La
loi, c’est la loi, notre meilleure amie, et notre devoir est de la
défendre. Aussi, quand Benoit ou Gertrude perd pied et se radicalise,
abandonnant la raison pour des théories destructrices, nous devons dire
stop. D’où ce drame de ma vie de brave petit couillon moraliste de la
Gauche bien-pensante : je vais devoir boycotter Elisabeth Badinter.
Nouvel épisode du feuilleton Badinter… Je ne parle pas du guignolesque Robert, qui s’est fait dézinguer à l’Assemblée nationale,
mais de Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité, qui est à nouveau partie
en guerre contre le voile, dénonçant l’islamisme des salafistes qui
serait en train de tout gagner. El Blanco s’est enthousiasmé pour ce discours « lumineux »… Wahou, ça craint.
Bon, mais le problème c’est que Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité est aussi une wonderfull business-woman chez Publicis.
La
douce et tendre Elisabeth, fille du fondateur du groupe Publicis,
Marcel Bleustein-Blanchet, est la première actionnaire du groupe,
contrôlant 13,88 % de l'entreprise. Une bonne affaire, avec 240.000 €
de rémunération par an, plus 5.000 € pour chaque conseil
d’administration. Mais surtout un joli capital, et ses fruits délicieux.
Lors de l’entrée en bourse de Publicis, Sœur Elisabeth de l’immaculée
Laïcité avait vendu 10% de ses actions pour 175,8 millions d'euros. Pourquoi pas : être patron et de Gauche, ça se mérite. Et saluons aussi le sens de la famille : les deux enfants, Simon et Benjamin dirigent
Médias & Régies Europe, une filiale qui s’occupe de la publicité du
Monde, de Libération, de la RATP ou de la SNCF, et œuvrent aussi pour Mediavision.
Ah l’école de la République… tout au mérite ! Pas glorieux quand on
passe son temps à faire la leçon aux autres... mais tout ceci, comme
dirait notre ami Chirac, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
Là où ça se complique, c’est que le Publicis de Sœur
Elisabeth de l’immaculée Laïcité vient de passer un marché pour aider
l’Arabie Saoudite à redorer son blason, un peu terni il est vrai. Un gros marché que se partagent Publicis, Image 7, Edile Consulting et une autre agence pas encore dépistée.
Pour ce travail moralement nickel, on trouve du joli monde, tout en (tur)lutte contre les intégristes…
Chez Edile Consulting, la patronne est Sihem Souid,
qui a été la porte-parole d'Arnaud Montebourpif, et qui pleurniche sur
la sympathique famille Saoud : « Les Saoudiens sont incompris des
Français, beaucoup de préjugés infondés sont véhiculés dans les médias,
ils veulent faire tomber ces clichés »
Chez
Publicis, celui qui mène la barque saoudienne est Roman Abreu, un
ancien de Delanoë, passé par le cabinet de Fabius, avant d’atterrir chez
Publicis, comme directeur des affaires publiques.
Pas trop loquasse, le camarade : « Mon rôle est de gérer les relations
presse de l’Arabie Saoudite en France, d’assurer sa communication sur
les réseaux sociaux et de mettre en contact ses représentants avec
diverses personnalités publiques. L’idée est de montrer que nous sommes
dans une relation de transparence avec ce pays, que ce n’est pas non
plus la Syrie ».
Voilà
donc tout le problème. Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité fait le
show Gauche laïcarde dénonçant les renoncements devant les intégristes,
alors que sa firme en fait des tonnes pour truander l’opinion quant au
rôle réel de l’Arabie Saoudite.
Pour en savoir plus, il faut aller sur le site de L’Independant,
et lire cet article : Une des plus grandes agences de publicité du
monde est accusée d'avoir aidé l'Arabie Saoudite à « blanchir » son
bilan sur les droits de l’homme à propos du plus grand plan d’exécutions
de masse du Royaume depuis 30 ans », à savoir les 47 exécutions du
début janvier, le blog avait souligné l’importance de ce crime. L’Independant explique que le texte publié dans Newsweek
a été signé par Adel bin Ahmed Al-Jubeir, le ministre des affaires
étrangères saoudien, alors qu'en en réalité il a été rédigé et vendu par
Publicis. Ah oui, des peines de mort à la tonne blanchies par Publicis
de Badinter ? Les valeurs de la Gauche… Et quels arguments ? On s’en
doute : « la guerre contre le terrorisme ». Ils sont indécrottables…
L’ONG Reprieve
a dénoncé cet article, en écrivant à Maurice Lévy, le PDG de Publicis,
déplorant que son agence soit « dangereusement impliquée pour aider
le gouvernement saoudien à défendre l'exécution d’opposants politiques
non-violents ».
Publicis a répondu en langue de bois via son avocat, et je me dois aussi de poser cette question à Sœur Elisabeth de l’immaculée Laïcité :
-
Ma sœur, le 2 janvier, l’Etat d’où partent les plus grandes sources de
financement de l’intégrisme et du terrorisme, a procédé à l’exécution de
47 personnes, dont il est évident qu’aucune ne méritait la mort, et ton
agence maquille ce crime de masse en un acte de guerre contre le
terrorisme. Ma sœur, ça te gratouille ou ça te chatouille ?
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