de congénères se collent à la coque du bateau, même s’il s’appelle France, alourdissant ainsi le navire, ralentissant sa progression et il faut vite s’en débarrasser…

Jolie parabole sur laquelle le chef de l’état devrait s’interroger, car Macron après avoir méticuleusement saigné les services publics en favorisant « le privé », enrichi les plus gros, et pénalisé les plus pauvres, a dissous l’Assemblée, et puis, plus vertical que jamais, reste seul à la tête du navire, entendant contre vents d’extrême droite, et marées de gauche, gouverner un navire qui prend eau de toute part, et n’avance plus.

Aujourd’hui, de par la volonté du chef de l’état, le pays tout entier est bloqué, et il refuse de nommer un premier ministre, alors que dans bien d’autres pays, c’est le parlement qui nomme le chef du gouvernement.

En effet, qu’il soit appelé premier ministre, ou chancelier (en Allemagne ou Autriche), ou président du conseil des ministres (en Italie, Liban, Pologne…) ou président du gouvernement (en Espagne, Russie, Tchéquie, Croatie…), ou ministre président (aux Pays Bas, Länder allemands, région et communautés de Belgique…), etc., c’est le parlement qui décide de nommer le premier ministre, mais le maquignon de Matignon qu’est finalement Macron, entend tout régenter, se mettant ainsi quasi hors la loi. Lien

En effet, si la constitution entérine le fait la nomination du 1er ministre est une prérogative du président de la République, lorsqu’il n’a pas la majorité parlementaire, il doit tenir compte de la majorité à l’Assemblée nationale. lien

Comme le précise, l’avocat Patrick Lingibé, le Président de la République est tenu politiquement de choisir un 1er ministre qui sera accepté par une majorité de députés, le cas échéant coalisés sur des projets partagés. lien

La classe politique de gauche résume assez bien la situation : du «  forcené retranché à l’Élysée  » à «  l’enfant capricieux dans le déni  », Macron est épinglé, et il lui est rappelé qu’en 2022, il a nommé un premier ministre alors que son parti n’avait pas la majorité, avec seulement 245 sièges, (sur 577) alors que c’est l’argument qu’il utilise pour rejeter les candidatures proposées. lien

On peut légitimement se demander qu’attendent les élus du NFP pour porter au pouvoir en tant que 1er ministre la personne qu’ils ont choisi ? D’autant que nombre de mesures de leur programme : suppression de la réforme des retraites, augmentation des bas salaires, planification écologique, taxation des super-riches pour donner aux pauvres, seraient probablement partagées par une majorité de députés... même si «  des réformes progressives auraient été moins problématiques sur le plan économique  », comme l’écrit Henry Sterdyniak dans son blog de médiapart.

En effet, on se souvient que début 2023 seuls les républicains soutenaient le projet de réforme des retraites, et il ne devrait y avoir pas beaucoup de difficultés à faire voter la suppression de cette réforme si contestée. lien

Quant aux autres mesures, on peut facilement imaginer qu’elles obtiennent l’adhésion d’autres députés que ceux du NFP...d’autant que le rétablissement de l’ISF est aujourd’hui un mouvement mondial, ainsi que le relèvent les chercheurs et fonctionnaires du domaine de la fiscalité internationale et des hauts revenus, ainsi que Bruno Palier, directeur de recherche au CNRS.

Le 25 juin dernier un rapport commandé par la présidence brésilienne à l’économiste français Gabriel Zucman, soutenu par l’Espagne, l’Afrique du Sudl’Allemagne, la Belgique, la Colombie, et l’Union africaine, défendant l’idée d’un impôt minimal mondial de 2 % sur le patrimoine des milliardaires a été remis aux instances mondiales du G20lien

Le plus cocasse étant que le gouvernement de Macron l’a soutenu…

Mais ce n’est pas tout…

L’administration Biden a proposé un impôt minimal de 25 % sur le revenu réel des personnes dont la richesse est supérieure à 100 millions de dollars, au Canada le très libéral Trudeau propose d’augmenter d’un tiers la taxation des plus values supérieures à 250 000 dollars, pareil en Espagne où a été adoptée une taxe nationale de solidarité au-delà d’un patrimoine de 3 millions d’euros, en Norvège le taux d’imposition sur la richesse a été augmenté de plus de 1 %

L’Observatoire Européen de la fiscalité, ainsi qu’Oxfam ont constaté l’explosion des très hauts patrimoines, et l’impuissance du système fiscal actuel à la corriger : la richesse des milliardaires a ainsi triplé depuis la crise financière de 2008/2009lien

D’ailleurs l’OCDE a constaté que le fait que les revenus du capital soient moins taxés que ceux du travail contribue à affaiblir la progressivité de l’impôt, d’autant que les très grandes fortunes minimisent leurs revenus imposables par des stratégies d’évitement. lien

En France donc, on ne pourrait donc qu’espérer qu’une telle mesure ne soit votée ...

Les députés du NFP feront-ils rendre raison au « forcené de l’Élysée », l’avenir nous le dira…mais une question cruciale se pose une fois encore, le chef de l’état a-t-il toute sa raison ?

Dès le début, des psychiatres divers et variés avaient expliqué la forme de folie qui s’était emparé du chef de l’état...et récemment le professeur Adriano Sagatori en a remis une couche, affirmant « c’est un psychopathe  »...

Considérant que l’homme est intelligent, il constate néanmoins que son charisme évident reste superficiel, et le porte à une absence de limite à laquelle s’ajoute une affectivité égoïste, autocentrée... il a une grande capacité de manipulation à laquelle s’ajoute une absence totale de sentiment de culpabilité... beaucoup de cynisme, et une grande capacité de mimétisme. En gros, il aime ceux qui l’aiment.

Il ajoute : « ces attitudes qui sont des ressources pour une personne équilibrée deviennent tres dangereuses si elles sont organisées dans une structure personnologique, et je dois confirmer qu’Emmanuel Macron est très dangereux pour l’Europe entière... » lien

Car comme dit mon vieil ami africain : « le fou se croit sage, mais le sage sait qu’il est fou ».

agoravox.fr

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