mercredi 27 novembre 2024

Apologie du terrorisme : abroger la loi liberticide Cazeneuve-Retailleau

Antoine Manessis

Pour le député de la France Insoumise Ugo Bernalicis et la groupe de la FI la loi du 29 juillet 1881 traitant des faits relevant des délits d’apologie de crime, d’apologie de crime de guerre, d’apologie de crime contre l’humanité est suffisante.

La loi de 2014 sur l'apologie du terrorisme avait  été porté par Manuel Valls et Bernard Cazeneuve. C'est dire son caractère liberticide dès l'origine. Valls et Cazeneuve sont l'image même de ce qui a affaibli et discrédité la gauche dans notre pays. Cette gauche qui a fait une politique de droite voire d'extrême-droite.

Bien entendu les droites se déchaînent une fois encore contre la FI.

Bruno Retailleau, ministre de l'intérieur et pont entre les néofascistes et la droite, s'est livré à des attaques insensées. Ainsi dans son discours en clôture de la convention du Crif, Bruno Retailleau a dénoncé l’antisémitisme de souche islamiste, auquel est venu se greffer le  clientélisme électoral de ceux qui font de la cause palestinienne un argument de campagne électoraliste et ont choisi de vendre leur honneur, de brader nos valeurs.

Retailleau en plein "calcul électoraliste et clientélisme électoral" se vautre dans la fange néofasciste et les mensonges pour se construire un profil de Trump à la française. "C’est innommable" de vouloir supprimer une loi qui ne sert à rien sinon à criminaliser la solidarité avec la Palestine et attenter à la liberté d'expression.  

Et puis quand même parce que Retailleau est un homme qui a le souci de l'avenir de la gauche il "appelle vraiment ceux qui sont de gauche (...) ceux qui ont encore une conscience politique, ceux qui tiennent à la République, (...) à se dissocier définitivement des Insoumis".

Faut-il pleurer, faut-il en rire? 

"Quelle démocratie peut encore conserver son nom lorsque les méthodes de l’antiterrorisme sont utilisées pour réprimer des militants politiques, des militants associatifs, des journalistes, ou encore des syndicalistes?" expliquent les Insoumis.

Ainsi Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l’union départementale de la CGT du Nord, condamné à un an de prison avec sursis en première instance, il a interjeté appel, pour apologie du terrorisme pour un tract contextualisant le 7 octobre. Pour la première fois de son histoire, un représentant de la CGT était poursuivi pour apologie du terrorisme... 

Le 4 avril dernier, ce fut le tour de Kamel Brahimi, secrétaire général de la CGT 93 d’être interpellé et placé en garde à vue pendant plus de 7 heures pour une simple participation à une manifestation symbolique et pacifique. 

Sans oublier la présidente de groupe Insoumis, Mathilde Panot, et de l’eurodéputée Insoumise Rima Hassan, qui ont été entendues en avril par la police judiciaire parisienne dans le cadre d’enquêtes pour apologie du terrorisme. 

Ce qui est innommable, c'est cela, des syndicalistes, des élus convoqué par police et justice pour crime de solidarité et d'intelligence politique.

Didier Migaud, Garde des sceaux, ose "Je ne comprends pas qu’on puisse baisser la garde devant la menace du terrorisme". Mais qui parle de cela ? C'est baisser la garde contre le terrorisme (notion fourre tout qui mêle Breivik et Manouchian) que de ne pas permettre d'attaquer les responsables de la CGT et des élus et militants de gauche? De qui ces guignoles se moquent-ils ? Migaud, c'est l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques. Voilà ce qui est grave et liberticide.

La présidente du Syndicat de la magistrature soutient la proposition de la FI “Il y a une interprétation extensive de ce qu’est faire l’apologie du terrorisme. Ça criminalise une expression militante. Le meilleur moyen, c’est d’y mettre un terme. C’est protéger mieux la liberté d’expression en remettant ce délit sous le régime du droit de la presse”, pointe-t-elle.

Et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT interrogée sur la proposition de la FI déclare : "Je confirme qu'il y a un usage abusif de cette notion".

L’ancien juge antiterroriste Marc Trévidic fait désormais le même constat. "On est dans un véritable abus, un usage totalement dévoyé de la loi"

La CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l'homme) s'est inquiétée de la dérive de l'usage de la loi de 2014 sur "l'apologie du terrorisme" par un courrier au Grade des Sceaux  "deux principes fondamentaux garants de la liberté d’expression. D’une part la loi pénale est d’interprétation stricte : or, en toute rigueur, expliquer ou rendre compte du contexte d’un drame n’est pas l’approuver. D’autre part, et conformément à une jurisprudence bien établie de la Cour européenne des droits de l’homme, mis à part l’éloge d’actes terroristes, la liberté d’expression vaut pour les idées qui heurtent, choquent ou inquiètent l'État ou une fraction quelconque de la population"

Le président de la CNCDH s'inquiète de ce que "cette circulaire [ait] pu engendrer une confusion entre l’approbation, l’éloge d’un crime et/ou des criminels, et des prises de position relatives au contexte dans lequel ils ont été commis. Ces derniers s’inscrivent dans un débat d’idée et devraient par conséquent pouvoir bénéficier de la liberté d’expression."

C'est plus clair comme ça Messieurs les matraqueurs et des éborgneurs?

Oui, incontestablement il y a instrumentalisation du délit d'apologie du terrorisme et pour l'éviter autant abroger cette loi Valls-Cazeneuve bref deux symboles du cynisme le plus  abject et de la violence anti-populaire.

Une fois encore la France Insoumise est digne de la devise de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.

Antoine Manessis

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