À cette question digne
du café du commerce, personne ne sait vraiment répondre, si ce n’est
peut-être les professionnels de la presse, du livre, du cinéma, du
disque et des loisirs de tous poils, qui voient dans la petite lucarne
un concurrent redoutable, dans la mesure où elle capte désormais 3h30 du « temps de cerveau disponible ».
Le livre « TV lobotomie »
(Max Milo), écrit par le neuroscientifique et chercheur à l’INSERM,
Michel Desmurget, ne traite pas de cette dimension commerciale, mais
propose un état des lieux de tout ce que les scientifiques savent sur
les liens entre la consommation télévisuelle et les attitudes,
comportements et capacités des téléphages.
La première certitude
issue de cette analyse de plus de 4.000 études et articles
scientifiques, est que la télévision est particulièrement nocive pour
les très jeunes enfants. Ce ne sont pas les programmes qui sont en
cause, mais le fait que la télévision n’est pas interactive, ce qui a
des conséquences sur l’éveil, l’apprentissage du langage qui implique le
dialogue avec un autre être vivant, la capacité à vivre en groupe, la
prise en compte du réel et, in fine, la réussite scolaire et celle de la
vie d’adulte.
L’ouvrage de Michel Desmurget
fait notamment référence à deux études qui donnent à réfléchir. La
première démontre clairement les effets négatifs de la télévision sur le
développement des 0-3 ans, qui ne regardent pas nécessairement la
télévision, mais passent beaucoup de temps dans une pièce où elle est
simplement allumée ! La seconde souligne une forte corrélation entre
l’augmentation de la pénétration de la télévision dans les foyers
américains sur 20 ans et la forte baisse des résultats obtenus aux tests
d’admission dans les universités américaines sur la même période.
Le second enseignement de cette « méga étude » est que les programmes proposés ont des effets démontrés et importants sur les comportements des consommateurs
de télévision en matière de nutrition, de tabagisme, d’alcoolisme, de
violence ou de sexualité mal maîtrisée, notamment chez les adolescents,
mais pas uniquement.
Puisqu’il n’est ni souhaitable ni possible
d’interdire la télévision et totalement inutile d’empiler des lois
nouvelles sur des lois non applicables, comment prendre en compte ces
vérités scientifiques sur les effets de la télévision ? La première
réponse est l’information. Ce ne sont pas les enfants de 3 ans qui
utilisent la télécommande, mais leurs parents, soit pour avoir un peu de
tranquillité, soit parce que, en toute bonne foi, ils pensent que
certains programmes contribuent à l’éveil et à l’éducation de leurs
chères têtes blondes.
La seconde réponse
est à chercher du côté de l’offre. Pour ne prendre que quelques
exemples, la bonne santé du livre pour enfants, la vitalité des
magazines à centre d’intérêt et les scores surprenants que réalisent
beaucoup de films, démontrent que des offres attractives peuvent
toujours séduire face à la télévision, même si elles sont payantes et
demandent quelques efforts.
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