mercredi 23 février 2011

Brennilis, "vitrine" de l'absurde.

ACDN

Construit par le Commissariat à l’Energie Atomique à partir de 1962 en vue d’expérimenter la « filière française » de production d’électricité d’origine nucléaire, qui fut abandonnée par la suite (en 1971), le réacteur de Brennilis, d’une puissance nominale de 70 MW, a été couplé périodiquement au réseau EDF entre 1967 et 1985. Il a fonctionné au total l’équivalent d’une douzaine d’années. Définitivement arrêté en 1985, son démantèlement complet, le premier du genre en France, était censé « servir de vitrine ». L’opération a subi des interruptions, des incidents, des années de retard, et n’est toujours pas terminée un quart de siècle plus tard.

La phase 3, la plus délicate, incluant le démantèlement du bloc réacteur et la démolition du bâtiment du réacteur, n’a pas encore commencé. Elle a été suspendue après l’annulation par le Conseil d’État en 2007 d’un décret gouvernemental de 2006, puis la conclusion défavorable d’une enquête publique conduite en 2009. Mais il est aujourd’hui question d’entreprendre la première étape de la phase 3 (démantèlement des échangeurs thermiques), sans qu’ait été réalisé l’inventaire radiologique complet du site, pourtant recommandé par la Commission d’enquête publique de 2009. (Cf. Le Télégramme, 15 et 16 février 2011)

Le démantèlement de la plus vieille et plus petite centrale nucléaire française aurait déjà coûté quelque 500 millions d’Euros, et l’essentiel reste à faire. Il y a 58 autres réacteurs de puissance en service actuellement, d’une puissance variant de 900 à 1500 MW. Personne ne sait comment on s’y prendra pour les démanteler ni ce que l’on fera des millions de tonnes de déchets qui en résulteront, ni combien cela coûtera et qui paiera.

EDF prétendait fournir grâce à ses centrales nucléaires le KWh le plus économique qui soit ; maintenant qu’elle va devoir fournir de l’électricité à ses concurrents, elle admet qu’il faut intégrer au coût de revient du KWh nucléaire l’amortissement des centrales et leur démantèlement, et qu’à ce compte elle devra le leur vendre 0,46 €, voire même 0,55 € une fois l’EPR construit et mis en service - contre 0,17 à 0,21 € en Belgique ou en Finlande. (Cf. Les Échos, 16/02/2011) Cherchez l’erreur... ou le mensonge.

Dans son rapport de janvier 2005, la Cour des comptes notait : « Comme le démantèlement, la production et le stockage des déchets sont étroitement liés à la politique nucléaire future, c’est une vue d’ensemble, dont le défaut se fait sentir. ».

Donc, pas de vue d’ensemble. On ne sait pas où on va, mais on y va... Et ce, depuis les origines de « l’aventure nucléaire ».

Communiqué, 17 février 2011


Contact : Jean-Marie Matagne, contact@acdn.net, 06 73 50 76 61

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