Jean-Michel Larhot
Il y a quelques semaines, la « loi Avia », du nom de la député Laetitia
Avia qui l’a portée, a été adoptée par le Parlement.
Elle vient d’être
censurée par le Conseil constitutionnel. En posant des conditions
irréalistes sur la suppression des contenus lié au terrorisme, celle-ci
allait entraîner une censure abusive, en particulier en ce qui concerne
la contestation politique.
La loi Avia, portée par la députée LREM Laetitia Avia, visait à
encadrer l’expression sur les réseaux sociaux, en particulier concernant
le terrorisme et le cyber-harcélement. En particulier, cette loi
prévoyait de raccourcir les délais dans lesquels les opérateurs de
médias sociaux devaient réagir aux demande de suppressions émanant de la
police, à une heure pour les contenus relatifs au terrorisme, et 24h
pour les cas d’appels à la haine ou de harcèlement.
Comme l’a fait remarquer la Quadrature du Net
dans son argumentaire destiné au Conseil constitutionnel, le délais de
1h est techniquement irréaliste. En effet, en 2019, suite aux attentats
de Christchurch, des vidéos se sont retrouvées sur les réseaux sociaux
et notamment Facebook. La plateforme californienne, avec tous ses
modérateurs et ses moyens techniques, n’a pas été en mesure de supprimer
toutes les vidéos des attentats au cours des 24h qui ont suivis les
faits. Pas moins de 300 000 copies de la vidéo ont échappé à la
modération. Pour les réseaux sociaux associatifs, comme les différentes
instances de Mastodon, cette limite de 1h est inenvisageable avec une
modération qui repose sur le bénévolat.
Le risque direct de ces délais irréalistes est celui d’une
intensification de la modération opérée par Facebook ou Twitter ainsi
qu’une intensification des demande de censure administrative au
détriment de la liberté d’expression, en particulier pour l’opposition
politique au gouvernement. Cette crainte n’est pas infondée. En effet,
en 2017, la police a fait interdire des tribunes anarchistes et il
faudra attendre 2018 pour que les tribunaux annulent cette décision.
Cette loi aurait donc renforcé le pouvoir de la police en ce qui
concerne l’expression sur Internet.
Il faut noter que la bourgeoisie n’est pas dérangée dans ses
campagnes de dénigrement et de haine, qu’elles font passer par les
grands médias qu’elle possède.
Dernièrement, c’est la famille Traoré,
dont le combat pour la justice dans le meurtre de leur frère a suscité
des mobilisations massives ces dernières semaines, qui a été visée par
des campagnes réactionnaires, haineuses et racistes.
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