Gérard Filoche
Gattaz veut tout remettre en cause à l’Université du Medef :
12 mesures « turbo » de plus de destruction sociale, Smic, seuils
sociaux, impôt à 75%…
Le président du Medef Pierre Gattaz, s’est moqué encore une fois du
« Pacte de responsabilité », et a lancé un nouveau pavé dans la mare. Il
prépare l’Université d’été du Medef comme un « round » avec le
gouvernement, Valls ayant annoncé sa présence.
« La situation économique du pays est catastrophique. La croissance
n’est pas là ! Il n’y a plus d’investissement et plus d’embauche »,
dramatise-t-il dans un entretien au Figaro paru lundi 21 juillet.
Evoquant le pacte de responsabilité qui vient d’être pourtant voté par
les députés, il annonce attendre « la phase 2 ». « Le noyé a été ramené
sur la plage, il faut le réanimer », a-t-il dit. Pierre Gattaz exerce un
chantage : que « nos gouvernants obtiennent auprès des employeurs et
des investisseurs français et étrangers leur confiance. » Il exige une
remise en cause complète du pacte de responsabilité, tel qu’il est
défendu par le président de la République et Valls. C’était pas la peine
de vanter le « sommet social » des 6 et 7 juillet.
Le président du Medef exige qu’Hollande mange son chapeau jusque dans
les détails. Il propose de commencer par dire « clairement que l’on va
abandonner dès maintenant la taxe à 75 % sur les très hauts revenus. »
Estimant que « le pacte seul ne suffira pas à redresser la France »,
Pierre Gattaz annonce qu’une « douzaine de mesures turbo pour
générer de l’emploi rapidement » seront présentées à l’université d’été
du Medef.
12 destructions sociales de plus
« Il faut regarder le sujet des seuils sociaux (obligations sociales
liées au nombre de salariés, NDLR), parler de l’interdiction du travail
le dimanche et après 21 heures. Le niveau du Smic doit pouvoir être
discuté avec les partenaires sociaux, pour que les populations très
éloignées de l’emploi – 1 million de chômeurs n’ont pas vu une
entreprise depuis deux ans au moins – puissent retrouver un travail »,
a-t-il ajouté. Smic jeune, sous smic, CE, DP, CHSCT, DS, tous les droits
syndicaux vont valser. Comme si tout cela avait une quelconque
incidence sur l’emploi, là ou les patrons n’utilisent délibérément que
70 % de leurs capacités productives et préfèrent placer leur argent dans
la spéculation et la rente aux iles Caïman.
Déjà Valls a fait un coup d’état contre nos finances publiques, pour
plaire à Gattaz. 41 Milliards pour les patrons, 50 milliards en moins
pour nos besoins publics. Ce qui veut dire en résumé que pendant que les
actionnaires se doreront la pilule aux Caïmans, les éclisses seront
défaillantes sur le réseau ferré de France. Pendant que les plans
sociaux se multiplieront, les services publics déclineront, l’argent
coulera à flots pour les patrons. Mais là le Medef sent le gouvernement
Valls si veule, tellement à plat, démoralisé, qu’il se lâche sans même
attendre le retour de ses valets de droite UMP : il exige tout et tout
de suite, en finir avec les 35 h, avec le code du travail, travailler le
dimanche, de nuit, baisser les salaires en plus des retraites, ne plus
payer d’impôts, c’est l’hallali…
Ils vont vous baisser les salaires : « 30 % de moins » - ce
qui a été fait en Gréce avec les resultats catastrophiques que l’on
sait.
Voilà l’objectif recherché par tout les moyens : baisser les salaires
augmenter les dividendes. Augmenter le chômage pour augmenter les
profits. Baisser les impôts pour hausser les marges. François Hollande a
avoué qu’il ne voyait pas l’horizon s’éclaircir, que le chômage allait
continuer de monter : il s’est donc enfermé dans la spirale suicidaire
que lui impose le patronat. Le Medef l’a compris et n’arrête plus,
encore, encore, encore. On en est à 6 millions de chômeurs toutes
catégories confondues outre mer inclus : ca ravit Gattaz, c’est son
moyen de chantage préféré, ça et la fameuse « dette » qu’il faut
rembourser aux banquiers…
Ils vont nous faire un deuxième budget catastrophique à la grecque
pour 2015. Non pas que ce soit nécessaire pour l’économie : au contraire
cela induit la récession. Mais il s’agit de casser les droits sociaux,
et les statuts des salariés, salaire et durée du travail. Rien de plus,
rien de moins.
Car Hollande lui donne raison et capitule encore plus dans l’analyse :
il reprend les seuls chiffres « libéraux », la seule comptabilité
patronale, et le 21 juillet il s’est interrogé sur le retour aux 3 % de
déficits, avouant que le ralentissement économique n’était « pas impossible » et que la croissance pouvait encore « s’affaiblir ». Il a insisté sur les « épreuves » et les « difficultés », s’est inquiété des « forces obscures qui travaillent la société française » et a reconnu que « les gens n’y croient plus ». (En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/politique-societe/politique/0203658841688-francois-hollande-se-montre-plus-sombre-sur-letat-du-pays-1026809.php?OEU12YYY1EdPbFRW.99) Hollande alimente le sentiment d’une « impuissance du politique » à laquelle, jure-t-il, il ne « se résout pas »… mais il renonce aux résultats !
Il disait qu’il devait être « jugé sur les résultats », c’est
fini : finie l’inversion de la courbe du chômage, fini l’espoir de
redistribuer, il faut boire la coupe jusqu’à la lie, il n’y a « pas de
chance » avant 2017. Mais pas question de changer : il affirme qu’il
ira jusqu’au bout dans cette voie, dans ce suicide, dans cet échec : « pour que le pays aille mieux ». Un membre du gouvernement explique : « S’enfoncer
dans la problématique des résultats serait une erreur. Il n’y a pas de
réponse de court terme. Il faut montrer le sens. L’enjeu, c’est le
redressement. » Ca revient a une fuite en avant
vers le cimetière de la gauche. C’est un renoncement à résister au
pillage, aux exigences sans fin de la finance, des actionnaires, du
Medef. C’est plier l’échine jusqu’au bout.
Cette épouvantable erreur d’orientation du gouvernement Valls qui
prend aux pauvres pour donner aux riches, qui alimente le chômage pour
assurer les marges, le Medef veut l’user jusqu’au bout, à chaud. Il
tient Hollande, il serre la corde autour du cou. Après il n’y aura plus
qu’à jeter les servants discrédités auprès de leurs électeurs trahis,
ils perdront les régionales, malgré leur tentative désespérée d’en
changer la règle du jeu au Monopoly Sim city. Puis ils perdront la
présidentielle et les législatives, et basta, ce qui restera d’ossature
sociale ils demanderont à l’UMP FN de l’achever en fanfare : Sécu,
retraites, Sncf, Edf, services publics…
Le seul courage serait de dire « puisque le patronat ne veut rien entendre, on va s’appuyer sur le salariat »
Puisque Gattaz ne veut rien accepter, rien signer, rien partager des
malheurs du pays, on va s’appuyer sur les forces vives de ceux qui
produisent les richesses et qui n’en reçoivent pas la part qu’ils
méritent. Après tout les salariés c’est la base de la gauche, ce sont
nos électeurs, ils sont majoritaires, ce sont ceux qui attendaient le
changement en mai juin 2012. On aura tout fait pour que le patronat y
participe, on va faire sans lui :
- augmentation immédiate du Smic et de tous les salaires
- embauche de centaines de milliers de nouveaux fonctionnaires
dans les hôpitaux, les écoles, les travaux publics, les transports, les
communications, les équipements collectifs, les services de contrôle
- réforme fiscale avec une progressivité de l’impôt direct (IR
IS), avec des mesures exceptionnelles sur les dividendes et le 1 % de
ceux qui possèdent 25 % du pays : traque massive des 80 milliards de
fraude fiscale, des 590 milliards d’avoirs français dans les paradis
fiscaux, fin des « optimisations fiscales »
- reconstruction d’un droit du travail protecteur, contre la
précarité, contrôle des licenciements, droit syndicaux renforcés, en
marche vers les 32 h, les 30 h, retour aux 60 ans.
En quelques mois, la confiance sera revenue, le gouvernement sera
plébiscité, la relance se sentira vite, les carnets de commande se
rempliront et même les équilibres budgétaires s’amélioreront au lieu de
décliner.
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