samedi 8 juin 2024

Normandie : Macron et Biden commémorent la dernière guerre mondiale pour mieux préparer la prochaine

Gabriel Ichen

À l’occasion du 80ème anniversaire du 6 juin 44, les principaux dirigeants capitalistes occidentaux ont utilisé la mémoire de la 2ème Guerre mondiale pour justifier la surenchère militaire sur le front ukrainien et préparer les esprits à l’escalade guerrière.

Pour les 80 ans du 6 juin 1944, des cérémonies bilatérales se sont succédées, franco-britannique, franco-canadienne et franco-américaine, avant la cérémonie internationale qui a réuni pas moins de 4 500 personnalités politiques dont une vingtaine de chefs d’État et de gouvernements occidentaux. Parmi ce gratin, se sont notamment retrouvés les chefs des principales puissances de l’OTAN : Macron pour la France, le président américain Joe Biden, le premier ministre britannique Rishi Sunak, le chancelier allemand Olaf Scholz ou encore le premier ministre canadien Justin Trudeau étaient présents.

Comme à chaque commémoration officielle du 6 juin 1944, cette journée a été marquée par une bonne dose de propagande et une réécriture historique visant à présenter une guerre mondiale entre puissances impérialistes qui a fait plus de 50 millions de morts comme l’affrontement entre le camp de la démocratie et le fascisme. Mais au-delà des débats et récupérations historiques, ce 80ème anniversaire s’inscrit dans un contexte bien particulier : celui du retour de la guerre sur le territoire Européen et la récente surenchère du camp occidental dans son soutien militaire à l’Ukraine.

Derrière la propagande guerrière : serrer les rangs derrière l’Ukraine de Zelensky en difficulté sur le terrain militaire

Ces commémorations du débarquement de Normandie ont donc été l’occasion d’une réaffirmation du soutien sans faille des dirigeants de l’OTAN à l’Ukraine. Un soutien qui s’est traduit par une mise à l’honneur du président ukrainien Volodymyr Zlensky, accueilli en grande pompe à Omaha Beach par Emmanuel Macron. Les récits faisant l’analogie entre la seconde guerre mondiale qui a vu s’affronter les tenants du « monde libre » face au nazisme, et le conflit ukrainien qui rejouerait cet affrontement mais cette fois face à la Russie de Poutine ont ainsi été au centre des discours des principaux dirigeants capitalistes. « Nous ne détournerons pas le regard de l’Ukraine. Si nous détournons le regard, l’Ukraine tombera sous le joug russe, puis l’Europe entière tombera aussi. Si nous le faisions, ce serait oublier ce qu’il s’est passé sur cette plage. » a affirmé Joe Biden dans son discours lors de la cérémonie franco-américaine. « Face à ceux qui prétendent changer les frontières par la force ou réécrire l’histoire, soyons dignes de ceux qui débarquèrent ici. Votre présence ici, en ce jour, monsieur le président d’Ukraine, dit tout cela » a par la suite assené Emmanuel Macron.

Mais cette propagande vise à réaffirmer et à justifier le soutien militaire toujours plus important de l’OTAN à l’Ukraine qui a franchi une étape ces derniers jours. Le 28 mai dernier, lors du sommet franco-allemand, Emmanuel Macron s’était positionné en première ligne de soutien militariste à l’Ukraine en défendant, la possibilité pour l’Ukraine de frapper la Russie sur son territoire avec des missiles français. Quelques jours plus tard, l’OTAN et les Etats-Unis actaient ce nouveau saut dans le soutien militaire occidental à l’Ukraine en autorisant l’utilisation d’armes occidentales contre des cibles militaires sur le territoire russe. Cette nouvelle étape dans le soutien militaire à l’Ukraine répond aux craintes du camp occidental d’une défaite de l’armée ukrainienne qui accumule les difficultés sur le terrain face à la Russie.

Préparer les esprits à de nouveaux affrontements guerriers

Outre le soutien occidental à l’Ukraine, ces cérémonies ont également été l’occasion pour Macron et les dirigeants capitalistes européens de préparer les esprits à de potentiels futurs affrontements. Mercredi, le président français a ainsi inauguré les trois jours de cérémonies en faisant appel à « l’esprit de sacrifices » de la jeunesse : « je sais notre pays fort d’une jeunesse audacieuse, vaillante, prête au même esprit de sacrifice que ses aînés » et s’adressant à des militaires « vous rappelez que nous sommes prêts à consentir aux mêmes sacrifices pour défendre ce qui nous est le plus cher : notre terre de France et nos valeurs républicaines ».

Ce discours s’inscrit pleinement dans la volonté pour le gouvernement français de préparer les esprits la jeunesse à la guerre et à la défense de la patrie. Si pour l’heure, les affrontements directs entre grandes puissances ne sont pas encore d’actualité, ces discours s’inscrivent dans une étape « préparation des esprits » à la guerre et aux futurs conflits. Elle est le prolongement d’une politique de propagande que mène le gouvernement depuis plusieurs mois. Lors de ses vœux pour 2024, Macron avait ainsi directement ciblé la jeunesse et avait promis un « réarmement civique » qui s’était matérialisé par une possible généralisation du Service National Universel (SNU) et de la mise en place d’uniformes dans les écoles.

Plus largement, ces cérémonies s’inscrivent dans une militarisation croissante des principales puissances impérialistes qui votent des budgets militaires records chaque année et qui dépensent des milliards d’aide militaire à l’Ukraine. À l’image de la France qui a annoncé récemment doubler son budget militaire en visant 413 milliards d’euros de dépenses d’ici à 2030. Ou encore l’Allemagne qui a annoncé récemment vouloir encore augmenter son budget militaire pour le porter à 150 milliards d’euros annuel.

Alors que les puissances impérialistes se préparent à des conflits de plus haute intensité, la montée en cadence militariste actuelle, sur fond de propagande à préparer une « économie de guerre », aiguisent les tendances guerrière et préparer de nouvelle catastrophe pour les travailleurs du monde entier. Contre cette perspective, l’urgence est donc la mise sur pied d’un puissant mouvement anti-impérialiste, contre le militarisme et son escalade...

...dont les germes sont peut-être à trouver dans les récentes mobilisations de la jeunesse étudiante internationale contre la guerre à Gaza.

Révolution Permanente

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