mardi 28 mai 2024

Un référendum national pour décider du destin de la Kanaky ? Nouvelle provocation coloniale

Nathan Déas

Dans un entretien au Parisien, Emmanuel Macron a annoncé qu’il pourrait soumettre la question du dégel du corps électoral dans l’archipel à un vote des Français.

Et maintenant la menace du « référendum ». Drôle de comportement que celui d’un président français venu officiellement à Nouméa pour « apaiser » et qui après avoir expliqué qu’il ne reculerait sur rien propose désormais de soumettre le destin de l’archipel aux Français et à la métropole. L’annonce n’a pas manqué de choquer. Et jusqu’aux habituels soutiens du président de la République et du statut quo colonial.

Philippe Gomès, par exemple, président de la Calédonie ensemble (fraction des anti-indépendantistes et figure historique de la droite coloniale) confessera dans un communiqué ce dimanche un « moment de stupeur » à la lecture de l’article du Parisien. Et pour cause.

En relançant la question de la lutte du peuple Kanak pour son autodétermination, la réforme du corps électoral avait ravivé ces dernières semaines un combat vieux de 170 ans et rappelé au monde entier que la France était toujours un Etat colonial. En proposant un « référendum » national (comprendre : c’est à la puissance coloniale de décider) sur le vote en question pour décider de l’avenir de la Kanaky, après un vote au Parlement (en métropole déjà) et l’envoi de contingents et de contingents de forces de police et de l’armée, le président de la République a rappelé à son tour qu’il n’avait rien d’autre à proposer qu’une nouvelle provocation coloniale.

Autrement dit, selon Macron : la métropole doit avoir le dernier mot (quand bien même 1,9 million d’électeurs « d’outre-mer » auraient également le leur à dire). Au-delà du symbole (et ici en l’occurrence celui-ci est riche de sens), le chef de l’Etat cherche une fois de plus à balayer d’un revers de la main les puissantes mobilisations de ces derniers mois et semaines contre le dégel du corps électoral au nom de la prétendue « légitimité démocratique » d’une Constitution rédigée à plus de 17 000 kilomètres de Nouméa tout en enterrant définitivement les accords historiques de 1998.

Sans doute le chef de l’Etat n’envisage-t-il en réalité pas sérieusement d’appeler les Français aux urnes pour décider qui pourra voter aux élections provinciales en Kanaky. Sans doute agite-t-il cette menace davantage pour contraindre les indépendantistes à la réouverture d’un « dialogue » le couteau sur la gorge.

Quoi qu’il en soit, quelques jours après un « passage » en Kanaky à l’occasion duquel le chef de l’Etat avait été très clair pour faire comprendre que sur le fond et la méthode, l’exécutif ne bougerait pas d’un iota, Macron rappelle à nouveau que l’impérialisme français est moins prêt que jamais à céder le moindre pouce de terrain aux forces indépendantistes et à remettre en cause sa domination coloniale. Sur les barrages, comme le note France Info, l’annonce a suscité la colère. 

Dans l’hexagone et les dans les autres colonies françaises, des Antilles aux colonies du Pacifique, il y a plus que jamais urgence à ce que les forces du mouvement ouvrier et du mouvement social construisent une large mobilisation de solidarité avec le peuple Kanak...

...pour l’arrêt de la répression coloniale, pour l’exercice réel de son droit à l’autodétermination, et de celui de tous les peuples encore sous le joug de la domination coloniale française.

Révolution Permanente 

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