C’est l’argument choc, qui se veut imparable, de celles et ceux qui tiennent absolument à ce que l’on aille voter : « Si tu ne votes pas pour un parti républicain, tu fais le jeu du Front National ». Qui n’a pas entendu cet argument ? Au-delà de l’aspect « civico-moral » ou « moralo-civique » de l’acte de voter il y aurait des raisons arithmétiques !... Examinons cela de plus près.
Ce qui aurait tendance à faire répondre oui à la question peut se résumer à cette courte démonstration : « Si
l’on s’abstient de voter, c’est forcément, arithmétiquement, le FN qui y
gagne – en pourcentage - puisque les militants FN eux votent ! ». La conclusion s’imposerait donc : il faut voter pour éviter que le FN
ait des élus. CQFD. Problème : mais alors, voter pour qui ? La question
est essentielle car c’est justement la trahison, l’impuissance et
l’incompétence des « partis dits républicains » qui
poussant l’exaspération de certains citoyens à son comble, les acculent à
céder aux sirènes des démagogues néofascistes qui eux promettent tout
et au-delà…
Bien sûr il n’y a pas que les grands partis qui se présentent et qui nous mènent en bateau depuis des années (UMP/centristes, PS/écologistes). On a le choix pour d’autres formations politiques… Mais
le système politique électoral et médiatique fonctionne de telle
manière que l’on sait à l’avance quel sera le résultat… Tout est fait
pour que le bipartisme assure la pérennité du système… La prime, en cas de grippage du système, allant, in fine aux plus démagogues : aux néofascistes. C’est ainsi que la crise de 1929 se « résout » au 20ème siècle… avec les conséquences que l’on sait.
Il faut aussi se poser la question de « Pourquoi vote-t-on pour le FN ? Qui vote pour lui ? »
Il est évident que toutes celles et tous ceux qui votent pour lui ne
sont pas des fascistes. Lassés par les partis politiques au pouvoir
depuis des décennies, ils finissent par céder à la réflexion simpliste
et pleine de dangers : « Essayons le FN pour voir »…
et c’est ainsi que le néofascisme accède légalement au pouvoir…
Rappelez-vous les années 1930 en Allemagne !... Quoique bénéficiant, in fine,
de l’appui des puissants qui craignent la déstabilisation politique et
sociale, c’est sur les plus maltraités de la société que s’appuie le
néofascisme pour asseoir sa légitimité, promettant bonheur, grandeur et
prospérité…
D’où la crainte de l’abstention
de ce parti, car celle-ci exprime le refus de sa démagogie. Les craintes
appuyées d’une abstention massive formulées par les dirigeants du FN
montrent clairement la force de celle-ci – entre autre - à son égard.
Concevoir l’abstention comme une simple crise de colère est aussi
stupide – quoique moins dangereux - que de voter FN pour régler ses comptes avec les « grands partis ».
Par contre, concevoir l’abstention comme un refus de cautionner un
système qui nous conduit à la catastrophe, comme un refus de donner une
légitimité aux politiciens qui nous mentent, est une attitude citoyenne
responsable.
L’abstention ne favorise pas le Front National, elle est, actuellement, au contraire, le meilleur remède contre lui.
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