Le
crime a été signé par des graffitis en hébreu « vengeance » et « le
prix à payer » sur les murs de la maison. Les faits ont eu lieu dans la
nuit de jeudi à vendredi, peu après minuit, dans le village de Douma
près de Naplouse, au nord de la Cisjordanie.
La famille Dawabcheh, un
jeune couple et ses deux enfants dormaient paisiblement. Deux assassins
se sont approchés, et ont jeté dans la maison des produits incendiaires.
Un désastre. Ali, le petit bébé de 18 mis est mort brulé vif, et la
mère, Riham, 26 ans, a été atteinte de graves brûlures sur 0% du corps.
Le père Saad et l’autre fils Ahmed, 4 ans, ont été aussi grièvement
brûlés, tous devant être hospitalisés.
Le
lieutenant-colonel Peter Lerner, porte-parole de l'armée israélienne, a
déclaré qu’une enquête avait été ouverte, et qu’il s'agissait de « rien
de moins qu'un acte de terrorisme barbare ».
Netanyahu a dénoncé un acte terroriste, et a appelé Abbas pour lui dire
que la justice israélienne serait intraitable. En soirée, Abbas a
déclaré « douter qu'Israël mette en œuvre une véritable justice »,
ajoutant que « les Palestiniens déposeraient samedi un nouveau dossier
pour crime de guerre devant la Cour pénale internationale ».
Tout ceci est écœurant, de A à Z.
Un crime, ce sont des faits et un contexte, toujours.
Le contexte, c’est celui du mépris des droits du peuple palestinien depuis 1947 et la colonisation organisée par tous les gouvernements israéliens depuis 1967, pour miner l’avenir d’un Etat Palestinien. C’est le radicalisme de Netanyahu qui jeudi encore autorisait 300 constructions nouvelles. Le contexte, c’est donc 70 ans de politique sioniste.
Les
faits ? Ils sont hélas simples, et encouragés par l’impunité. En mai,
l'ONG israélienne Yesh Din a publié un rapport selon lequel 7,4%
seulement des plaintes déposées par les Palestiniens contre les
violences des colons conduisent à des poursuites, dont un tiers débouche
sur une condamnation. Donc 2%. Hier, Ban Ki-moon a critiqué le
gouvernement israélien pour son « incapacité persistante à faire cesser l'impunité » des colons.
Aussi, la question qu’il faut poser, au lieu de déclarations tonitruantes
maintes fois entendues, est simple : alors que ce crime a été commis en
Palestine, pourquoi le gouvernement palestinien n’exige-t-il pas de
juger lui-même les auteurs ?
Les
dirigeants palestiniens dénoncent à longueur d’année les crimes commis
par la puissance occupante et l’impunité qu’elle organise avec méthode,
mais jamais l’Etat de Palestine n’a engagé lui-même les poursuites,
organisant une instruction judiciaire, lançant des mandats d’arrêts et
prenant à témoin l’opinion mondiale devant un Etat d’Israël qui
refuserait de lui livrer les criminels… Soixante-dix ans de violation
des droits, et pas un seul procès,… il a quand même de sérieuses
questions à se poser !
Dans
cette affaire, les colons sont partis se terrer dans leurs colonies, et
ce n’est pas la police palestinienne qui ira les débusquer. Certes.
Mais alors que Netanyahu a annoncé un enquête exemplaire, pourquoi le
gouvernement de Palestine n’a-t-il pas ouvert lui-aussi une information
judiciaire commis contre ses ressortissants et sur son territoire, et
demandé que les criminels lui soient livrés ? Pourquoi renoncer à
l’idée de juger les crimes des colons ? Des décennies de colonisation,
de crimes, et jamais le début d’un procès... C’est sidérant, et ça
montre ce qu’il en réellement de la volonté d’exercer le pouvoir d’Etat.
C’est un constat, cruel et tellement parlant.
Quant
à l’histoire de « transférer ce dossier à la CPI », arrêtons la
mascarade. Il ne s’agit pas de « transférer le dossier » mais de porter
plainte, et malgré la ratification de traité de la CPI, qui est
pleinement compétente depuis juin 2014, le gouvernement de Palestine n’a
toujours pas déposé plainte pour l’agression miliaire commise il y a un
an sur Gaza, avec 2000 morts, de blessés graves par milliers, et des
destructions de masse de biens civils. C’est donc un transfert
d’information sans plainte, et le seul but est de duper de l’opinion...
et discréditer la CPI. Alors qu’il s’agit de défendre les droits les
plus fondamentaux, ces gesticulations sont pitoyables.
Qu’Abbas
commence donc par déposer plainte contre Netanyahu pour les 300
constructions nouvelles annoncées jeudi, au nom du crime de colonisation
(CPI, art. 8,2,b,viii). Là, on le prendra au sérieux... mais ce n’est pas demain la veille.
Actualités du Droit
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