Le lobby de la chimie agricole remporte la première manche.
Alors que le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a classé le glyphosate comme un pesticide dangereux et « probablement cancérigène », le Parlement européen vient de voter en séance plénière une résolution, sans valeur juridique, demandant à la Commission européenne de renouveler l'autorisation de commercialisation du glyphosate, qui s'achève en juin, « pour une période de sept ans ».
Le texte initial de la résolution demandait à la Commission de ne pas renouveler du tout l'approbation du glyphosate, mais les députés ont adopté un amendement de l’eurodéputée française Angélique Delahaye présenté par le Parti populaire européen (PPE, droite) proposant une autorisation pour 7 ans, qui représente un compromis avec la position de la Commission (15 ans). La décision finale doit encore être confirmée ou infirmée par la Commission européenne et le Conseil des ministres concernés. Le sursis consenti par les eurodéputés est d’autant plus surprenant que l’usage des dérivés de cet herbicide, notamment le Roundup, devra, selon leur résolution, respecter un certain nombre de restrictions…
Les produits qui contiennent du glyphosate devront faire l’objet de strictes précautions d’utilisation dans les périodes précédant les récoltes. Périodes dont il n’existe nulle part une définition légale puisqu’elles dépendent du climat du pays, des méthodes de culture et des végétaux concernés.
Les usages du glyphosate seront interdits dans les utilisations non professionnelles, c'est-à-dire dans les jardins potagers et floraux des particuliers. Espaces qui ne représentent que 8% du recours aux pesticides en France.
L’usage du glyphosate sera interdit dans les parcs et jardins et plus généralement dans les espaces publics urbains.
Autrement dit, le Parlement européen reconnait explicitement les dangers sanitaires induits par ce produit, mais il a cédé aux groupes de pression de l’industrie chimique en suggérant de poursuivre l’empoisonnement des populations de l’Union européenne pendant quelques années. Le temps que l’opinion publique qui lui est majoritairement défavorable se retourne ?

Il ne reste plus qu'à voir quelles seront, au mois de mai, lors de la réunion des ministres concernés, les positions des gouvernements européens, et en particulier celle de Ségolène Royal. La ministre de l'Écologie a déjà raté son interdiction à la vente aux particuliers dans les jardineries où les acheteurs se précipitent actuellement pour faire des stocks de Roundup, plus ou moins discrètement encouragés par les vendeurs…

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