Gilles Devers
Le
scénario était écrit d’avance. Il n’existait en Libye aucune force
politique pour renverser le régime. Donc… Mais Kadhafi, à la tête de la
riche Libye, finançait nombre d’institutions africaines et
anti-colonialistes, et il fallait donc le dézinguer.
Le pétrole n’était
pas l’enjeu car Kadhafi vendait gentiment à tous ceux et sans poser de
questions à qui payait. Ce bad man était
impitoyable avec tout ce qui ressemblait à un opposant, et il s’était
enfermé dans les habits d’un personnage grotesque. Bref, il était devenu
une cible facile. Et quand le clan des crapules de l’OTAN a décrété
qu’il devait être renversé, il ne s’est trouvé personne pour le
défendre. La Ligue arabe s’est empressé de le suspendre, et de toute
l’Afrique, rien de sérieux n’est sorti. Lamentable.
Oui,
mais les faits sont là : Kadhafi avait établi une paix durable dans
cette Libye partagée entre trois grandes régions – Tripolitaine,
Cyrénaïque, et Fezzan – et cet Etat faible et fantasque tenait le
territoire. Aussi, il était clair que rien, rien, rien n’autorisait un
groupe d’Etats étrangers – l’OTAN – nourris de plus vieille carne
impérialiste, à renverser le régime, ce qui été fait en aout 2011.
Aujourd’hui, on voit le résultat.
Le
pays est à feu et à sang. Il n’existe plus aucun pouvoir d’Etat, malgré
des élections factices du 25 juin, ce qui montre à nouveau que les
élections en sont en rien la condition de l’Etat de droit. Les
ambassades occidentales – les maquerelles de l’OTAN – déguerpissent
comme des minables. La population est à l’abandon, alors que le feu
menace Tripoli. Ce soir, personne ne peut assurer la sécurité de
Tripoli. La seule perspective réaliste est la désagrégation de la Libye.
À pleurer.
Alors,
et parce que – et dès le premier jour – j’avais ici dénoncé cette
guerre illicite, je vous livre bien volontiers les cocoricos de l’époque
de nos petites coqs et petites poules,… qui voudraient que l’on vote
pour eux.
Nicolas
Sarkozy en pétait son pantalon : « La France continuera de se tenir au
côté du CNT et de tous les Libyens pour achever la libération de leur
pays de l’oppression et de la dictature, et les aider à réaliser leurs
aspirations à la liberté et à la dignité ». Elle est où la France, ce
soir ?
Le
grand dépressif mondain, Alain Juppé, alors ministre des affaires
étrangères, était pas mal non plus, en se « félicitant des risques
calculés pris par la France », et ajoutant : « La cause était juste. La
France a été la première puissance à reconnaître le CNT et nous sommes
déterminés à nous engager à ses côtés ». ? Oki, blaireau cravaté. Tu
proposes quoi, ce soir, avec ta détermination en caoutchouc ?
Quant
à la gourdasse en cheffe de la gauche moderne et progressiste, Martine
Aubry, elle s’affirmait alors « heureuse que la France ait été à
l’initiative ». Et quand le journaliste lui demande s’il s’agissait
d’une victoire pour Sarko, la reine de la nuit socialiste répondait :
« Oui, je crois que ça l’est, parce qu’il s’est engagé au bon moment. On
sait que ça avait été un peu tardif pour la Tunisie et pour l’Egypte ».
Tant de perspicacité…
Je garde pour la fin, notre Master Bouffon, l’inénarrable El Blancos, qui
déclarait puissamment : « La France est forte et belle quand son action
est juste, à la hauteur de son Histoire et de ses valeurs » pour
conclure en saluant « le rôle prépondérant de Bernard-Henri Levy ».
Merci El Blancos, mais, ce soir, qu’envisage la France « belle et forte » pour la population libyenne ?
Bonne nuit les petits… Une jolie place vous attend dans les poubelles de l’Histoire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire