Ahmad Moussa
La dernière guerre israélienne contre Gaza et les décisions ultérieures
prises par l’Autorité palestinienne démontrent la nécessité de dissoudre
ce relais de l’occupation, explique Ahmad Moussa.
Depuis la mort de l’ancien président
de l’Autorité palestinienne, Yasser Arafat, le Fatah et l’Autorité
palestinienne persistent à affaiblir la lutte palestinienne pour
l’autodétermination. Nonobstant le fait que le problème a commencé à
faire surface après qu’Arafat ait embrassé le « processus de paix » et
la voie des « négociations » avec la signature des Accords d’Oslo,
l’Autorité palestinienne est criblée de corruption et elle apparait de
plus en plus comme une direction clairement cooptée qui ne sert en rien
les intérêts palestiniens.
Le Hamas a remporté les élections démocratiques en 2006, rendant
officiellement - grâce aux résultats des élections suivies et validées
par la Fondation Carter - illégitimes le Fatah et l’Autorité
palestinienne pour gouverner le peuple palestinien. Néanmoins, comme
dans le cas de la « Nakba », le nettoyage ethnique des Palestiniens en
1948, l’histoire se répète à nouveau avec la complicité de la communauté
internationale, et cette fois-ci c’est en maintenant l’Autorité
palestinienne en place et en refusant de reconnaître le choix
démocratique ou les aspirations du peuple palestinien .
En raison de cette collusion internationale, la Nakba continue d’être
s’appliquée administrativement et militairement par Israël, et ce avec
l’appui de l’Autorité palestinienne qui joue le rôle de relais.
Depuis la victoire électorale du Hamas en 2006, la bande de Gaza est
sous blocus, sous le coup d’une punition collective, paralysant le
développement de du territoire assiégé économiquement et
géographiquement depuis huit ans dans le cadre de la campagne globale de
la Nakba et d’un génocide progressif des Palestiniens.
De plus, la bande de Gaza a été soumise à trois campagnes militaires
dans le laps de ces huit années, la dernière étant l’opération protective Edge
dans le cadre de cette politique de violence et de génocide lent - le
tout avec l’aide directe ou indirecte de l’Autorité palestinienne et
même de certains autres pays arabes qui choisissent de s’engager dans
« la coopération de sécurité » avec l’occupant israélien pour saper le
droit sacré des Palestiniens à la résistance.
La restauration de l’autodétermination commence par la nécessité d’un leadership légitime
Sur ce qui subsiste du territoire de la Palestine historique, la
bande de Gaza est la seule partie du territoire qui n’a pas de présence
israélienne, en raison de la résistance du Hamas qui a conduit à un plan
de désengagement en 2003, dirigé alors par Ariel Sharon. La popularité
du mouvement est le résultat de ce fait, lequel se reflète dans les
élections de 2006.
Dans le cadre du plan israélien pour saper et détruire la résistance
au moyen d’un blocus soutenu au niveau international, l’agression de cet
été a fait faire un bond à la popularité du Hamas, grâce à sa
résistance et à sa défense des droits du peuple palestinien. Juste après
l’accord de cessez-le feu entre le Hamas et Israël, la Cisjordanie a vu
400 hectares de ses terres saisies - ce qui représente la plus grande
quantité de terres volées depuis 30 ans - et l’émission de 283 appels
d’offres pour de nouvelles unités coloniales d’habitation.
Si l’on écarte le fait que l’unité palestinienne entre le Hamas et le
Fatah a été à son meilleur niveau lors de l’agression israélienne,
cette unité est encore une fois menacée par le gouvernement du Fatah.
Une requête pour une enquête pénale internationale sur les crimes de
guerre commis par Israël a été bloquée par l’Autorité palestinienne, ou
plutôt le gouvernement du Fatah dirigé par Abbas - ceux que toute la
communauté internationale s’obstine à voir comme les seuls représentants
du peuple palestinien.
Même Israël - qui a été condamné comme un État terroriste au cours de
cette campagne militaire - se livre à une enquête sur des crimes de
guerre commis ( indépendamment de la douteuse crédibilité des résultats
attendus) et le Hamas a approuvé le principe d’une enquête
internationale, ce qui signifie pourtant la possibilité que certains de
ses membres soient soumis aussi à des enquêtes (de la CPI).
Last but not least, Human Rights Watch a accusé Israël de
crimes de guerre à Gaza, démontrant une nouvelle fois la nécessité d’une
enquête internationale. Compte tenu de cela, qu’en est-il de l’Autorité
palestinienne et du Fatah et de leur statut de « représentants
légitimes du peuple palestinien ? »
Le Hamas a déclaré publiquement qu’il était prêt à négocier
directement avec Israël si c’était nécessaire, ce qui signifie deux
choses : tout d’abord ; si « négociations » il y a, elles ont besoin
d’être conduites avec les représentants légitimes des Palestiniens.
Deuxièmement, il est temps pour le peuple de Cisjordanie de réfléchir à
la question du droit à l’auto-détermination, de décider s’il veut voir
ce droit sauvegardé ou compromis par ceux qui facilitent la poursuite de
la Nakba, faisant de la Cisjordanie une annexe du Grand Israël. Même
certains Israéliens ont su montrer un minimum de solidarité avec les 43
réservistes qui ont déclaré refuser de servir l’armée d’occupation et
qui protestent contre les violences faites aux Palestiniens.
S’il doit y avoir une troisième Intifada, elle devra inclure le
peuple palestinien de Cisjordanie, qui s’élèvera alors contre le
gouvernement dirigé par le Fatah de Mahmoud Abbas. Celui-ci en effet ne
fait que contribuer à maintenir la Palestine dans un état permanent
d’occupation et de dépossession. Telle sera la véritable restauration de
l’unité palestinienne, pour une seule cause : le droit à
l’autodétermination.
* Ahmad Moussa enseigne en tant que professeur invité, à l’université de Duhok, dans le Kurdistan irakien
http://www.middleeasteye.net/column...
Traduction : Info-Palestine.eu - al-Mukhtar
Photo : A défaut de pouvoir gérer un Etat, Abbas et sa clique gèrent un
appareil pléthorique de "sécurité" dont la principale fonction est de
faire le sale boulot de l’occupant israélien.
Info Palestine
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