mercredi 30 juillet 2014

Vol MH17 : la mystérieuse marche arrière de la propagande occidentale

Le Yéti              

Mardi 22 juillet. Quelle mouche a bien pu piquer le département américain de la défense et les agences de presse occidentales (Reuters, Associated Press) pour changer aussi diamétralement le ton de leur communication et de leurs dépêches sur l’affaire du vol MH17 de la Malaysia Airlines ?

Sans se soucier des sentences sans appel lancées par le président Obama avant même le début de l’enquête, au risque d’humilier le secrétaire à la Défense Kerry qui prétendait deux jours plus tôt avoir « les preuves accablantes » de la culpabilité des insurgés ukrainiens et de la Russie, Reuters et Associated Press opéraient une surprenante marche arrière toute qui tranchait avec l’agressivité échevelée de la veille.

Reuters, 22 juillet :
« Selon les estimations de responsables du renseignement américain, les séparatistes pro-russes ont probablement abattu accidentellement l’avion de ligne malaisien à l’est de l’Ukraine. Cependant, les États-Unis ne savent pas exactement qui a tiré le missile sol-air. »
Associated Press, 22 juillet :
« Il n’y a pas de lien entre le gouvernement russe et la chute de l’avion. Si vous nous demandez, qui a tiré le missile : nous ne connaissons pas le nom, nous ne connaissons pas le rang, nous ne sommes pas encore à cent pour cent sûrs de l’origine du tir»

La propagande démentie par la réalité

Si les accusations ne vont pas encore jusqu’à se retourner contre leurs auteurs, le rétropédalage est manifeste. C’est qu’entre-temps beaucoup d’eau est passée sous le pont de l’enquête. Sans souci des vociférations d’une propagande démentie par la réalité.
  • Les corps des victimes ont été dûment rendus par les insurgés ukrainiens aux autorités néerlandaises. « Entreposés dans de bonnes conditions », comme l’a reconnu Peter Van Vliet, expert médico-légal hollandais présent sur place. Bien loin des accusations de saccage dont les accablait le camp occidental.

  • Les boîtes noires de l’avion du vol MH17 ont été régulièrement remises par les mêmes insurgés à la Malaisie. Suffisamment « intactes et en bon état » pour que le colonel Mohamed Sakri, du Conseil de la sécurité nationale malaisienne, les en félicite. Bien loin des soupçons de manipulations abondamment répercutés par les médias.

  • Enfin, le 23 juillet, le Conseil néerlandais de sécurité (DSB) annonçait qu’il prenait le contrôle de l’enquête sur le crash avec un groupe de 24 experts internationaux, dont des Ukrainiens et des Russes. Bien loin des insinuations d’entraves à toutes investigations qu’auraient exercées les rebelles.
Depuis cet étrange retournement du 22 juillet, la retenue est de mise sur le drame du MH17. Les communicants occidentaux préfèrent polariser l’attention sur d’autres terrains (des accusations d’interventions directes de l’armée russe contre les forces de Kiev, par exemple). Préparerait-on déjà les foules à une discrète inversion de culpabilité sur le crash ?

Autorités et médias mainstream occidentaux ridiculisés

En attendant d’en savoir un peu plus sur les tenants et les aboutissants de cette tragique histoire, de premiers enseignements peuvent en être tirés. Et ils ne sont guère glorieux pour le camp occidental.
  • Les autorités occidentales ont confirmé une propension à l’amateurisme et à l’infantilisme qui est le propre des puissances acculées (cf. aussi les fiascos syrien, libyen, irakien, afghan…). Les « preuves accablantes » du secrétaire d’État Kerry — où sont-elles ? — ne firent guère que rappeler le lamentable épisode des armes de destructions massives irakiennes qui fit la honte du général Colin Powell en février 2003.

  • Les médias dits “mainstream ont achevé de se ridiculiser et de se discréditer en relayant sans la moindre nuance les éléments de langage que leur distillaient les autorités. Entre insinuations grotesques et documents à charge bidonnés (entre autres, la vidéo diffusée par France 2 où l’on voit un camion lance-missiles “Buk” attribué aux insurgés… mais, comme cela s’est vérifié ensuite, filmé en territoire contrôlé par les forces régulières de Kiev).

Garder le sens de la mesure

Une fois de plus, il ne reste plus guère que les réseaux du Net pour tenter de démêler le vrai du faux dans le fatras des rumeurs et des mensonges paranoïaques propagés par les médias mainstream. Le Net pour faire pendant à la propagande institutionnelle.
À ce sujet, on ne saurait trop conseiller aux lecteurs curieux d’aller lire les hypothèses pointilleuses de Jacques Sapir sur la question[1] . Il y démontre comment le Boeing, étant donné son altitude et sa vitesse, n’a pas pu être abattu au-dessus de sa zone de chute (en territoire rebelle), mais au moins 30 km auparavant (c’est-à-dire, étant donnée sa trajectoire, au-dessus d’un territoire contrôlé par l’armée régulière ukrainienne).

Laissons, comme on dit, l’enquête suivre son cours et rappelons juste qu’en ces temps exacerbés où un vieux monde aux abois cède de mauvais gré sa place à un monde d’après encore incertain, il est une qualité qui devrait s’imposer à chacun : le sens de la mesure.

Notes

[1] 3 billets de Jacques Sapir :

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