Si certains s’effarouchent qu’on ose parler de « guerre »
en gestation, d’autres s’y préparent activement, au point qu’il sera
désormais difficile d’échapper à un nouvel épisode tragique de
l’histoire.
Tout l’arsenal annonciateur d’une troisième déflagration mondialisée
est en effet méthodiquement mis en place par les autorités du vieux
monde en leur citadelle G7 assiégée :
- lois d’exception sur le renseignement légalisant l’écoute généralisée de tous les citoyens ;
- accords secrets verrouillant le champ de bataille économique (Tafta, loi sur le secret industriel…) ;
- mise sous tutelle des “alliés” récalcitrants (Grèce) ;
- persécution contre tout ce qui s’apparente à des migrants (forcément suspects, ceux-là finiront dans quelques sinistres camps qui n’oseront dire leur nom) ;
- militarisation forcenée des forces dits “de l’ordre” contre la colère montante de la piétaille ;
- ingérences militaires aux quatre coins de la planète et jusqu’aux confins de l’Europe (Ukraine)
- dérapages colonialistes au Moyen-Orient (Israël), saccage de l’Afrique…
Bref, il n’y a plus guère que le chœur affolé des autruches
pour s’égosiller à nier la réalité implacable de ces dangereux
préparatifs guerriers.
Barricades défensives
Ce que révèle l’examen de ces multiples foyers de déflagration, c’est d’abord l’isolement des élites du vieux monde,
de plus en plus coupées, non seulement d’un monde extérieur qui leur
est de plus en plus hostile, mais aussi de leurs propres populations
excédées par la désintégration du système censé les protéger et qu’elles
— les “élites” — sont bien infoutues de remettre sur pied (cf. les
cotes de popularité désastreuses de la plupart des dirigeants
occidentaux) ;
La course à la guerre de l’Empire tient aujourd’hui beaucoup
plus de la barricade défensive désespérée que d’une marche offensive triomphante
contre des adversaires terrassés d’avance.
Tous les fronts ouverts à ce jour en attestent :
- déconvenues occidentales à répétition sur les sites d’interventions localisées (Irak, Afghanistan, Libye, Syrie…) ;
- piétinements d’Israël au Moyen-Orient malgré une disproportion obscène des forces en présence ;
- développement ultra-rapide de l’État islamique ;
- montée en puissance, au sein même de l’Empire, d’actes de désobéissance civile (les Zad), de mouvements politiques hors système (Syriza, Podemos…), certes pénalisés par l’impréparation et la naïveté coupable de certains de leurs dirigeants (Tsipras), mais bien réels ;
- incapacité pour les autorités en place, malgré tous leurs efforts en ce sens, de maîtriser la toile mouvante des réseaux d’Internet, armes de sabotage massif, mais aussi de mobilisation séditieuse par excellence.
Une guerre non conventionnelle
Mais au fait, où sont les ennemis à anéantir ?
Assurément, la diabolisation de Poutine fait de la
Russie une cible quasi idéale pour un bon vieux conflit bien
traditionnel à l’ancienne. À condition d’oser employer des armes autres
que de stériles frappes aériennes, ce qui n’est pas gagné. Pour
l’heure, c’est bien Poutine qui a marqué tous les points, diplomatique
sur la Syrie (“accord” USA-Russie de septembre 2013), politique sur la
Crimée, et même aussi un brin militaire, indirectement, sur le Donbass.
C’est qu’il ne suffit pas à un Empire perclus de rhumatismes de s’en
remettre à des milices néonazies mercenaires pour triompher des
“barbares” à ses portes, ou pire, DANS ses murs.
Le cas de la nébuleuse islamique et de ses ramifications au cœur même des sociétés occidentales
atteste de ce cancer qui ronge ces dernières, sans qu’aucune de leurs
forces de l’ordre en escadrons, aucune de leurs armées en bataillons,
aucun de leurs diplomates en veine de coups tordus n’y puissent mais.
L’ennemi est à têtes multiples, invisible, mouvant, insaisissable.
Le cas d’Internet et de ses réseaux est à ce sujet
emblématique. Aucune écoute du NSA n’a empêché le moindre attentat. La
mise en isolement de leurs principaux animateurs (Assange, Snowden)
n’empêche pas les lanceurs d’alerte de continuer à sévir sur les Wikileaks and co. Et la “police internet
anti-haine” promise par un premier ministre français en phase critique
de burn-out fait juste doucement rigoler des hackers de plus en plus
audacieux.
Un lent pourrissement de l’intérieur
C’est que la guerre moderne ne se déroulera probablement pas entre deux armées
s’affrontant en rang ordonné de bataille, ni par des actes de gloriole
de quidams n’ayant que leur chemise blanche à opposer à des chars
d’assaut sur de quelconques places Tian’anmen (à la fin, c’est toujours
les chars d’assaut qui gagnent), mais par un lent pourrissement de
l’intérieur du vieux système, accéléré par des commandos de l’ombre
redoutables. Oui, le prochain conflit mondial risque fort d’être en
grande partie civil.
Aujourd’hui, c’est contre les “barbares” engendrés par lui-même sur
ses propres ruines que l’Empire occidental est contraint de se battre.
Et les chances d’échapper à la sordide phase militaire finale sont de
plus en plus infimes. Celle qui s’annonce aujourd’hui (et que certains,
de plus en plus nombreux, subissent déjà dans leur chair en différents
endroits du globe) pourrait bien se précipiter quand le cœur même de
l’Empire assiégé (ses bastions économique et financier en l’occurrence)
cèdera.
Inutile en tout cas d’espérer ramener à la raison une bande
d’oligarques
Folamour corrompus jusqu’à l’os et minés par la folie suicidaire qui
s’emparent des puissants lorsqu’ils pressentent leur fin. Leurs
comportements de plus en plus jusqu’au-boutistes et absurdes témoignent
abondamment d’un dérèglement mental
irréversible. Se heurtant comme mouches contre les vitres aux poudrières
par eux semées : la fin de la croissance infinie, l’épuisement des
ressources énergétiques, le dérèglement climatique… Les Romains de feu
l’Empire romain le savent bien : à la fin, ce sont les “barbares” qui
gagnent.
Ainsi meurent les civilisations exténuées. Par développement irrésistible des métastases cancéreuses en leur sein.
Nul ne sait ce que sera demain. Le monde d’avant est inéluctablement
condamné à mort, mais le camp des “barbares” d’en face est on ne peut
plus disparate, pas toujours ragoûtant, loin de là, faut bien dire. C’est pourquoi ceux
qui vivront ces moments tragiques feraient bien de s’y préparer
d’arrache-pied. Car nul monde d’après un tant soit peu vivable ne sortit
jamais du cervelet chancelant des autruches.
Le Yéti
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