jeudi 23 mai 2024

Du coup…

Bernard Gensane

Les djeuns et les moins djeuns l’utilisent à tire-larigot. Plutôt en début de phrase, mais aussi au milieu ou en fin d’énoncé. 


Elle a remplacé, entre autres, « par conséquent », « si bien que », « en conséquence de quoi », « de ce fait », ou encore le célèbre « subséquemment » du caporal Cass-Pompon de Jacques Brel.

En se « modernisant », l’expression “ du coup ” a perdu de son sémantisme initial avec l’idée de soudaineté (comme dans “ faire d’une pierre deux coups ”, avec pour origine le latin colaphus : coup de poing) et n’a retenu que l’idée de conséquence.

L’Académie française donne un exemple concret du glissement sémantique qui a affecté “ du coup ”, du sens propre au sens figuré. Au départ, “ du coup ” n’avait qu’un sens propre : « « Un poing le frappa et il tomba assommé du coup ». La phrase est devenue : « un poing l’a frappé, du coup, il est tombé assommé ». Et, insensiblement, ce coup est devenu “ de ce fait ” : « un poing l’a frappé, du coup il est tombé assommé. » “ Par le coup ” est devenu “ par conséquent ”, avec une valeur essentiellement consécutive. Les grammairiens sont hostiles à cette évolution mais l’usage l’emportera très certainement d’autant que le nouveau sens de cette expression n’est nullement ambigu.

 

Cela dit, sociétalement parlant, l’usage de “ du coup ” implique que le locuteur ne souhaite pas s’éterniser, n’invite pas à une discussion nourrie. Nous avons réellement affaire à un tic facile et paresseux qui appauvrit le débat. 


Un auditeur en a entendu 76 lors d'une matinale de France Inter. Topons-là !

Du coup…

Bernard Gensane

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