Xavier Beulin,
le président de la FNSEA, a fustigé ce mercredi les opposants au
barrage de Sivens, ces "jihadistes verts" présentés comme un
mouvement pacifique et extrêmement bien organisé.
Djihadistes verts donc, Talibans verts ou Khmers verts… on notera ici, sur la palette des craquettes
tout en nuances, le subtil rapprochement lexicologique avec tout ce qui
est censé foutre la pétoche dans les chaumières de France. Manquent au
tableau, pédophiles verts ou terroristes verts et l’on aura à peu près
couvert le champ non point agricole mais sémantique des fantasmes urbi
ruraux et orbi urbains.
Faut dire à la décharge de Beulin et pour continuer dans la
personnification imagée, ce petit Pol Pot du nitrate et de
l’agroalimentaire trafiqué, qu’en termes de manifestations pacifiques de
la FNSEA, ce pollueur-casseur-pas-payeur, le commis agricole de
Monsanto en connaît un rayon.
Petit florilège non exhaustif dressé par Isabelle Sénécal :
Mais après tout « djihadistes verts » pourquoi pas et plutôt que
d’aller mourir pour les Saoud ou je ne sais quelle arnaque impérialiste
en Syrie, autant que la jeunesse mène courageusement le combat
vert ici, pour préserver notre maison commune, cette seule planète
assez peu renouvelable. Et du courage, il en faut, comme de passer
l’hiver dans une cabane, une yourte ou sous une tente.
En son temps, les musicos des « négresses vertes » retournèrent
l’insulte en marque de fabrique revendiquée. J’aime assez qu’au final,
la peur change de camp et que le peuple retraité, biberonné à la
propaganda des télés poubelles, commence à regarder sous son lit, des
fois qu’un écolo égorgeur ne s’y planquerait pas.
Tant au final, on ne finit par ne respecter que ce que l’on craint.
Certes la violence c’est mal. Et tandis que le productivisme effréné
envoie à la casse des centaines de milliers de gens d’un simple
claquement de doigt, il nous faut bien admettre que raser une forêt pour
rien ou pour quelque arrangement spéculatif entre copains, c’est quand
même bien moins grave que de briser holala la vitre d’une banque multi
assurée dont on a déjà grassement remboursé la dette.
Car dans l’échelle de nos valeurs libres et non faussées, l’oxygène
c’est quand même nettement moins vital qu’un distributeur à sniffer du
billet.
Pas de violence non, pas casser, pas moufter, au pays des bisounours
et des Gandhi aplatis, juste se laisser tabasser en silence, et se faire
éborgner, matraquer, cracher dessus par des petits Valls au petit
menton, ces sales petites frappes à la carrière pliée dans la soie ; ces
vigiles serviles du nouvel ordre mondial au profit de quelque uns et au
détriment de tous.
Que Thierry Carcenac, digne représentant de ce socialisme notable en
putréfaction se rassure, si «mourir pour des idées…c'est quand même
relativement stupide et bête», il en est confortablement préservé. La
dernière idée du dernier neurone de cette sorte de gestionnaire
pourrissant sur pied consiste à conserver ses privilèges, à sacrifier le
patrimoine commun à l’intérêt particulier.
Mourir à 20 ans pour des idées est un noble et triste gâchis, comme mourir à 40 d’un cancer des poumons, du à l’épandage intensif de pesticides.
Mais du point de vue des abeilles, les sentinelles de notre propre survie, c’est Rémi qui est vivant et Carcenac qui est mort.

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