jeudi 20 juin 2024

La France a équipé des drones fournis à Israël pour son génocide

Antoine Chantin

Le journal d’investigation Disclose révèle ce mardi que la France a continué de fournir des composants militaires pour équiper les drones qui bombardent Gaza malgré le génocide en cours. Des révélations qui jettent, une fois de plus, la lumière sur les liens militaire étroits entre la France et l’État colonial.

Le ton avait été donné dès l’offensive de l’armée israélienne : la France maintiendrait coûte que coûte son soutien militaire à l’État colonial. Une orientation que le ministère des armées avait réaffirmé devant la Justice en avril dernier, enjoignant au juge administratif à ne pas interdire l’envoi de matériel militaire à Israël car une telle interdiction « ne manquerait pas d’affecter profondément la relation bilatérale avec [Israël] ». Un soutien indéfectible que les révélations de Discolse illustrent une nouvelle fois. Selon les informations révélées ce mardi 18 juin par le media d’investigation, malgré la mise en marche d’une véritable entreprise génocidaire contre le peuple palestinien, documentée notamment par l’ONU et la Cour pénale Internationale qui alertent d’un « risque génocidaire », la France a continué de fournir à l’industrie de guerre israélienne du matériel militaire pour équiper des drones Hermes 900 qui participent au bombardement de la bande de Gaza.

Une révélation qui vient infirmer les déclarations de l’exécutif alors que le ministre des armées se défendait devant l’Assemblée nationale, en février dernier, que les « matériels exportés ne sont pas des armes proprement dites, mais des composants élémentaires » et que l’État « accorde une vigilance toute particulière en fonction du matériel dans lequel ils seront intégrés ». Selon Disclose, les composants fournis par la France pour équiper les drones israéliens, auraient servi notamment à bombarder l’hôpital de de Khan Younès de l’aveu même d’un officier israélien. Thales, le géant français de l’industrie militaire détenu à 26% par l’État français, a en effet sorti de ses fabriques, le 17 novembre dernier, plus d’un mois après le début de l’offensive israélienne contre le peuple palestinien, des transpondeurs à destination de ces mêmes drones.

Ces composants, qui sont classés parmi la catégorie des « systèmes de surveillance, de poursuite de cible et de reconnaissance », permettent selon Disclose « aux drones israéliens d’éviter tout risque de collision ou de tirs entre aéronefs ‘‘amis’’ ». L’entreprise d’armement israélien, Elbit Systems, avait commandé le 2 mars 2023 huit de ces transpondeurs pour un montant total de 440.000 euros. A nouveau le 5 décembre dernier, deux de ces transpondeurs étaient expédiés vers Israël depuis l’aéroport Charles de Gaulle, le 5 décembre dernier deux mois après le début du massacre à Gaza.

L’Etat français avait pourtant suspendu l’exportation « d’éléments pouvant servir à la fabrication d’obus d’artillerie », à la suite d’une revue de l’ensemble des licences d’exportation vers Israël, fin octobre 2023. Une décision qui faisait suite à la signature par la France du Traité sur le commerce des Armes (TCA) en 2014. Ce traité, en effet, interdit aux États l’ayant signé d’exporter des armes ou des biens « s’[ils ont] connaissance, lors de l’autorisation » qu’ils permettraient de « commettre des attaques contre des civils ».

Un flou que le gouvernement s’efforce de reprendre à son compte en affirmant que ces transpondeurs ne serviraient que comme « composants du dôme de fer » afin d’éviter que « citoyens israéliens se prennent des roquettes sur la tête ». Le 5 avril dernier, la France s’abstenait sur une résolution des Nations unies appelant à un « embargo » sur toute arme à destination de l’État colonial.

Les révélations de Disclose jettent une nouvelle fois la lumière sur les liens étroits entretenus entre la France et Israël en matière militaire, avec 208 millions d’euros de vente d’armes en dix ans. Outre l’export des transpondeurs, Disclose avait également révélé aux côtes de Marsactu, le 26 mars dernier, la présence de composants nécessaire à la fabrication de munitions dans le port de Marseille … à destination d’Israël.

Le gouvernement utilise également le « flou » de la législation internationale pour exporter « du matériel à double usage », c’est-à-dire du matériel à visée civil mais aussi militaire, à l’image des systèmes infrarouges, qui « recouvriraient une gamme de dispositifs allant du leurrage radar à de la protection antimissile sur des avions » selon Le Monde. Selon un rapport présenté au Parlement en 2023 sur « Les exportations à double usage de la France », la France a ainsi exporté l’équivalent de 34 millions d’euros de matériel à Israël, dont 29 millions de « capteurs et lasers », susceptibles d’un usage militaire en 2022. Car l’État ne s’en cache pas « face à la complexité de la situation, on assume qu’Israël a le droit de se défendre, dans le respect du droit international ». 

On savait l’Etat Français, soutien inconditionnel de l’Etat sioniste, et prêt à toutes les offensives autoritaires sur le sol national, il convient aussi de se rappeler qu’il a du sang sur les mains dans la bande à Gaza.

Révolution Permanente

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