jeudi 23 mai 2024

Les 7 filles d’Eve

Olivier Cabanel

Les scientifiques ont déterminé les sources de l’humain et on commence à comprendre un peu mieux nos origines, grâce notamment aux études sur l’ADN…

Elles ont permis de déterminer que la population européenne viendrait des « 7 filles d’Eve »...

En effet, on se souvient qu’Howard Cann avait écrit : « tous les hommes descendent d’une même population d’Afrique noire, qui s’est scindée en 7 branches au fur et à mesure du départ de petits groupes dits fondateurs ». lienLes recherches d’un professeur de génétique anglais, Brian Sykes ont fait un pas supplémentaire. (il est le scientifique qui a travaillé sur le corps de l’homme des glaces, Ötzidécouvert en 1991 dans les alpes italiennes. Lien

Ce célèbre généticien a approfondi ses recherches, aidé par un archéologue, Roger Pedersen, lequel à participé activement aux fouilles de Boxgrove, en Angleterre, ce qui a permis de préciser les différences entre H. Habilis, H.Erectus, H. Heidelbergensis, H.Neandertalensis et H.Sapiens, concluant que tous les êtres humains vivant aujourd’hui soient membres de la même espèce du genre Homo, Homo SapiensLien

D’après les recherches de Sykes, basées sur l’étude de l’ADN, l’humanité actuelle européenne descendrait de 33 clans, et de 95 à 97 % descendraient de 7 femmes originelles.

Il s’agirait d’Héléna la Pyrénéenne, Katrine la Vénitienne, Tara la Toscane, Ursula la Grecque, Valda l’Espagnole, Xenia la Caucasienne et de Yasmine, la Syriennelien

Il raconte ça en détail dans un ouvrage, « les sept filles d’Eve ». Lien

Nous savons maintenant que l’ADN mitochondrial, que l’on retrouve dans les globules blancs, permet de marquer les populations humaines et de retracer la colonisation de la planète, il y a 70 000 ans ainsi que l’affirme le chercheur au CNRS Jacques-Deric RouaultLien (curseur à 43’50’’)

On se souvient d’une autre théorie, que j’ai évoqué dans un article ancien, dans laquelle on apprenait que l’éruption d’un hyper volcan, celui de Toba, en Indonésie, n’avait laissé sur la Terre que 1000 couples d’humains vivants...c’était il y a  75 000 ans…Ceci expliquerait cela ?

En quelques mots, la science a pu déterminer assez précisément l’origine de l’humain : de l’homo habilis, notre plus vieil ancêtre (il y a 3 millions d’années) à l’homo erectus (2 millions d’années), on sait maintenant que celui-ci aurait quitté l’Afrique un million d’années plus tard.

Puis, il y a 100 000 ans, c’est l’évolution vers homo sapiens en Asie et au Moyen Orient, et c’est vers 40 000 ans qu’apparaît en Europe Cro-Magnonlien

Quant à l’homme de Flores, ou celui de Luçon, ils sont l’objet de polémiques entre ceux qui évoquent des individus atteints d’une pathologie, et ceux qui affirment qu’ils seraient descendants de l’australopithèque, ou de l’erectus...lien

Mais voilà qu’un trouble fête apparaît, l’homme de DénisovaQui est-il ?

Sa disparition est datée approximativement entre 15 000 et 30 000 ans, les Dénisoviens auraient été les derniers humains à précéder notre espèce. lien

Une découverte précédente laissait déjà imaginer que nous étions en présence d’une nouvelle espèce sous la forme d’un crane découvert en 1933 dans la ville de Harbin, au nord est de la Chine, baptisé Dragon man, ou Homo longi, daté de 146 000 ans, lequel avait, selon le professeur Chris Stringer des signes forts de ressemblance avec le crane de l’homme de Dali. Or, c'était finalement celui d’un Dénisovien. lien

Cet homme de Dali, découvert en 1978 était daté entre 258 000 et 267 000 ans et se trouvait à mi-chemin entre erectus et sapiens. lien

D’après de récentes études, les scientifiques s’accordent a penser que les prédécesseurs de l’Homme de Dénisova se seraient séparés des Néandertaliens il y a  400 000 ans, et se seraient dirigés vers l’Asie pour finalement s’accoupler avec des ancêtres de l’Homme moderne d’ascendance Asiatique. Ils ont laissé leurs empreintes génétiques dans le génome des Homo sapiens.

Voila qui risque de déstabiliser les racistes de tout poil pour qui les Asiatiques, qu’ils appellent péjorativement « les jaunes », ne valent pas un pet de lapin. Ils avaient déjà subi une triste déconvenue en apprenant qu’une grande majorité de nos ancêtres venaient d’Afrique...il y a 75 000 ans, et pour le coup, ça ne doit pas les réjouir de savoir que leurs ancêtres étaient aussi parfois asiatiques…

Amusant aussi de se souvenir de la déclaration déplacée d’un ancien président de la république qui avait déclaré : « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». lien

La grotte de Dénisova située dans les montagnes de l’Altaï, en Sibérie, a permis d’en savoir un peu plus. Il a fallu remonter jusqu’à 1 million d’années dans le passé pour trouver l’ancêtre commun à l’homme de Dénisova, l’homme moderne et Néandertal.

2 scientifiques de l’institut Max PlanckSvante Paabo et Johannes Krausse sont convaincus qu’ils sont face à une nouvelle espèce qui aurait quitté l’Afrique, après l’expansion d’Homo erectus ( -1,9 millions d’années) et avant celle des néandertaliens ( -500 000 ans). Ce Dénisova aurait vécu 30 000 à 48 000 ans en arrière, et il était aussi évolué que Sapiens et Néandertal, avec qui il partageait le même territoire. lien

C’est grâce à une mandibule découverte en 1980 qu’on a pu comprendre un peu mieux le parcours de ce Dénisova, et aussi grâce au paléoanthropologue Jean-Jacques Hublin : « un beau matin, alors que j’étais en vacances, j’ai reçu un mail d’une collègue chinoise, Dongju Zhang, qui m’envoyait des photos de la mandibule. J’ai tout de suite vu que c’était quelque chose d’extraordinaire  » a-t-il déclaré.

L’analyse morphologique de la mandibule a permis de constater que l’individu partageait des caractéristiques anatomiques de l’homme de Néandertal et de l’homme de la grotte de Dénisova.

L’hypothèse du paléontologue est qu’une bonne partie des fossiles chinois ou d’Asie de l’Est plus vieux que 50 000 ans et plus récents que 350 000 ans sont probablement des Dénisoviens, et il conclut : « avoir des êtres, quand même assez archaïques, qui vivaient sur le plateau tibétain à une telle altitude il y a 160 000 ans, c’est quelque chose que personne n’avait imaginé ».

Ces Dénisoviens devaient avoir un gène qui leur permettait de respirer à haute altitude, gène que l’on retrouve aujourd’hui chez les Tibétains...lien

Et Hublin de conclure : « pour que notre ancêtre homo sapiens, en chemin pour coloniser l’Australie, ait rencontré ces Dénisoviens, il a bien fallu qu’il y en ait ailleurs que dans l’Altaï, probablement dans une grande partie de l’Asie continentale ».

Cependant, il ne faudrait tout de même pas oublier que notre ancêtre commun vivait il y a 7 à 8 millions d’années et surtout que nous avons un ancêtre commun avec les grands singes en général…François Marchal du CNRS l’affirme : « nous descendons donc bel et bien d’un singe, et même de toute une lignée de singes, et sommes nous-même le dernier singe en date de cette lignée  ». lien

Comme dit mon vieil ami africain : « seul un idiot mesure l’eau avec un panier  »

agoravox.fr

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