Ces quelques lignes sont destinées à rassurer
les amis qui s’inquiètent de mon silence. Je suis très honoré de leur
inquiétude. Je leur dis ce que l’expérience de la lutte apprend : après
le choc, il faut donner son temps à la poussière pour retomber.
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Aux conditions actuelles, parce qu’elle est en dynamique, rien ne peut plus barrer la route de madame Le Pen.
Mieux : le fruit va lui tomber tout droit dans la bouche. Toute la
décomposition en cours du champ politique, ou bien alimente directement
son fond, ou bien emporte sans combat les digues qui s’y
opposeraient. La physique de l’Histoire n’a d’ailleurs jamais fonctionné
autrement. Les grands mouvements comme les petits ne sont pas
linéaires. Ils suivent des lignes de croissance ou décroissance
saccadées où des pics succèdent à des paliers. Les prochains condiments
qui vont alimenter le suivant pic sont en place. D’un côté l’implosion
de l’UMP, libérant de vastes pans de sympathisants de tous niveaux, de
l’autre la débilité de l’équipe au pouvoir et de ses supplétifs
entretenant tous les ingrédients d’une implosion autrement plus
dangereuse : celle de l’Etat. Que les auto-flagellant se rassurent, je
ne nous oublie pas dans ce tableau. Notre score à l’orée du nouveau
cycle politique ne nous permet pas d’être l’alternative dans le chaos
qui s’avance. Faisons bref. Commençons par l’aveu qui libère chacun de
ses responsabilités : tout est de ma faute. Deux cent professeurs
cyclotrons, au moins, des deux sexes, sont prêts à en faire la
démonstration. Ils sont également prêts à faire don de leur personne
pour incarner dorénavant la cause. Quatre cent autres sont prêts à leur
tirer dessus en toute amitié sitôt qu’ils se mettraient à la tâche. Une
fois cette mortification rituelle accomplie, je préfère souligner, pour
le lecteur rapide ou le journaliste pressé qui recopie sans lire, que je
n’en crois pas un mot. Pour moi, c’est dans la pente des évènements
qu’il faut chercher la cause des dynamiques en cours. Et c’est là que se
trouvent les solutions à éprouver. Que nous ayons échoué jusqu’à ce
point ne signifie nullement que nous y étions condamnés. Ni que pour
soutenir nos raisons d’alors et la justesse de l’entreprise d’alors nous
nous interdisions de passer à autre chose, à explorer d’autres chemins.
Le fil conducteur de notre action ne doit pas être dans la momification
des cadres qui l’ont porté mais dans l’audace qui nous a fait les
imaginer. La première réponse au moment, c’est la volonté de ne « rien
lâcher » et, pour cela, d’être vigilant, à l’affut de toute brèche qui
viendrait à s’ouvrir dans le mur qui nous enferme actuellement. Et s’il
le faut, on creusera avec les doigts.
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Je ne suis guère optimiste à cette heure. Notre faiblesse nous rend la tâche plus difficile encore qu’elle l’était. Nulle pièce ne bouge. Le gouvernement a confirmé son cap ultra droitier en même temps que son rabougrissement. C’est une stratégie frontale sans les moyens. Les chefs solfériniens se disent qu’il n’y a pas « d’envie de gauche » en regardant les scores de chacun. La déduction n’a pas trainé. C’est cette affaire de seuils sociaux a supprimer… Au PS, les agitations n’iront pas plus loin que d’habitude, sinon en volume sonore. Chez les Verts, le Centre a une attraction plus grande que la nôtre après le résultat des européennes, et cette stratégie entre en résonance avec celle des solfériniens. Mais, bien sûr, tout peut aller bien mieux que je viens de le dire et nous ne manquons pas de moyens pour qu’il en soit ainsi. L’idée d’une majorité alternative à gauche reste le cap à suivre. Sinon quoi ? Mais on ne peut plus en exagérer les chances de succès. La patience sera donc la vertu cardinale. À mes yeux, le plus important est de trouver la veine porteuse pour l’assaut suivant. Car nous nous remettrons en position de conquête. Pour ma part, je n’ai pas l’intention de rester les deux pieds dans le même sabot, même si je vais profondément remanier mon dispositif personnel.
Dès lors, la dynamique à trouver n’est ni dans nos colloques, pourtant indispensables, ni dans nos innovations organisationnelles, pourtant tout à fait souhaitables et toutes bienvenues. Elle est dans la société. Là où deux tiers des citoyens inscrits tournent le dos à une scène dont l’issue les indiffère, sinon qu’ils la souhaitent très cruelle pour ceux qui s’y agitent.
Tiré de l'article entier " Pendant que la poussière retombe " du 30 mai 2014 -
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Je ne suis guère optimiste à cette heure. Notre faiblesse nous rend la tâche plus difficile encore qu’elle l’était. Nulle pièce ne bouge. Le gouvernement a confirmé son cap ultra droitier en même temps que son rabougrissement. C’est une stratégie frontale sans les moyens. Les chefs solfériniens se disent qu’il n’y a pas « d’envie de gauche » en regardant les scores de chacun. La déduction n’a pas trainé. C’est cette affaire de seuils sociaux a supprimer… Au PS, les agitations n’iront pas plus loin que d’habitude, sinon en volume sonore. Chez les Verts, le Centre a une attraction plus grande que la nôtre après le résultat des européennes, et cette stratégie entre en résonance avec celle des solfériniens. Mais, bien sûr, tout peut aller bien mieux que je viens de le dire et nous ne manquons pas de moyens pour qu’il en soit ainsi. L’idée d’une majorité alternative à gauche reste le cap à suivre. Sinon quoi ? Mais on ne peut plus en exagérer les chances de succès. La patience sera donc la vertu cardinale. À mes yeux, le plus important est de trouver la veine porteuse pour l’assaut suivant. Car nous nous remettrons en position de conquête. Pour ma part, je n’ai pas l’intention de rester les deux pieds dans le même sabot, même si je vais profondément remanier mon dispositif personnel.
Dès lors, la dynamique à trouver n’est ni dans nos colloques, pourtant indispensables, ni dans nos innovations organisationnelles, pourtant tout à fait souhaitables et toutes bienvenues. Elle est dans la société. Là où deux tiers des citoyens inscrits tournent le dos à une scène dont l’issue les indiffère, sinon qu’ils la souhaitent très cruelle pour ceux qui s’y agitent.
Tiré de l'article entier " Pendant que la poussière retombe " du 30 mai 2014 -
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