dimanche 12 mai 2024

Avec Guillaume Meurice pour la liberté d'expression

Antoine Manessis

Menacé par la direction macroniste de France Inter, l'humoriste Guillaume Meurice, est la cible du néo-maccarthysme qui submerge la France.

Quelle est l'histoire ? Le 29 octobre 2023, l’humoriste de France Inter avait qualifié le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, de "sorte de nazis sans prépuce", dans une chronique au cours de l’émission Le Grand dimanche soir. Ce qui, reconnaissons-le, est bien vu.

Les maccarthystes se sont mis en mouvement : les pressions des droites et des sionistes, la criminalisation de la solidarité avec la Palestine, bref ils se déchaînent. Guillaume Meurice est auditionné par la police judiciaire de Paris après un dépôt de plainte pour "provocation à la haine" déposée par l’OJE, l’Organisation juive européenne. C'est la même bande fascistoïde qui est à l'origine des plaintes pour "apologie du terrorisme" à l'égard de Mathilde Panot et de bien d'autres, un commando à la solde de Netanyahou.

La justice a classé sans suite la plainte l'accusant d'antisémitisme

Pourtant ce jeudi, Meurice a reçu une convocation à un entretien préalable de sa direction "en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu’à la rupture anticipée" de son contrat pour "faute grave" et appris sa mise à pied, à titre conservatoire, jusqu'à la tenue de cet entretien. L'Arcom avait  adressé une mise en garde à Radio France, une décision rare pour une séquence humoristique. L'Arcom très coulante devant les obscénités racistes quotidiennes de C-News, l'Arcom qui ne réagit pas devant les propos scandaleusement racistes tenus par une journaliste face à Manuel Bompart et concernant Rima Hassan.

Deux poids, deux mesures est désormais la loi d'airain en France 

L’humoriste avait déjà reçu un avertissement de la direction de Radio France, qu’il contredit devant les prud’hommes. Dimanche 28 avril Meurice avait déclaré dans sa chronique :"Il y a des choses qu’on peut dire. Par exemple, si je dis "Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce", c’est bon. Le procureur, il a dit c’est bon". Le rappel publique et de sa formule, et d'une décision de justice, ont été insupportables à sa direction qui, contre le juge, doit estimer que critiquer Netanyahu est un crime de lèse-majesté. Quand on sait que la directrice de France Inter louait le travail "des humoristes irrévérencieux, qui n’ont aucune notion du respect, du sacré, etc. Ca fait une bien fou!", on s'étonne...puisque la même Adèle Van Reeth vient de suspendre Guillaume Meurice.

Van Reeth est la compagne de Raphaël Enthoven qui "voterait Le Pen contre Mélenchon" en cas de duel entre les deux, bref la version XXIe siècle du célèbre " Plutôt Hitler que le Front populaire" (slogan des droites et du patronat en 1936), ce que le pourtant très social-néolibéral Obs a qualifié de "suicide en ligne d'Enthoven." Enthoven est un illuminé qui traite de négationnistes "les contextualisateurs, ceux qui veulent restituer les choses dans un contexte général, faire comme si cette barbarie recevait des explications et pouvait faire l’objet d’une dissection savante. Pour moi, ce serait minorer ce qui s’est passé ce jour-là, en faire un simple crime de guerre, par exemple." Bref tout est dit. Et le niveau intellectuel et le fanatisme du petit bonhomme. On dirait du Valls "expliquer c'est excuser". La connerie chimiquement pure, la négation de toute intelligence des choses, portées à ce niveau d'incandescence...impressionnant.

Bien entendu Van Reeth n'est pas responsable des délires de son époux. Elle l'est en revanche de ses propres décisions comme directrice de France Inter et des déprogrammations de plusieurs émissions, du climat de répression qui a provoqué une vive réaction des syndicats: SNJ, CGT, FO, CFDT, Unsa, SUD appellent à la grève le 12 mai, dénonçant "la casse sociale, le remaniement des grilles, la répression de l'insolence et de l'humour et affirmant la solidarité des personnels vis à vis de Guillaume Meurice, le refus des pressions et des dénigrements". Un grève "pour la défense de la liberté d'expression". On en est là.

Adèle Van Reeth, poursuit le travail de destruction de la radio publique. L’autoritaire patronne aurait tort de ne pas poursuivre sa stratégie du choc, protégée en haut lieu. Elle purge les derniers journalistes de l'équipe de Daniel Mermet. "Une purge politique" comme le dit Acrimed. Cette affaire s'inscrit dans un contexte grave, de criminalisation de celles et ceux qui demandent le cessez-le-feu à Gaza, l'application du droit international, qui critiquent la politique du gouvernement fasciste d'Israël. De ceux qui sont solidaires de la lutte de libération du peuple palestinien.

La bourgeoisie et ses chiens de garde peuvent montrer leurs crocs, aboyer, hurler à la mort, ils peuvent mordre, rien ne pourra bâillonner les femmes et les hommes libres.

Comme le dit Guillaume Meurice à ses censeurs: "Tiens, tiens la France n'est plus Charly !? Ha oui c'est vrai elle est Bibi désormais."

Antoine Manessis

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