Les échos de la révolution égyptienne et tunisienne continuent à retentir dans le monde arabe, de la Lybie à l’extrême sud de l’Arabie. Après plus de quarante années de gestation et de fermentation politique et culturelle, les peuples arabes ont pris confiance en eux, ont fait tomber le mur de la peur et se sont « mis debout ».
Vont-ils totalement réussir à se débarrasser des dictatures militaires, des monarchies tribales et des oligarchies taillées sur pièces qui les soumettent depuis plus d’un siècle ? S'il est encore trop tôt pour répondre par l’affirmative, cela ne relève désormais plus de l’impossible !
Les dictateurs s’accrochent et espèrent museler le peuple en organisant quelques massacres au Yémen et à Bahreïn et un grand en Lybie ! Ils fondent cet espoir sur le silence assourdissant d’un certain occident qui a peur d’une grande démocratie arabe.
Cinq cents cinquante Libyens ont été tués en trois jours, dont 250 bombardés par l’aviation. Pourquoi aucune réaction digne de ce nom n’est parvenue aux oreilles du Dictateur ? Parce que la Lybie a des accords avec l’Europe pour lutter contre l’immigration clandestine africaine. Parce que le régime libyen a monnayé sa « respectabilité » en acceptant de ne plus financer les organisations soupçonnées de terrorisme. Cela rappelle le silence devant le massacre bien plus dévastateur de plus de 2000 palestiniens bombardés à Gaza par la « démocratie » d’Israël, il y a deux ans.
Par ailleurs, les États-Unis d’Obama, après avoir rendu hommage à la démocratie naissante en Égypte et en Tunisie, posent leur veto à la résolution présentée par les Palestiniens à l’ONU condamnant le développement des colonies.
Autrement dit, en pleine révolution arabe, les Palestiniens n’ont pas droit à la démocratie ! Le symbole est énorme, Obama est petit.
Les conditions de la réussite
Il ne suffira pas de se débarrasser des dictateurs et de leurs régimes pour que la révolution arabe soit accomplie. Il faudra réussir la refondation de l’histoire arabe à partir des espoirs portés par la jeunesse initiatrice de cette révolution. Il faudra réussir la construction d’une démocratie véritable qui leur permettra de se débarrasser de toutes les anomalies qui empoisonnent les sociétés arabes depuis trop longtemps. Ce qui revient à mener la bataille culturelle, celle des valeurs et de l’acceptation de l’autre.
Cette réussite est la condition sine qua non pour que les sociétés arabes puissent enfin se retrouver autour d’un projet politique, social et culturel commun, qui recueille l'adhésion de tous les « Arabes, hommes et femmes » indépendamment des confessions, des religions, des tribus et des régions. Ce projet devra convaincre que seuls les concepts politiques porteurs de valeurs telles que citoyenneté et laïcité peuvent garantir une réelle démocratie et une égalité de tous en droits. Des valeurs sans lesquelles la démocratie n’est pas possible.
La révolution et la Palestine
Il incombera aussi à la révolution arabe de régler la question palestinienne !
Cette révolution sera en effet boiteuse tant que la question palestinienne, trop longtemps ignorée des gouvernements arabes actuels, n'aura pas trouvé une solution juste. Nous savons que ceci ne sera pas facile. Parlons-en prochainement.
Nabil El-Haggar
Universitaire
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