vendredi 26 juillet 2024

Offensive anti-immigrés, répression, austérité... ce que nous préparent LR et la macronie

Joshua Cohn

Interrogé sur France 2 mardi soir, Emmanuel Macron a salué le « pacte législatif » proposé par LR. De fait, les propositions de la droite recoupent largement le « pacte de coalition » avancé par Attal à l’Assemblée, poursuivant la politique de Macron en matière de répression, d’immigration et d’austérité.

Lundi, Laurent Wauquier et Bruno Retailleau ont présenté lors d’une conférence de presse leur proposition de « pacte législatif » afin de participer aux réformes de la nouvelle législature, tout en conservant leur indépendance en vue de la présidentielle de 2027. Autour de 13 projets de lois, la droite dessine une ligne brutalement raciste et anti-ouvrière.

Un projet politique ultra-réactionnaire

Dans un document de neuf pages intitulé « Revaloriser le travail, restaurer l’autorité » et rendu public par Reporterre, les Républicains détaillent 13 projets législatifs répressifs, racistes, anti-ouvriers et anti-écologiques. En matière de répression, la droite réclame la comparution immédiate et l’allongement de la détention provisoire pour les mineurs, la suppression des allocations familiales pour les parents d’un mineur condamné, le rétablissement des peines planchers ou encore la réduction des droits de la défense par la « simplification » de la procédure pénale.

Les Républicains souhaitent également leur revanche sur la loi immigration, avec des mesures comme la suppression de l’aide médicale d’État, le durcissement des conditions du regroupement familial ou le rétablissement du délit de séjour irrégulier. Wauquiez et Retailleau emboîtent également le pas aux attaques de ces derniers mois contre l’école et la jeunesse en se déclarant favorables à l’uniforme scolaire et en souhaitant interdire le voile aux mères accompagnant les sorties scolaires.

Le volet économique du programme est quant à lui un concentré des poncifs anti-ouvriers et anti-écologiques de la droite avec la diminution des cotisations sociales pour « rapprocher progressivement le salaire net du salaire brut », l’instauration d’une allocation sociale unique autour de 70 % du Smic, la pérennisation des exemptions de cotisations sociales pour l’embauche de saisonniers agricoles précaires, une politique énergétique tout-nucléaire, ou encore une refonte du plan Ecophyto, plan timide de réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires, déjà suspendu en février dernier par Gabriel Attal. En prévision du vote de la loi de finances cet automne, les Républicains posent finalement deux lignes rouges en matière budgétaire : aucune augmentation d’impôt et aucune économie de dépenses publiques à la charge des retraités.

Un pacte qui prépare un travail commun avec la macronie ?

Le projet de la droite dessine ainsi un plan 100% bourgeois, qui articule ce que la macronie et la droite peuvent proposer de pire en termes d’offensives racistes, sécuritaires et de mesures anti-ouvrières. Si LR tient encore à affirmer son indépendance face au camp macroniste, insistant sur la différence entre une participation parlementaire et un soutien au gouvernement, et refusant pour le moment d’envisager toute coalition, le programme avancé par Wauquiez et Retailleau recoupe de nombreux points des axes proposés par Gabriel Attal dimanche soir dans un message adressé au groupe « Ensemble pour la République », pour avancer vers un « pacte de coalition » avec d’autres groupes.

Le camp présidentiel partage en effet le projet d’escalade répressif contre la jeunesse avec « une réponse pénale rapide et efficace, notamment pour les mineurs délinquants », la poursuite des réformes de l’assurance chômage pour lutter contre l’« assistanat », ainsi que l’équilibre budgétaire « sans augmenter les impôts de ceux qui travaillent ni baisser les pensions des retraités ». C’est donc sans surprise qu’interrogé mardi sur France 2 sur le « pacte législatif » de LR, Macron a salué le « chemin qui a été fait en 15 jours » qui, selon lui, « va dans la bonne direction ».

Alors que les 163 sièges du camp présidentiel et les 39 des Républicains à l’Assemblée sont à eux seuls insuffisants pour assurer la stabilité du prochain gouvernement et adopter un budget à l’automne sans courir le risque d’une motion de censure, et que LR demeure réticent à une véritable alliance, un accord demeure encore loin d’être scellé. En outre, Macron voudrait également convaincre des députés de centre gauche de voter certains des textes proposés, ou a minima, de ne pas voter la censure.

Si l’hypothèse d’un partenariat Macron-LR reste fragile dans le contexte d’une Assemblée nationale sortie extrêmement divisée des élections législatives anticipées, les prises de parole de Macron, Attal, Wauquier et Retailleau cette semaine montrent comment les classes dominantes se préparent à poursuivre leurs politiques anti-ouvrières, racistes et répressives. 

Une situation face à laquelle, loin des illusions parlementaires alimentées par le NFP, il va falloir se préparer à lutter, non seulement pour se défendre, mais aussi pour arracher nos revendications !

Révolution Permanente

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