dimanche 19 mai 2024

Circulaire Moretti : l’Etat se prépare à condamner massivement les Kanaks

Alexis Taïeb

Dans une circulaire pénale, Eric Dupond-Moretti demande les « sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards ». En traçant un parallèle avec les émeutes pour Nahel, le gouvernement se prépare à sanctionner massivement les Kanaks.

La machine coloniale est en marche. Après avoir déployé 2 700 policiers et militaires et décrété l’état d’urgence, le gouvernement prépare une réponse pénale d’ampleur contre la jeunesse kanake. Dans une circulaire adressée aux autorités judiciaires de l’archipel, Éric Dupond-Moretti a demandé les « sanctions les plus lourdes contre les émeutiers et les pillards ». D’après Le Monde, les mineurs de plus de 13 ans seraient particulièrement dans le viseur de l’État.

« Dans notre organisation judiciaire, nous avons pris toute la mesure des événements. Tout est concentré sur la réponse pénale » a déclaré ce matin dans une interview le garde des Sceaux. Avant d’ajouter : « Les trois mots de ma circulaire sont : fermeté, rapidité, systématicité. (…) Il est impérieux, comme lors des émeutes que nous avons connu en métropole, que la justice prenne toute sa part ».

Au motif de protéger « les habitants de la Nouvelle-Calédonie », une colonie de peuplement où la population autochtone, les kanaks, ne représentent plus que 40 % des habitants, l’État français se prépare à déployer tout son arsenal judiciaire pour « rétablir l’ordre » colonial dans lequel sont maintenus les Kanaks depuis deux siècles.

En traçant un parallèle avec les émeutes pour Nahel en juillet dernier, Dupond-Moretti annonce l’ampleur de la répression judiciaire à venir. Pour rappel, près de 2 000 condamnations avaient été prononcées à l’encontre des jeunes des quartiers populaires qui s’étaient révoltés après la mort de Nahel. Depuis lundi, au moins 200 personnes ont déjà été interpellées en Kanaky.

Comme l’écrit le Collectif d’Action Judiciaire dans un communiqué : « Ces méthodes et dispositifs de répression coloniale sont les mêmes que ceux qui ont été déployés à Mayotte lors de l’opération Wambushu, au cours des révoltes des quartiers populaires mais également avec une intensité paroxystique dans les années 1980-90 en Kanaky ou à Maohi Nui ».

En effet, comme en juin dernier, en dépeignant les jeunes comme « des voyous et des mafieux », l’État cherche à dépolitiser cette révolte et par là à légitimer la répression. Alors que les milices caldoches, qui ont déjà tué au moins un jeune, sont légitimées par l’État, ce deux poids deux mesures illustre la dimension coloniale de l’opération.

Le mouvement ouvrier et le mouvement social dans son entièreté doivent se placer aux côtés des Kanaks dont la révolte contre l’impérialisme français est plus que légitime. La répression brutale qui a commencé va se poursuivre dans les prochains jours. 

Il y a urgence à soutenir le droit à l’autodétermination de la Kanaky et à exiger le retrait de toutes les troupes militaires et policières présentes sur l’archipel, ainsi que celui de l’impérialisme français.

Révolution Permanente

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