En tapant le mot « Grèce » dans la
barre de recherche de mon blog, je suis retombé sur le premier billet
que j’ai rédigé sur la Grèce : « La Grèce… et après ? » .
Je dois dire que je fus quelque peu surpris d’y trouver, à peu de
choses près, la situation d’aujourd’hui, et surtout la confirmation des
deux alternatives proposées alors : la guerre ou la fin du capitalisme
(en tout cas sous sa forme actuelle).
En 5 ans à peine, la situation mondiale
s’est considérablement dégradée, jusqu’à nous permettre de constater à
quel point ces deux alternatives sont toujours aujourd’hui les deux
seules valables. Il y a la Chine d’un côté, et les Etats-Unis de
l’autre. En réalité cette situation correspond au refus de
« l’occident » d’accepter et de laisser faire le « retournement du capitalisme »
Mais les positions se sont renforcées
depuis 2010 : d’abord nous avons vécu des moments critiques avec
« l’affaire ukrainienne » qui nous a rapproché de la guerre, pour
ensuite risquer le chaos économique avec la Grèce qui nous a montré que
la démocratie est désormais considérée en Europe comme un « frein », un
« obstacle » à la bonne marche du capitalisme. Et ne pouvant se résoudre
(pour le moment du moins), à la guerre ou à la fin du capitalisme, nos
gouvernants travaillent désormais à la fin de la démocratie ; ainsi ils
pourront combattre la Chine avec les mêmes armes qu’eux, à savoir la
contrainte autoritaire.
Pour parvenir à transformer (voire à
supprimer) le capitalisme et imposer de nouvelles règles, il est
nécessaire de supprimer la démocratie. Pour se faire deux leviers : la
peur des terroristes (avec tous les amalgames et la propagande qu’on
connait), et la peur de la misère. Ces deux leviers sont nécessaires
pour faire accepter par la population les différents « sacrifices »
qu’on exige d’eux : la baisse de leur niveau de vie, ainsi que la
suppression continue de leurs libertés.
La troisième voie, celle qui
consistait à faire advenir une « véritable démocratie », est toujours
aussi faiblement soutenue et relayée, et on peut voir à quel point
toutes les initiatives citoyennes se sont ou ont été sabordées toutes,
une à une, jusqu’à ruiner tous les espoirs de ceux qui les défendaient :
il est trop tard maintenant.
Nous arrivons donc à une deuxième
phase, qui correspond en réalité à une logique bien établie : si nos
stratèges refusent de voir le système s’écrouler sans contrôle, dans un
grand fracas qui emporterait tout le système « occidental » (et eux
avec) vers une faillite totale, ils se préparent à combattre leurs
« ennemis » (leurs véritables ennemis sont économiques, pas religieux)
sur leur propre terrain, dictature contre dictature. L’objectif des
Etats-Unis est de créer une alliance objective avec l’Europe, dont les
frontières avec la Russie et les « ennemis » asiatiques constituent un
rempart à leur expansion « naturelle ».
Pour sauver l’Europe il ne s’agit donc
pas de laisser « sortir » qui que ce soit, et surtout pas la Grèce. Et
le fait qu’aussitôt après l’humiliation totale du gouvernement grec les
principaux acteurs de celle-ci s’interrogent publiquement sur la
possibilité d’un allègement de la dette - « qui n’en serait pas un mais
quand même » oblige à penser qu’en réalité monsieur Tsipras a peut-être
réussi son pari : celui de faire baisser le montant de la dette pour son
peuple. Il ne pouvait pas aller beaucoup plus loin, même si de toutes
les manières personne ne l’aurait contraint à sortir – car sortir signifie la fin de l’Euro, de l’Europe, et sans doute aussi la catastrophe dans le monde entier ; et on ne peut lui en vouloir de n’avoir pas voulu ça.
Car l’objectif de l’Eurogroupe n’est
pas de casser l’Europe ni l’euro mais de casser la démocratie. Tandis
que nos analystes redécouvrent les vertus de la dictature en matière
économique, nos politiques rêvent désormais presque tout haut d’une
gouvernance fédérale et d’une Europe autoritaire.
Pour obtenir cette gouvernance il leur faut soumettre tous les pays en les endettant non pas auprès de créanciers privés mais du « gouvernement européen », à travers la BCE qui rachète toutes les dettes et obtient ainsi de mettre des Etats entiers sous sa dépendance, comme un drogué vis à vis de son dealer.
Pour obtenir cette gouvernance il leur faut soumettre tous les pays en les endettant non pas auprès de créanciers privés mais du « gouvernement européen », à travers la BCE qui rachète toutes les dettes et obtient ainsi de mettre des Etats entiers sous sa dépendance, comme un drogué vis à vis de son dealer.
Une fois les Etats suffisamment
endettés, il devient alors facile d’exiger d’eux de renier la démocratie
pour imposer les diktats franco-allemands qui ont depuis longtemps
compris leur intérêt à s’allier aux Etats-unis puisqu'ils sont tous dans
le même bateau : si le dollar s’effondre l’Allemagne suivra, en
emportant les autres avec elle.
Et la démocratie n’est pas compatible avec le capitalisme.
On « aidera » donc les Grecs à
s’endetter encore, et puis on installera à sa tête des hommes de main
(les récentes déclarations de Varoufakis laissent à penser que c’est
déjà plus ou moins le cas), tout en poussant à l’adoption de nouvelles
règles pour l’Europe : « On va faire une autre Europe », qu’ils nous
crieront dans toutes les langues ! « Ne partez-pas, les anglais, ne
partez pas ! Bien sûr qu’on va vous accorder une place de choix ». Ainsi
qu’à la France, et sans doute sous domination allemande.
Ceux qui voudront sortir seront des fascistes inconscients, et ceux qui voudront faire une autre « autre » Europe de doux rêveurs pas bien dangereux !
Les nouveaux traités seront ratifiés, et quand l’Europe sera unie dans une sorte « d’empire » autoritaire, on passera alors à la phase trois : le remplacement du système financier actuel par un autre (si il y en a encore besoin), laissant pour compte les Chinois qui se désengagent tant qu’ils peuvent du dollar mais pas aussi vite qu’ils le voudraient.
Ceux qui voudront sortir seront des fascistes inconscients, et ceux qui voudront faire une autre « autre » Europe de doux rêveurs pas bien dangereux !
Les nouveaux traités seront ratifiés, et quand l’Europe sera unie dans une sorte « d’empire » autoritaire, on passera alors à la phase trois : le remplacement du système financier actuel par un autre (si il y en a encore besoin), laissant pour compte les Chinois qui se désengagent tant qu’ils peuvent du dollar mais pas aussi vite qu’ils le voudraient.
Il y a aussi la possibilité des « deux
Europes », ou d’une « Europe à deux vitesses », mais je vois mal comment
les plus riches feront sans la main d’oeuvre des plus pauvres, et
comment les plus pauvres feront sans les subsides des plus riches. C’est
toute l’Europe de l’est qui se mettrait alors sous la coupe de la
Russie
De son côté, la Chine se trouve
« malgré elle » embarquée dans des ennuis financiers qu’elle règle,
dit-on, d’une manière radicale, et se met peu à peu en position de
leader « du camp d’en face », avec les BRICS d’abord, mais aussi avec les nouvelles institutions destinées à s’opposer aux actuels FMI, Banque Mondiale et autres organes dirigés par les Etats-Unis.
En définitive, le monde est tel qu’il a
toujours été. Rien ne change, de grands empires se forment peu à peu
puis s’affrontent régulièrement, et avec les restes on recommence à
former de nouveaux empires autour des enjeux du moment, jusqu’au moment
où les tensions entre les deux plus gros deviennent si fortes qu’elles
finissent par éclater à nouveau. Le « problème européen » n’est en
réalité qu’une « donnée » géostratégique parmi d’autres et nous croire
le centre du monde est une grossière erreur.
Le fait n’est donc pas de savoir si nous nous relèverons mais plutôt dans quel état nous nous relèverons. De quelque côté qu’on se tourne le pire nous regarde, et il est impossible qu’il n’arrive pas.
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