Chris
Depuis plusieurs années nous le disons : « Nous sommes solidaires du peuple palestinien non seulement parce que ce qu’il subit est inadmissible, mais aussi parce que c’est notre avenir à tous sur cette planète. Si la résistance est vaincue en Palestine, plus rien ni personne n’arrêtera l’empire ».
La Palestine est le miroir du monde. Mais un miroir qui a un peu d’avance. Le monde se transforme à l’image de la Palestine. Et de plus en plus vite. L’empire du fric[1] a fait de la Palestine son laboratoire pour étudier la façon de vaincre la résistance à l’oppression. Son terrain d’entraînement pour mettre les populations en cages. Mais l’être humain aussi y étudie comment résister. Et depuis plus de 60 ans ! Les Palestiniens ont donc une expérience inappréciable dont nous devons nous inspirer plutôt que vouloir leur donner des leçons. Toutes les populations du monde seront soumises à « l’occupation », si elles ne prennent pas en mains leur destinée. Si elles ne prennent pas exemple sur les Palestiniens.
La Palestine nous aide à comprendre, entre autres, qu’il n’y a que le courage qui permet de vaincre. Le courage est contagieux et il s’est répandu dans les pays où l’occupation est la plus féroce (exemple : en Égypte, l’état d’urgence est en vigueur depuis 30 ans ! oui, depuis 1981).
Tant que personne ne résiste, cette occupation est « furtive ». Un despote local sert de pion à l’empire, qu’il s’appelle Ben Ali, Moubarak ou Sarkozy. Il fait travailler sa population pour enrichir toujours plus des comptes toujours plus virtuels. La TV et les beaux parleurs aux ordres aident le peuple à croire que ses souffrances sont dues à « la crise », ou aux étrangers, ou aux islamistes, etc. Le jeu du million, les drogues, la religion, le sport, etc. aident à croire que c’est un mauvais moment à passer, que chacun aura sa chance, pour peu qu’il ferme sa gueule.
Mais si la population entre en résistance, alors, le système montre son vrai visage et n’hésite pas à user de toute la violence nécessaire à un soi-disant rétablissement de l’ordre et de la « sécurité ». L’occupation est alors « flagrante ». Car, prévoyant l’inévitable, l’empire ne cesse de renforcer les systèmes de répression, les services secrets, les sections spéciales, tout un fumier de dispositifs, personnels et matériels qui vont mater toute révolte.
Que ce soit sous la forme d’un régime autocratique ou d’une démocratie d’opérette, le pays – et le monde – est occupé, en réalité, par l’empire du fric.
Oui mais l’empire a un problème : il ne se contrôle pas. Sa logique est simple, faire du fric. Mais elle est trop simple, justement. Il n’y a RIEN d’autre qui compte ( ni les morts, ni les horreurs de la guerre, ni l’injustice, ni l’absurdité, ni même l’avenir des enfants de ceux qui semblent diriger le monde). Et c’est pour ça que ça ne peut pas durer.
Pour être durable, il lui faudrait un contrôle. Rester dans certaines limites. Les limites seraient déterminées par une étude sur le taux d’exploitation des populations. Un taux raisonnable permettrait de s’enrichir tout en laissant une petite partie des profits pour garantir à la « classe travailleuse » (working class) de quoi survivre. Un taux très raisonnable laisserait même de quoi vivre dignement. Dans la pauvreté mais dans la dignité. Alors là, oui, ça pourrait durer. Les gens ne sont pas fous. Ils ne vont pas aller mourir s’ils ont de quoi vivre.
Mais cette logique, sans contrôle, amène à une accélération sans fin et la société va droit dans le mur. À cette vitesse qui augmente exponentiellement.
La situation des populations, au niveau planétaire, est devenue tellement critique que plus rien ne pourra arrêter le mouvement qui s’est mis en marche. Les populations de Tunisie, Égypte, Bahrain, Yemen, Lybie, Jordanie, etc... montrent qu’il est possible de dépasser la peur, lorsque la vie n’a plus la moindre valeur.
Quand un homme s’immole par le feu, ce ne peut être quelqu’un de « dérangé » psychologiquement. Mais quand il s’agit de plusieurs individus, c’est le signe que des millions sont prêts au sacrifice suprême pour essayer de mettre fin à ce système inhumain.
Pour les sceptiques - et c’est normal qu’ils le soient [2] - je voudrais juste rappeler que c’est exactement ce qui s’est passé en 1789. Jusqu’au 14 juillet de cette année-là, personne n’y croyait. Cela a quand même changé la face du monde. Pas pour très longtemps, c’est vrai. Mais pourquoi ? Parce que c’était dans un seul pays. Alors que nous avons la chance de pouvoir participer à l’abolition de l’injustice et de l’exploitation au niveau planétaire.
Vaincre l’empire du fric, c’est chercher à construire une société à visage humain.
Vive l’Intifada mondiale.
Chris
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