L’éditorial
À qui échappe-t-il, aujourd’hui, qu’il y a une grosse campagne médiatique, particulièrement avec le support de très nombreux sondages, en faveur de Dominique Strauss-Kahn. Une telle obsession me fait penser que certains décideurs, politiques, financiers, médiatiques, craignent grandement que le peuple oublie trop vite le directeur actuel du FMI. Pour résumer ce début d’éditorial, je peux dire que je trouve très suspecte cette floraison d’opinion publique. Ou, autrement dit encore, qu’il y a une belle manipulation.
J’ai déjà dit dans un article précédent, que je ne voterai pas pour DSK, s’il est choisi comme candidat du parti socialiste. J’en expliquerai les raisons plus en profondeur au cours des semaines et mois à venir.
Ce qui m’intéresse plus et que je souhaite partager avec vous, lectrices et lecteurs, ce sont les sondages. Comment croire encore au sérieux de ces études ? Nous avons tous vus, ces derniers temps, que si l’un des sondages donnait DSK en baisse, un autre, tout de suite, le donnait à la hausse. Amusant, non ? Mais sérieux ? Que nenni, en tout cas selon moi. On sait très bien qu’un sondage va fluctuer en fonction de la personne ou du parti politique qui le commande et paye. On sait que le résultat ne sera pas du tout le même selon le type de question qui sont posées au « panel » choisi.
J’ai suivi, jeudi 17 février, « C dans l’air ». L’émission, ce soir-là, avait pour titre « Que croire des sondages ». On aime ou on n’aime pas cette émission, mais il est un fait, c’est qu’on y apprend pas mal de choses, si tout au moins nous avons la capacité de conserver notre esprit critique. Ce soir-là, j’ai appris qu’une « proposition de loi portée par les sénateurs Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS), a été adoptée ce lundi à l’unanimité par le Sénat, contre l’avis du gouvernement. » (Source France 5 – C dans l’air)
Je dois avouer que, là, je tire mon chapeau à messieurs et mesdames les Sénateurs ! Il était plus que temps d’introduire le contrôle sur les sondages, les sondeurs et leurs clients. Que dit ce projet de loi qui ne plaît ni au gouvernement ni aux instituts de sondage : « ce texte prévoit notamment d’étendre les obligations à l’ensemble des "sondages politiques", et non plus uniquement à ceux ayant un lien à un scrutin. L’identité de l’acheteur et du commanditaire des enquêtes devra être communiqué. De même, lors de leur première publication, les conditions de réalisation, l’intitulé des questions dans l’ordre, la marge d’erreur, ainsi que les chiffres bruts avant leur redressement devront être rendus publics ». (Source France 5 – C dans l’air)
Il est intéressant, l’aveu de Hugues Portelli appuyé par Jean-Pierre Sueur : « Comme les sondages prennent de plus en plus de place dans le débat public, il faut qu’ils soient transparents et élaborés selon des méthodes fiables, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui", renchérit Jean-Pierre Sueur ». (Source France 5 – C dans l’air) Nous étions donc parfaitement fondés de douter de la valeur des sondages qu’on nous sert à longueur de semaine.
L’un des intervenants, Dominique Reynié, politologue et professeur à Science-Po Paris regrettait que ce projet de loi ait été adopté à l’unanimité par le Sénat. Son argument principal, en substance, revenait à ceci : « Pourquoi ne pas laisser la liberté aux acteurs du secteur ». La naïveté du propos m’a fait me poser pas mal de questions. Était-il sérieux ? Pour un politologue, n’est-il pas un peu « angélique » ? Fait-il partie des ultralibéraux à l’américaine ? Car enfin, nous voyons dans de très nombreux domaines, notamment financiers, que sans contrôle, la nature humaine, égoïste et profiteuse, reprend le dessus chez le grand nombre de « décideurs ». Cette liberté, dans les affaires, cette liberté de tout faire et de faire n’importe quoi, amène obligatoirement à l’appauvrissement des masses pour le plus grand bénéfice des privilégiés. Cette fausse liberté est en fait la pérennisation de la loi du plus fort. Je ne doute pas, pour ma part, qu’il en est de même parmi ceux qui dirigent les instituts de sondage.
Je ne dis pas que tous les résultats de sondages sont malhonnêtes. Mais comment ne pas s’étonner et même éclater de rire, lorsqu’un sondage BVA-LCI en date du 9 février, dit que 52 % des Français voudraient la démission de Michèle Alliot-Marie et que, dès le lendemain 10 février, un autre sondage, Sofres pour Canal+ affirme que 64% des Français sont contre une telle démission ! Magnifique, non ?!
Ce projet de loi doit, à présent, passer devant les députés. Nul doute que devant l’opposition du gouvernement, et l'on comprend très bien pourquoi à 15 mois des prochaines élections, il s’agit tout de même d’avoir les mains les plus libres possible pour manipuler le peuple français, il n’y a pas grande chance que ce texte soit voté par des députés « droits dans leurs bottes ». Le contraire serait une énorme et divine surprise ! Mais, que ce texte ne soit pas présenté devant les députés ou qu’il soit rejeté par la majorité UMP, cela démontrera qu’il faut absolument ne pas se baser sur les sondages pour construire notre opinion. Nous sommes nombreux, tout de même, à avoir notre propre avis, sans tenir compte des sondages, fort heureusement, mais nous savons aussi que le nombre de ceux qui se laissent influencer ou se laissent manipuler est bien trop grand. Ce qui remet, une fois de plus, en cause la réalité de la démocratie en France.
Les nouveautés de la semaine
Lundi 14 février
« Tremblez tyrans », de Jean Dornac
Tremblez tyrans
Que vous soyez de Tunis
Du Caire ou de Paris
Que vous commettiez vos méfaits
A Moscou, Pékin ou Washington
A Jérusalem ou Alger
Mardi 15 février
« Quand le cœur se met à table », de Ode
Quand le cœur se met à table
Tenant sa plume en main
Il parle de lui
Il parle de ses amours
... Il se raconte ...
Mercredi 16 février
« C’est un trop long silence », de Michel Bénard
C’est un long silence qui perle
Sur la toile écarlate,
Un mystère diaphane
Qui s’incline humblement
Sur la mémoire sombre
Jeudi 17 février
« Le fenêtre est ouverte », de Dominique Dupuy
Fenêtre ouverte,
Pluie d’été sur la glycine,
Il l’enlace avec douceur
Tendresse.
Vendredi 18 février
« Mère réveille-toi », de Mouloudi Mustapha
De mon coin insalubre
Mère à toi je m’adresse
Sous le poids du lugubre
Je plonge dans la détresse.
Samedi 19 février
« Le rôle des poètes », article de Jean Dornac accompagné d’une pétition en faveur de la libération de la poète colombienne Angye Gaona.
D’hier à demain en passant par toujours, quel est le rôle des poètes ? Sont-ils d’impénitents rêveurs cherchant à fuir les réalités de leur temps ? À voir dans quel oubli, parfois dans quel mépris, ils sont tenus par la société, on pourrait penser que ce sont des êtres inutiles. Et il est vrai que pour les affaires, pour le PIB, pour la consommation délirante, ils ne servent à rien, ou presque.
Dimanche 20 février
« L’ardeur de la mort », de Victor Varjac
L’ardeur de la mort
ne laisse que des cendres
et la vie rendue à la poussière
sur la feuille du jour
doucement s’éparpille
Bonnes lectures
Jean Dornac
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