Le 9 juillet 2015, l’adoption en dernière lecture de la loi
Macron a donné lieu à un incroyable déni de démocratie. Par la voix du
député de l’Isère François Brottes, le gouvernement a accepté dans la
loi un amendement qui n’avait rien à y faire pour faciliter
l’implantation de CIGÉO, ce projet d’enfouissement en profondeur des
déchets les plus radioactifs. L’ensemble de la loi a ensuite été adopté
en court-circuitant le débat parlementaire par le recours au 49-3.
Un déni de démocratie dans la droite ligne des actions du lobby nucléaire en France
Cela faisait déjà plus d’un an que des partisans de l’enfouissement
des déchets radioactifs essayaient de faciliter sa mise en œuvre par
tous les moyens. Pas moins de treize amendements sur ce sujet
avaient été introduits dans différentes lois généralistes (la loi de
« Transition énergétique pour la croissance verte », puis la « Loi
d’activité et de croissance », dite Loi Macron). À chaque fois, ces
« cavaliers législatifs » (= amendements sans rapport avec la loi dans
laquelle ils étaient glissés) avaient pu être retirés.
Or le 9 juillet, alors que la Loi Macron devait être adoptée par le
recours au 49-3, le député de l’Isère François Brottes a fini, au nom du
gouvernement, par accepter l’introduction dans la loi d’un nouvel
amendement pro-CIGÉO déposé par le sénateur de la Meuse Gérard Longuet.
L’enfouissement des déchets, sujet grave qui impactera une région
entière pour des milliers d’années, a donc donc été validé en quelques
heures, devant une audience restreinte et sans débat. De manière
spécieuse, sachant que CIGÉO va coûter plusieurs dizaines de milliards
d’euros, François Brottes [1] a justifié ce choix d’accélérer la procédure par le prétexte des difficultés financières d’Areva !
Ce passage en force se situe dans la droite ligne du déni de
démocratie dont ont fait preuve l’Andra (Agence pour la gestion des
déchets radioactifs) et les autorités depuis des années : mépris des
conclusions du débat public de 2005, qui refusaient l’enfouissement ;
mépris de l’opposition légitime d’un grand nombre d’habitants de la
région et des résultats sans appel d’un référendum citoyen il y a
quelques années, mépris des générations futures qui devront supporter
les conséquences désastreuses de l’implantation de CIGÉO… Il en va
malheureusement de même pour l’ensemble de l’industrie nucléaire : EPR
imposé sans débat préalable, promesse électorale bafouée sur la
fermeture de Fessenheim...
Un coup tordu pour éviter un débat parlementaire
La loi de 2006 sur les déchets radioactifs prévoyait qu’une loi
spécifique soit discutée et votée pour définir certaines spécificités de
l’enfouissement, notamment le concept de "réversibilité" du stockage
des déchets. Par l’acceptation de cet amendement et son vote au 49-3, le
gouvernement et les parlementaires pro-CIGÉO ont réalisé là un
inacceptable passage en force qui leur permettra de sauter cette étape.
L’autorisation de construire CIGÉO sera donnée sans demander l’avis des
parlementaires, contrairement à ce qui était prévu initialement.
L’article 201 de la Loi Macron impose, sans discussion, sa propre
définition de la réversibilité : il s’agirait d’une possibilité de
revenir à tous moments sur les décisions antérieures. Cette définition
est tellement vague que chacun pourra mettre ce qu’il veut derrière et
qu’elle pourrait affranchir l’exécutif et la technocratie de tout regard
législatif et citoyen pour modifier l’inventaire des déchets, la durée
d’exploitation, la fermeture partielle et définitive des galeries tout
au long de l’exploitation de CIGÉO...
La Loi Macron entérine aussi la "phase pilote" plébiscitée par
l’Andra, qui n’est autre qu’une manière de commencer l’enfouissement par
petit bout pour mieux faire passer la pilule. Sur l’issue de cette
phase, aucune date, aucun cahier des charges : l’Andra a les coudées
franches et... le flou dont elle a besoin pour travailler toute seule
dans son coin, sans regard démocratique extérieur.
CIGÉO doit être empêché à tout prix
CIGÉO est un projet imposé dangereux, inutile et hors de prix, qui
doit absolument être empêché. S’il venait à être construit, la France
pourrait devenir la poubelle nucléaire de l’Europe, en vertu de la
directive européenne qui autorise le stockage de déchets d’autres
États-membres.
Il faut espérer que le Conseil Constitutionnel retoque cet article
201.
Il faut absolument empêcher l’implantation de CIGÉO et le Réseau
“Sortir du nucléaire“ apporte son soutien aux actions qui seront mises
en oeuvre contre ce projet, notamment la tenue d’un camp à Bure au mois d’août.
Texte de la loi : http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta-pdf/2934-1-art_49-3.pdf
Note
[1] Signe de sa proximité avec l’industrie nucléaire, François Brottes a depuis quitté son siège de député pour rejoindre… la présidence du directoire de RTE, gestionnaire du réseau de transport d’électricité et filiale d’EDF !
Sortir du Nucléaire
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