Wikileaks a déjà publié 61 000 documents fuités (dépêches,
e-mails et autres communications numériques) et il aurait encore en
réserve un demi-million de documents secrets.
Wikileaks n’a pas dit comment il s’était procuré ces
documents, mais on sait que les réseaux informatiques du gouvernement
saoudien ont été piratés en mai et que cette intrusion a été revendiquée
par « la Cyber armée yéménite ».
Les documents ont été écrits et envoyés par une grande variété de
personnes appartenant, entre autres, aux ministères des Affaires
étrangères et de l’Intérieur, à l’Intel saoudien et aux ambassades
saoudiennes. Ils contiennent beaucoup de secrets et ils sortent à un
moment particulièrement difficile pour Riyad qui doit gérer en même
temps sa guerre contre le Yémen, sa guerre par procuration contre la
Syrie, l’escalade de la rivalité régionale avec l’Iran et le problème
croissant que posent les extrémistes violents de l’État islamique et
d’al-Qaïda.
Les médias du monde entier ont parlé des documents secrets que
détient Wikileaks et cela embarrasse énormément le Royaume qui a
recommandé à ses citoyens de les « ignorer ». Le régime affirme que ces
documents sont frauduleux et ont probablement été forgés par les
Israéliens ou les Iraniens pour nuire au pays, et qu’il ne faut surtout
pas les lire.
Il serait sans doute possible de falsifier ou de forger une centaine
de documents, mais un demi-million ? Rappelez-vous, quand Wikileaks a
publié sa précédente série de documents, dont la plupart étaient très
embarrassants pour les gouvernements américain et britannique, ni la
Maison Blanche ni le 10 Downing Street n’ont prétendu qu’ils étaient
faux, ils ont juste pris des mesures juridiques contre Julian Assange,
la tête de Wikileaks, et l’ont forcé de se réfugier à l’ambassade
d’Équateur à Londres pour ne pas être extradé vers les États-Unis où un
châtiment sévère l’attendait.
Tout cela est-il une « conspiration » pour salir l’Arabie Saoudite ?
La réponse est « oui » et cela ne devrait pas surprendre Riyad qui ne
cesser d’interférer dans les affaires intérieures d’autres pays, de
mener à des guerres de l’information et de fomenter des machinations
politiques. Il n’est donc pas étonnant que quelqu’un, quelque part, ait
décidé de riposter.
L’Arabie saoudite n’est pas un Etat insignifiant, il est l’un des
plus puissants et influents du monde musulman. Il se distingue par un
total manque de transparence doublé de la terreur de voir ses zones
d’ombre exposées à la lumière. C’est le plus grand exportateur de
pétrole au monde, il abrite les deux sites les plus sacrés de l’Islam et
il est le patron incontesté de l’OPEP, de la Ligue arabe et de l’OCI.
Il devrait surtout s’inquiéter de la facilité avec laquelle ses
ordinateurs ont été piratés. On aurait pu croire que le régime avait
installé toute la cyber-sécurité nécessaire à la suite de la première
série de révélations de Wikileaks et de l’affaire Christopher Snowdon.
Qui sait, les hackers ont peut-être été aidés par quelqu’un qui
connaissait les procédures de sécurité entourant l’infrastructure
numérique du Royaume. On se rappelle que le ministre des Affaires
étrangères, le Prince Saud Al-Faisal a démissionné il y a quelques mois,
après avoir été en poste pendant plus de 40 ans.
* Abdel Bari Atwan est le rédacteur en chef du journal numérique Rai Alyoum : Vous pouvez le suivre sur Twitter : @abdelbariatwan
21 juin 2015 - RAï al-Yaoum - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.raialyoum.com/?p=275459
http://www.raialyoum.com/?p=275459
Traduction : Info-Palestine.eu - Dominique Muselet
Info Palestine
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