samedi 8 juin 2024

Contextualisons le 6 juin 1944, "même si Macron ne le veut pas"

Antoine Manessis

6 juin 1944. Parlons-en.

L'Union Soviétique supportait depuis 1941 la charge essentielle, principale, massive et meurtrière de la guerre contre le fascisme hitlérien et ses alliés.

Après avoir longuement tergiversé et reculé la date du débarquement en Europe pour laisser Allemands et Soviétiques s'affaiblirent mutuellement,  et face à l'offensive soviétique qui finirait à Brest si l'on y prenait pas garde, les Anglo-Etasuniens, et leurs supplétifs de l'Empire, décident enfin de franchir La Manche.

Avec une supériorité matérielle écrasante sur les Allemands et la maitrise des airs.

Le 6 juin donc ils débarquent. 150.000 hommes et une quantité énorme de matériel.

Les États-Unis et la Grande-Bretagne voient, accessoirement, l'occasion de briser les reins de l'impérialisme français, un concurrent de moins, en fort mauvais état depuis la défaite et l'occupation de la France.

Un plan est prévu pour "traiter" la France comme d'Italie, un pays allié de l'Allemagne, et d'instaurer l'AMGOT (Allied Military Government of Occupied Territories), un gouvernement militaire d'occupation constitué par des officiers anglo-étasuniens chargés d'administrer le pays.

De Gaulle s'oppose à l'AMGOT et considère que la monnaie que les Etasuniens ont mis en circulation en Normandie, dès leur débarquement, était de la "fausse monnaie". Il faudra attendre deux mois après la libération de Paris pour que le président Roosevelt reconnaisse le gouvernement issu de la France libre et de la Résistance. Il est vrai que ce n'est qu'en fin 1942 que Washington rompit ses relations diplomatiques avec Vichy mais pas avec le vichysme. Ainsi, après le débarquement étasunien en Afrique du Nord à la fin de 1942, les États-Unis reconnaissent comme haut-commissaire pour l'Afrique du Nord et de l'Ouest l'amiral pétainiste Darlan. Le général de Gaulle racontera dans ses Mémoires que Roosevelt avait répondu aux émissaires du général qui s'offusquaient du choix étasunien: "Bien entendu, je traite avec Darlan, puisque Darlan me donne Alger ! Demain, je traiterai avec Laval si Laval me donne Paris !

En fait les États-Unis avaient comme objectif de vaincre Hitler dont les visées hégémoniques étaient antagoniques avec celles des Étasuniens qui savaient que l'Europe et les colonies anglaises et françaises n'allaient pas tarder à tomber dans leur escarcelle. Le seul adversaire stratégique était l'Union Soviétique. La guerre froide avait d'ailleurs déjà commencé pendant la guerre et à la Libération. L'écrasement par Washington de la Résistance grecque en est la preuve flagrante.

Revenons au 6 juin et à ce qui est convenu d'appeler la bataille de Normandie dans les jours qui suivirent le débarquement. Il faut démentir la légende, fabriqué par les États-Unis et ses réseaux de propagande, qui fait de cet affrontement un tournant de la Seconde Guerre mondiale. D'abord la bataille fut très limitée. Le débarquement lui-même fit 10.600 morts dont 3500 morts chez les Alliés. L'accrochage le plus meurtrier eut lieu à Omaha Beach et fit 852 morts et 700 disparus. Chiffre à relativiser donc avec, par exemple, le million de morts soviétiques à la Bataille de Stalingrad, les 250.000 morts soviétiques à la bataille de Koursk, les 81.000 morts soviétiques à la bataille de Berlin, les 800.000 morts soviétiques à la bataille de Moscou.

Pour avoir une juste vision des choses et de la réalité rappelons que les États-Unis auront, durant toute la guerre et sur tous les fronts, 418.500 morts. L'Union Soviétique 27.000.000 morts. Quant à la bataille de Normandie, qui dura 3 mois après le 6 juin, elle fit 37.000 tués chez les Alliées anglo-étasuniens, 80.000 morts allemands et 20.000 civils français tués par les bombardements alliés. 

La guerre et la défaite du IIIe Reich nazi étaient pliées bien avant le débarquement du 6 juin. Certes, et sans conteste, il accéléra la fin de la guerre, l'armée allemande devant se battre sur deux fronts en Europe (et de moins en moins sur le front ouest). Mais c'est sur le front de l'Est que se joua le sort de la guerre. La bataille de Stalingrad en est le tournant historique. L'URSS a joué le rôle principal et de façon écrasante et indiscutable dans la victoire des peuples contre le fascisme.

Les Etats-Unis profitèrent de cette guerre dont ils sortirent renforcés et dominant les pays occupés par ses troupes. Economiquement renforcées et sans pertes humaines sérieuses (la Grèce, 7 millions d'habitants, compte 330.000 morts, les Etats-Unis, 131 millions d'habitants, 418.000 morts).

En fait, le 6 juin est une fabrication propagandiste de la guerre froide pour faire croire aux populations que le vainqueur et le libérateur de l'Europe était les États-Unis d'Amérique et parallèlement de cacher le rôle décisif, fondamental et prééminent de l'URSS.

Cela n'enlève rien au courage des soldats étasuniens tombés en France le 6 juin et dans le lutte contre le fascisme hitlérien ou le militarisme japonais et à la reconnaissance que nous leur devons. Simplement nous devons recontextualiser les faits historiques et non nous bercer des images trompeuses et mensongères du Jour le plus long ou Il faut sauver le soldat Ryan. Le mythe n'est pas l'histoire. Donc ne pas oublier que si l'Exécutif étasunien a envoyé ses soldats, ce fut davantage dans son propre intérêt impérialiste, sa volonté d'écraser les impérialismes rivaux (allemand et japonais) et dans sa volonté de barrer la route au communisme bien plus que de combattre le fascisme.

Enfin rappelons une fois encore que de Gaulle, qui n'était en rien un bolchevick mais qui avait à coeur la défense des intérêts de ce qu'il considérait être ceux de la France, même s'il les confondait avec ceux de l'impérialisme français, refusa toujours de participer aux cérémonies commémoratives du 6 juin 1944.

Les successeurs, de droite et socialistes, se couchèrent. L'actuel bat les records dans la servilité et la soumission à l'Empire et les 80 ans du D-Day lui donnent l'occasion de s'avilir un peu plus.

En n'invitant pas  les autorités étatiques de la Russie qui, même si nous le regrettons, représentent le pays vainqueur du fascisme-nazisme.

En invitant le président Zelenski qui a fait de Stepan Bandera, un Ukrainien criminel de guerre nazi, un héros national.

En posant à côté de "genocide Joe" comme l'appellent des jeunes des universités étasuniennes. Un Biden qui doit nous prendre pour des imbéciles texans essayant de nous faisant croire que la Russie menace l'Europe d'invasion...le coup des chars russes à 300km de Paris, on nous l'a déjà fait. 

En proclamant qu'il va jeter des jeunes Français dans une guerre impérialiste.

En autorisant des actions militaires du régime liberticide de Kiev contre le territoire russe.

En utilisant le moment mémoriel, confondant les situations historiques pour faire sa propagande électorale et belliciste, osant dire "Je sais notre pays fort d'une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés." Que veut-il faire comprendre ? Qu'il veut nous plonger dans l'enfer ?

"Cet homme est dangereux" disions-nous il y a peu, ici-même. Tout le confirme.

Antoine Manessis 

Aucun commentaire: