Antoine Manessis
La Commission européenne menace de sanctionner pour aide d’Etat la filiale marchandises de la SNCF. Le ministre macroniste Clément Beaune propose de se coucher devant la l'UE. Le fret public devrait abandonner 20 % de ses contrats et 30 % du trafic.
Alors que le gouvernement demande au secteur du transport d’accélérer sa décarbonation, l’un des instruments de cette politique, Fret SNCF, la filiale de la SNCF de transport de marchandises par train, doit organiser son propre démantèlement pour cause de diktat des eurocrates au service du capital.
La Commission européenne reproche à l’Etat français d’avoir soutenu Fret SNCF sans respecter les "règles de bonne concurrence". Bref le service public, par nature, est contraire aux "règles de bonne concurrence". C'est-à-dire à la loi du profit. Bientôt la Commission exigera que l'on ferme les hôpitaux et les universités pour la même raison.
Donc, sous la menace d’une liquidation sur ordre de la Commission européenne, la filiale Fret de la SNCF va être "restructurée" en profondeur par la Macronie : des centaines (on parle de 500) d'emplois supprimés et 20% de l'activité cédée à la concurrence, deux filiales de droit privé seront crées. Ni plus ni moins que le démantèlement de fret SNCF et de la cession d’activités au privé.
La fin du Fret public en France n'a jamais semblé aussi proche. Une décision conjointe du gouvernement et de la direction de la SNCF qui fait suite à une plainte déposée par la Commission européenne. Un désastre écologique et social qui démontre que les serviteurs du capital ne peuvent pas et ne veulent pas mener une politique écologique et sociale.
Dès l’ouverture à la concurrence, la récupération de transport de marchandises par le secteur privé a été la source d’attaques contre les conditions de travail, mais surtout de diminution de marchandises transportées au profit du transport routier plus profitable pour les capitalistes. Dès lors, le nombre de marchandises transportées par voie ferroviaire n’a fait que baisser, alors que celui des marchandises globales augmentait. Le contraire de ce qu'il faut faire dans l'intérêt général
Les cheminotes et les cheminots ripostent par le grève et des actions, de nouveau en première ligne. Le 23 mai, ils étaient plus de 400 à répondre à un appel de Sud Rail pour envahir des locaux de la Commission européenne à Paris et brûler le drapeau de l'UE que Macron veut imposer dans les mairies, comme d'ailleurs sa tronche.
Les masques tombent : l'UE et le gouvernement français, tous deux au service du capital, piétinent les exigences écologiques et sociales.
Désobéir aux injonctions de la bureaucratie capitaliste, envoyer paître Von der Layen et sa clique de gavés, ne vient pas à l'esprit de la Macronie. Sauver le Fret public à des fins écologiques et sociales ne leur vient pas à l'esprit.
La France Insoumise propose la désobéissance aux diktats de l'UE. Comme l'a dit Manon Aubry "Nous, en arrivant au pouvoir et en désobéissant, on se donnerait les moyens de lever les blocages imposés par l’Union européenne" et JL Mélenchon de préciser "la ligne rouge absolue, c’est l’application dans tous les cas de notre programme". Il ajoutait "Nous utiliserons donc la clause opt-out* quand les traités sont contraires aux engagements du programme".
Voilà un cas de figure qui montre le bien fondé de cette position.
*
Opt-out, terme anglais définissant une Europe "à la carte" où il est
possible de déroger quand on ne veut pas d’une règle contraire à la
volonté populaire démocratiquement exprimée.

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