mercredi 7 août 2024

"Front républicain" contre Front populaire ?

Antoine Manessis

Décidément franceinfo est une radio virtuose de la désinformation.

Voici son titre d'hier 4 août : "Après l'hommage de Sophia Chikirou au chef du Hamas, la gauche se divise".

De quoi s'agit-il ? 

La députée de la France Insoumise interrogée par Libération a répondu qu’elle ne soutenait pas le Hamas dont elle condamnait les actes terroristes, et répété avoir seulement partagé sur son compte Instagram une biographie du chef du Hamas et un communiqué de presse de son fils dans lequel il dénonce l’assassinat, cela à titre d’information.

"Je ne soutiens pas le Hamas, ni sa branche politique élue à Gaza dont je ne partage en rien le projet islamiste. Je ne soutiens pas davantage sa branche armée car je dénonce et condamne ses actes terroristes visant des populations civiles et notamment ceux du 7 Octobre", a répondu à Libération la députée LFI. 

"Je suis mise en cause pour avoir partagé trois visuels sur mon compte Instagram privé, fermé au public, qui ne rendent aucun hommage. L’un fait état de la biographie du chef du Hamas en cinq points et les deux autres sont un communiqué de presse de son fils dans lequel il dénonce l’assassinat et rappelle que la résistance du peuple palestinien ne faiblira pas pour autant. Le mot Hamas n’y figure pas une seule fois. Je n’ai fait aucun commentaire. J’ai partagé cela comme une information. J’ai supprimé ces visuels quatre heures après leur publication, dès que l’extrême-droite a commencé à attaquer sur les réseaux sociaux et à monter en épingle une polémique. Je m’inquiète des réactions agressives et disproportionnées. Je déplore de voir des médias servir une telle opération."

Or il n'y a pas l'ombre d'une distance dans le titre de franceinfo. Son titre prétend, sans la moindre réserve, que Sophia Chikirou a rendu "hommage" à Ismaël Haniyeh, chef politique du Hamas, assassiné par Israël à Téhéran.  

Cette affirmation, ce titre de franceinfo s'inscrivent dans la longue campagne politico-médiatique menée contre la France Insoumise et visant à l'isoler, la marginaliser, la criminaliser.

En Grande-Bretagne, la même campagne a été menée, avec succès, contre le travailliste de gauche Jeremy Corbyn et ses camarades qui dirigeaient alors le Labour. Avec exactement les mêmes accusations d'antisémitisme et de philo-terrorisme. Les mêmes calomnies. Les mêmes mensonges.

On peut espérer que la masse des gens se foutent éperdument de ce genre de ragots. Mais ce qui est regrettable, sans être surprenant, c'est la réaction du PS. En particulier de son aile droite.  Ainsi Nicolas Meyer-Rossignol (il est contre la retraite à 60 ans) a déclaré "Je ne travaillerai pas avec des élus, un parti qui cautionnent ou refusent de condamner de telles positions" ou encore Carole Delga, totalement frénétique, y est allée genre C-News décomplexé : "Abject", a-t-elle écrit, y voyant une "apologie du terrorisme" et un "porte-voix de la haine des juifs".

La LICRA et l'Union des étudiants juifs de France en ont remis une couche.

Tout de même ces "porte-voix de la haine" de la gauche ne se rendent-ils pas compte de leur néant politique ? Profiter de ce genre de faits dépourvus de toute signification politique tant soit peu importante est la preuve qu'une fraction de la social-démocratie a du mal à penser l'alliance à gauche. Et cela permet à Macron de poursuivre son objectif de "grande coalition" allant du PCF à LR. Cela étant, Sophia Chikirou devrait être plus prudente ou plus explicative : quand on sait qu'on est la cible des chiens de garde on évite de se balader en brandissant un os. Soyons clair : il ne s'agit pas de s'auto-censurer mais de faire preuve de discernement politique. Ce n'est pas la première fois qu'elle en manque.

Quant au PS, il semblerait, d'après les échos de son dernier conseil national extraordinaire du PS, vendredi dernier, que Lucie Castets, candidate commune de nouveau Front populaire à la responsabilité de première ministre, soit encore trop marquée du rouge insoumis pour que les barons socialistes se reconnaissent en elle...alors qu'Attal a, même brièvement, eu sa carte au PS.

Il faudrait sans doute pour ces momies du PS que François Hollande brigue Matignon. Là on serait certain que le RN serait accablé devant des tels antifascistes et le MEDEF tremblerait devant ce prodrome du bolchevisme.

Antoine Manessis

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