lundi 21 février 2011

De Denis Robert au G20, en passant par notre prétendue naïveté


Caleb Irri

Il y a quelques jours, on apprenait la fantastique victoire de Denis Robert face à Clearstream, sans bien sûr que cette nouvelle ne fasse la une dans nos journaux télévisés traditionnels…Enfin rien d'étonnant. Et puis aujourd'hui, monsieur Christian Noyer, président de la banque de France, explique dans “lemonde.fr” à l'occasion du G20 (qui se tient ces vendredi et samedi) qu'une taxe sur les transactions financières n'est pas envisageable actuellement, car tous se précipiteraient alors illico vers les paradis fiscaux.

Comment ne pas faire la relation entre ces deux évènements, qui expliquent pourquoi les émeutes de la faim et la misère augmentent en proportion de l'augmentation des bénéfices bancaires? Et comment ne pas faire le lien entre les révolutions du Proche et du Moyen-Orient et les débats actuels sur l'Islam en Europe ?

Car Denis Robert l'avait pourtant bien expliqué : si nous voulons faire cesser tout cela, il n'y a qu'à regarder à l'intérieur de ces chambres de compensation, pour que les paradis fiscaux tombent d'eux-mêmes, ou réciproquement. Nous y trouverions à la fois les trafics de drogues, d'armes et d'êtres humains, nous y verrions transiter les commissions occultes et les milliards volés par les dictateurs, nous stopperions d'un seul coup l'augmentation de la misère, les injustices sociales, et aussi les guerres.

Mais tout ceci n'arrivera pas. Car ce n'est pas la révolution ni même l'anarchie qui s'ensuivraient, mais un tel chaos que c'est le monde entier qui se verrait transformé. Et tout cela sans compter que c'est ceux-là mêmes qui ont le pouvoir de changer les choses qui ont le moins d'intérêts à ce changement : on s'apercevrait alors de la corruption de la plupart de nos « élites »

Et puis surtout, comment croire qu'il en puisse être autrement, à partir du moment où nous acceptons sans rien faire un système injuste qui ne peut créer que de l'injustice ? Tout est pourtant si clair et si logique….Alors que des voix s'élèvent pour proposer une régulation plus forte, des taxes et des garanties sur la finance, que notre président affirme lutter contre les paradis fiscaux, pour l'investissement ou pour l'emploi, il faut nous attendre en réalité à voir se fermer encore un peu plus le robinet du crédit, et augmenter l'enrichissement d'un petit nombre contre celui d'un (beaucoup) plus grand.

Mais cet état de fait est aussi de notre responsabilité. Nous savons tous qu'en nous soumettant au système actuel nous participons à la misère du plus grand nombre, et nous savons également qu'en le remettant en cause nous risquons de modifier les éléments de notre propre confort. En supprimant les paradis fiscaux ou en contrôlant les chambres de compensation, ce n'est pas seulement les banques et leur pouvoir que nous attaquons, mais le système capitaliste dans son ensemble, ainsi que l'injustice dont nous bénéficions avec elles.

Et puisque nous savons, nous avons le devoir de nous positionner. Soit nous décidons de réagir en préparant la suite, pour pouvoir un jour sortir de l'injustice structurelle de ce système, soit nous acceptons celle-ci, avec ses conséquences. Il faudra bien un jour cesser de faire les naïfs, et assumer notre choix.

Nous sommes responsables, car les solutions existent, et nous les connaissons : supprimer réellement les paradis fiscaux, ouvrir les lignes de compte chez Clearstream et les autres chambres de compensation internationale, pour remettre tout à plat.

Si comme je l'espère la majorité des citoyens de ce monde veut faire cesser tout cela, et s'engager sur une autre voie, il faudra d'abord qu'il se batte pour reconquérir le pouvoir, non pas seulement en faisant une révolution qui sera bien vite reprise en main par de nouveaux dictateurs corrompus, mais en préparant l'exercice de la souveraineté du peuple, à travers un projet concret, réfléchi en amont et démocratiquement choisi, comme à travers la création d'une Assemblée Constituante. Cette Assemblée doit fonctionner selon des règles définies et acceptées par le peuple, et un questionnaire en ligne est disponible à cet effet, ainsi qu'un forum permettant à tous de se réunir pour réfléchir, ensemble, à l'avenir que nous comptons offrir à nos enfants.

Caleb Irri


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