samedi 15 juin 2024

Front populaire...même si Macron ne le veut pas

Antoine Manessis

Emmanuel Macron a confirmé la stratégie de la bourgeoisie que nous avions décrite dans des articles précédents.

La charge principale du président de la République visait la France Insoumise.

Il a attaqué la gauche de gauche, la FI et Jean-Luc Mélenchon, en se livrant à ses insultes habituelles et désormais diffusées non-stop par les médias à sa botte.  Accusant la gauche "d'antisémitisme" et "d'antiparlementarisme", l'accusant encore d'avoir "créé un désordre parfois constant et inquiétant" à l'Assemblée nationale. Mensonges, mensonges, mensonges. Mais comme disait le maître à mentir des droites Joseph Goebbels "Un mensonge répété dix mille fois devient vérité".

L'alliance du "nouveau Front populaire" entre le PS, le PCF, les Écologistes et La France insoumise est "indécente", a-t-il éructé. Dans un de ses nombreux appels du pied à la fraction bourgeoise et droitière de l'électorat social-démocrate de Raphaël Glucksmann, il a dit avoir eu "une pensée pour Léon Blum qui doit se retourner dans sa tombe", Blum qui gouverna le pays en 1936 à la tête du gouvernement issu de la victoire du Front populaire.

L'ennemi principal de Macron et sa clique c'est très clairement le "nouveau Front populaire" qui se met en ordre de bataille et qui a attribué à LFI 229 candidatures, au PS 175, aux Écologistes 92 et au PCF 50.

Il tente d'arracher l'aile de droite et d'extrême-droite de la social-démocratie à l'attraction qu'exerce le Front populaire qui exprime une volonté populaire qui pousse les directions politiques à dépasser leurs divergences et à s'unir. Qu'un Macron ose faire référence à Blum et au Front populaire est absolument ahurissant. Macron c'est les Camelots du roi, qui tentèrent d'assassiner Blum,  qui essayeraient de se faire passer pour un groupe de gauche. Macron c'est le serviteur de ceux qui disent "plutôt Le Pen que le Front populaire", comme leurs prédécesseurs disaient "plutôt Hitler que le Front populaire".

Macron et les droites françaises, comme les droites italiennes en 1922 et allemandes en 1933, font le lit du néo-fascisme. Cet extrême-centre néolibéral et autoritaire n'a qu'un ennemi, la gauche de gauche. On ne parle pas ici, évidemment, de la droite qui se dit de gauche, les Glucksmann, Hollande, Cazeneuve, Delga et Valls. Ceux-là peuvent se coller les étiquettes qu'ils veulent sur leurs affiches, les citoyen-ne-s savent ce qu'il sont.

Macron compte sur eux pour saboter le Front populaire. Mais leurs dissidences ne représentent pas grand chose. Leur haine de la France Insoumise et de Mélenchon est fondamentalement une haine de classe. Sans compter qu'il les met face à leur vacuité intellectuelle, à leur nullité politique, à leur néant moral.

A droite les choses tournent à l'opérette marseillaise avec Eric Ciotti viré du parti LR, dont il est le président. Et entendre Bruno Retailleau, Gérard Larcher ou Laurent Wauquiez et toute le clique LR de droite extrême donner des leçons de cohérence politique à Ciotti serait presque amusant. Si on avait pas entendu Retailleau reprendre le thème pétainiste des "Français de papier".

Là encore Macron espère constituer son extrême-centre avec les débris des LR, ceux qui ne passeront pas au RN, et les débris des droites social-démocrates qui refusent le Front populaire et l'union avec la FI qui en est le coeur battant.

À l'extrême-droite aussi la nuit des longs couteaux étend son ombre sur les règlements de compte entre fachos. Marion Maréchal Le Pen est exclue par Zemmour de Reconquête dont elle était la tête de liste aux européennes et la vice-présidente. Sa prose en compte du rapport de forces avec tantine lui a été fatale. Mais probablement une récompense l'attend pour son retour au sein du clan.

Et par charité ne disons rien des diviseurs gauchistes.

Toutes ces manœuvres contre le nouveau Front populaire démontrent, qu'avant même d'exister dans des accords formalisés, la dynamique dont elle est porteuse fait trembler la bourgeoisie, la Macronie et le néo-fascisme.

Vive le nouveau Front populaire !

Antoine Manessis 

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