mercredi 14 août 2024

La démocratie exige Lucie Castets à Matignon

Antoine Manessis

Entre la fin des JO (hier) et le début des jeux para-olympiques (le 28 août), Emmanuel Macron devra se décider à nommer un Premier ministre qui "dirige l’action du gouvernement" et, à ce titre fixe, en principe, ses orientations politiques essentielles. L'article 20 de la Constitution précise même que "le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation". 

Le général de Gaulle définissait la Constitution comme "un esprit, des institutions, une pratique". Et nous savons bien qu'en période de concordance des majorités présidentielle et parlementaire, donc hors cohabitation, c'est le président de la République qui a la primauté sur la conduite de la politique du pays.

Or, Macron n'a pas de majorité à l'Assemblée nationale. Et les élections qui viennent d'avoir lieu, après la dissolution de l'AN par le président de la République, ont vu son parti subir une lourde défaite. 

De plus, parmi les trois coalitions principales, Macronie, RN et NFP (nouveau Front populaire), c'est ce dernier qui arrive en tête. Le NFP a d'ailleurs désignée Lucie Castets comme candidate au poste de Première ministre et en toute logique institutionnelle elle devrait occuper Matignon. "Les électeurs et les électrices ont placé le Nouveau Front populaire en tête au second tour des élections législatives et en ont fait la première force politique à l'Assemblée nationale. C'est à ce titre qu'il est attendu du président de la République qu'il nomme un gouvernement de Front populaire" a-t-elle écrit aux parlementaires.

Réaffirmant ensuite les priorités du gouvernement du NFP : augmentation des salaires, notamment le smic et les bas salaires, abrogation de la réforme des retraites, priorité à l’éducation et au service public de santé, accélérer la bifurcation écologique de notre économie, rétablir une fiscalité juste qui permette de financer nos services publics, le pouvoir d'achat et la transition écologique tout en évitant de creuser la dette grâce à une hausse des ressources fiscales concentrée sur les foyers les plus aisés, les multinationales et la lutte renforcée contre la fraude et l'évasion fiscale…

Dans ce courrier signé par Castets et les chefs de groupes qui composent de NFP, la gauche tient aussi compte que l’Assemblée nationale reste fragmentée et sans majorité. Les signataires proposent donc des méthodes de travail qui permettent de faire vivre le travail parlementaire et convaincre au-delà des rangs du NFP pour construire des majorités parlementaires, un "changement de pratique" au sein du Parlement, pour "élaborer les textes en amont", mieux répartir les responsabilités lors des débats et davantage "partager l’ordre du jour" avec l’exécutif. Faire souffler un air démocratique dans les institutions en associant les  syndicats, les élus locaux et la "société civile organisée", pour débattre du budget pour 2025 et sur un programme de travail gouvernemental pour les mois à venir.

Outres les objectifs explicités dans ce courrier, le NFP tente ainsi de mettre en place un rapport de force pour que Lucie Castets soit nommée et que la gauche gouverne, certes dans une situation difficile mais où les gens pourront voir, constater, qui propose quoi, qui est pour et qui est contre. Ce genre de situation peut donner un élan à la dynamique sou jacente à la stratégie du NFP.  Savoir qu'un gouvernement est à l'écoute des revendications populaires, toutes les revendications, et que l'action populaire ne se heurtera pas aux matraques des Brav-M mais pourra créer des rapports de forces favorisant des négociations et des compromis acceptables et favorables aux classes populaires, serait un progrès réel et concret qui permet d'envisager la suite de l'histoire d'une façon positive.  

Notons en passant que le crétinisme paléo-brejnévien qui oppose "la République sociale et le clivage gauche-droite sociétal" (ce qui ne veut strictement rien dire) a beau voir son audience se réduire à chaque élection rien n'y fait. Les sectes qui composent  cette mouvance en sont même à amalgamer Mélenchon et Le Pen*...Quand on en est là, le mieux serait de se taire. 

Un gouvernement du NFP en synergie avec la gauche de gauche, les syndicats et les luttes, peut créer des conditions favorables à une politique de progrès social et de paix.

* https://lepcf.fr/spip.php?page=article&id_article=5453 

Antoine Manessis 

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