JO : et si on arrêtait ?

Antoine Manessis

Les JO auraient-ils bouleversé la situation politique en France ? Macron serait-il devenu par la grâce des JO "Emmanuel le bien-aimé" ?

Certes les médias n'y vont pas de main morte : c'est JO à toutes les heures, sur toutes les antennes, sur toutes les chaînes. Les JT sont consacrés essentiellement aux JO.

Reste que le plus ou moins grand intérêt que portent les gens sur les épreuves sportives des JO n'a pas de rapport avec la cote de popularité de l'autocrate de l'Elysée.

Rappelons aussi que :

Les JO ce sont 45.000 policiers et gendarmes, et 10.000 soldats mobilisés. Sans compter les policiers des autres pays.  Bref, le flicage de masse dont on peut craindre qu'il perdure. Ce furent aussi l'épuration sociale de Paris, virés les migrants, les SDF, les "irréguliers" de toute sorte...Bref ceux qui font tache. Ceux que l'on ne veut pas voir et que les visiteurs étrangers ne doivent pas voir.

Les JO c'est la fête de ceux qui peuvent se l'offrir, indigènes et touristes friqués. Car tout est là, le fric. C'est la fonction des JO et le rôle du CIO, faire du fric. Avec le sport et les sportifs. Et les "sponsors". Coca-cola, la merde en bouteilles, les milliardaires français comme Bernard Arnault ou François Pinaud et les entreprises de construction automobiles comme la chinoise BYD qui a détrôné Volkswagen... 

Mais il y a aussi le rôle idéologique. C'est ainsi depuis les JO contemporains lancés par Pierre de Coubertin, l'aristo réactionnaire, élitiste, misogyne, colonialiste et raciste. Et qu'on ne nous dise pas qu'il était le simple reflet de son époque. En 1896 à Athènes, puis à Paris en 1900 et 1924 il y avaient des gens qui luttaient contre le racisme, pour l'égalité des sexes, des progressistes, des réformateurs, des révolutionnaires. Donc des gens qui avaient des idées contraires à celle de  Pierre de Coubertin et ses amis.

Aujourd'hui bien sûr tout cela est moins grossier qu'en son temps. Mais le pseudo apolitisme des JO est bien la continuation de l'idéologie dominante par d'autres moyens. Sans parler que se dire apolitique quand on interdit aux sportifs russes de participer aux JO, il faudra nous expliquer en quoi ce n'est pas une décision politique du CIO ! Et qu'on reçoivent ceux d'Israël n'a évidemment aucune dimension politique...Ce foutage de gueule, cette négation arrogante de réalités évidentes et ce ne sont pas les références à des valeurs de l'olympisme qui réglera cette question. Comme les sanctions qui s'étaient abattus sur les athlètes Afro-américains en 1968 à Mexico quand ils avaient eu le mauvais goût de faire de la politique en levant le point sur le podium, les CIO fait de la politique, celle des classes dirigeantes des impérialismes.

La gauche devra avoir une réflexion sur ce que sont les JO, et cela depuis leur création, et s'interroger sérieusement sur leur pérennité, réflexion qu'elle montre fort peu d'enthousiasme à mener.

Antoine Manessis